3000 Salers Primeurs du Cantal, « c’est jouable »

Le Gaec Duffayet (Saint-Cernin, Cantal) possède un cheptel de 120 mères salers, conduit en race pure. Le Gaec a engagé cette année 22 mâles dans la démarche Salers Primeurs du Cantal. Des animaux de l’exploitation avaient également été abattus lors des tests réalisés au printemps 2013 avec la SVA Jean Rozé. Photo: M.Ballan/Pixel image.
La filière Salers Primeurs du Cantal est née en 2013, sous l’impulsion de la section bovine de la FDSEA du Cantal. 185 jeunes mâles salers ont déjà été abattus depuis le mois de novembre. Les premiers résultats d'abattage, présentés mardi 18 février lors d’une matinée organisée par le GVA de Saint-Cernin (Cantal) chez le Gaec Duffayet, sont encourageants et doivent permettre d’inciter des éleveurs à se lancer dans la démarche.
 
Joël Piganiol, secrétaire général de la FDSEA et élu de la chambre d’agriculture du Cantal, revient sur l’histoire de la démarche entreprise avec la SVA Jean Rozé:

Le Cantal est très engagé sur le marché italien. Or, celui-ci est arrivé à saturation, et nous devons réfléchir à d’autres débouchés pour nos broutards. De leur côté, les abatteurs français sont demandeurs d’animaux pour alimenter leurs outils. Nous avons ainsi rencontré la SVA Jean Rozé dans l’objectif d’initier une démarche d’engraissement sur notre territoire.   Des tests ont eu lieu au printemps 2013 et ont démontré l’intérêt de la race salers. En particulier, le mâle salers pur donne une viande suffisamment rouge et adaptée aux attentes des consommateurs, même avec un jeune âge à l’abattage. Ces tests nous ont permis d’affiner un cahier des charges avec la SVA Jean Rozé.

Dans un département qui n’a pas "la culture de l’engraissement", il a fallu trouver le levier qui pousserait les éleveurs à s’engager. Joël Piganiol explique:

Le premier élément qui crée le déclic, c’est le prix. Nous ne pouvons convaincre et fidéliser les éleveurs que s’ils trouvent dans cette démarche une opportunité plus favorable que le marché italien. La SVA Jean Rozé l’a compris et ce principe a été mis en œuvre dans les contrats.

Prix minimum garanti

Chaque animal est payé au prix kg carcasse, selon son poids et son classement. Pour définir le prix, chaque semaine de sortie, la meilleure des cotations est prise parmi les trois suivantes:

prix plancher (€/kg carcasse): fixé chaque année, il évolue en fonction des coûts de production. Pour la saison 2013/2014, il est de 3,80 €/kg carcasse en R et 3,70 €/kg carcasse en O;
cotation hebdomadaire FranceAgriMer boucherie rendu abattoir - 0,05 € pour les frais d’approche (€/kg carcasse): sera prise la cotation française du jeune bovin viande;
cotation hebdomadaire des bovins destinés à l’engraissement + 0,15 € (€/kg vif): sera prise la cotation broutard salers de +400kg. Un rendement carcasse de 58% (rendement moyen issu des tests réalisés au printemps 2013) sera appliqué pour avoir un résultat en €/kg carcasse.
 
Ces conditions permettent de bénéficier des évolutions favorables des prix du maigre et de la viande, et une plus-value est garantie par rapport au cours du maigre (+ 0,15 €).
En cas de conjoncture défavorable, la filière est sécurisée avec un prix minimum garanti (le prix plancher).

 
En contrepartie, les éleveurs doivent répondre à un certain nombre de critères. Marie Van Simmertier, animatrice de l’association Salers Primeurs du Cantal, décrit le cahier des charges de la nouvelle filière:

Nous attendons des jeunes bovins mâles, salers purs, âgés de 13 à 17 mois, d’une conformation minimum O=, d’un poids de carcasse de 270 à 370 kg, et issus d’élevages CBPE. L’éleveur doit constituer des lots de cinq animaux minimum. La période de sortie doit être comprise entre les semaines 45 à 18 (novembre à mai).

Pour répondre aux critères du cahier des charges, les éleveurs peuvent s’appuyer sur les services de la chambre d’agriculture du Cantal. Au préalable, ils doivent réunir trois conditions essentielles, comme le rappelle Bernard Lafon, responsable du service Bovins croissance:

Ce n’est pas une production neutre sur les exploitations. Même engraisser cinq broutards, ça se réfléchit. L’animal, le bâtiment, et les stocks fourragers constituent un triptyque indissociable en engraissement.

700 animaux sont déjà en contrat

Trois opérateurs se sont engagés dans la filière: la coopérative des Éleveurs du Pays Vert, la coopérative Cémac Cobevial, et l'organisation de producteurs Elvéa. L’Association Salers Primeurs du Cantal coordonne la mise en contrat entre la SVA Jean Rozé, ces trois opérateurs, et les éleveurs (possible de passer en direct si l'éleveur n'adhère à aucune des trois structures), et gère la planification des sorties d'animaux.

Au cours de la matinée, Bernard Lafon a détaillé les résultats obtenus lors des cinq premiers abattages. Sur 185 animaux, le poids carcasse moyen s’est établi à 320 kg avec un rendement moyen proche de 58%. 5 à 6% d’animaux ont été classés U et 80% classés R. Le prix moyen payé par la SVA Jean Rozé a atteint 3,93 €/kg carcasse.
 
Martial Benoist d’Etiveaud, de la coopérative des Éleveurs du Pays Vert:

Les éleveurs qui ont gardé des mâles salers pour les engraisser ont eu tout à fait raison. En ce moment, le prix est calculé d’après le prix du broutard qui est assez haut: pour un mâle salers primeur classé R par exemple, l’éleveur touche 4,04 €/kg carcasse. Pour comparaison, un jeune bovin classé R est aujourd’hui à 3,80 €/kg carcasse. Le contrat a été extrêmement bien négocié.

Joël Piganiol conclut:

La démarche commence à apporter des résultats intéressants et 700 animaux sont déjà en contrat. Cependant, rien n’est gagné. Il faut continuer à faire fonctionner la synergie qui a été enclenchée avec les différents opérateurs, et fidéliser les éleveurs pour pérenniser la démarche. L’objectif de la SVA Jean Rozé est de 3000 animaux. Nous devons relever ce challenge qui a un intérêt pour l’éleveur et pour le collectif. Aujourd’hui, 15000 mâles salers purs naissent dans le Cantal. 3000 animaux, c’est jouable.


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