4 scenarii pour la filière lait à l'horizon 2030

À partir des 500 hypothèses étudiées, quatre scenarii d’évolution possible de la filière lait de vache à l’horizon 2030 ont été construits. Photo : A.Cotens/Pixel image
Le 30 juin dernier, le conseil spécialisé du lait de FranceAgriMer a présenté quatre scenarii possibles pour la filière à l’horizon 2030. Ces exercices de prospective donnent aux décideurs les moyens de cerner des évolutions possibles et crédibles de la filière et d’influer sur son avenir grâce à des stratégies collectives.

Ce projet avait été mis en place après la demande de Dominique Chargé, ex-président du conseil spécialisé pour les filières laitières (probablement reconduit pour un nouveau mandat) :

Le but de cet exercice est de s’affranchir de notre vision à court terme pour être capable de réfléchir à long terme. Nous devons savoir vers quoi nous voulons aller et ce que nous ne voulons pas pour le futur de la filière.

22 pros et experts réunis

Durant 2 ans, Patrick Aigrain, chef du service « évaluation, prospective, analyses transverses » et Françoise Brugière, chef de la mission prospective pour FranceAgriMer ont animé une instance de réflexion, composée de 22 professionnels et experts de la filière lait, de la recherche et de l’administration.
Ce groupe avait pour objectif d’élaborer différents scénarios afin d’anticiper les évolutions potentielles de la filière laitière en croisant différents paramètres et hypothèses, sans préjuger de leur probabilité de réalisation, ni de leur caractère souhaitable ou non.

Sur 500 hypothèses étudiées, les plus déterminantes ont été retenues pour construire quatre scénarios d’évolution possible de la filière lait de vache à l’horizon 2030.
Les scénarios ont été créés en fonction de quatre principales problématiques :
  • le contexte général, économique et réglementaire (changement climatique, attentes sociétales);
  • le contexte propre à la filière lait de vache (épizooties, mouvement anti-lait);
  • les acteurs de la filière (relations et rapports de force, modèles capitalistiques);
  • les marchés et produits (niveau de production et prix, évolution de la consommation ).

Quatre scenarii pour construire un avenir partagé

1. « Lait high tech et démondialisation »
La crise économique incite au développement autarcique et au ralentissement des échanges internationaux qui se limitent à un marché mondial de poudre de lait de haute technologie, dans lequel l’industrie française est bien placée.
En France, en complément de grandes exploitations combinant achats d’aliment, automatisation et salariat, les pouvoirs publics soutiennent des exploitations familiales pour peupler les territoires.
 
2. « La spirale concurrentielle »
La ferme des 1000 vaches est devenue la norme et le secteur laitier est concentré dans les pays tempérés sous l’effet du changement climatique. Pouvoir d’achat et renforcement du discours anti-lait entrainent une baisse de la consommation laitière européenne, compensée par une progression de la demande laitière dans les pays émergents. 
Pour amortir leurs investissements, les industriels, en surcapacité, se tournent vers le grand export et baissent leurs prix jusqu’à atteindre des marges quasi nulles. Les entreprises «survivantes» finissent par conclure une entente tacite de type oligopolistique au niveau mondial.
 
3. « Une filière conquérante et régulée »
La production de lait standard est assurée par des fermes spécialisées employant des salariés et le reste de la marge est réalisé par des exploitations familiales aidées pour la production de produits plus typés. Les IAA laitières françaises s’implantent dans les pays émergents pour profiter des nouveaux bassins de consommation.
En France, elles intègrent la distribution jusqu’au consommateur. Les producteurs sont de mieux en mieux organisés et les prix sont bien maîtrisés grâce à une interprofession efficace et régulatrice.
 
4. « Le défi de la régression »
La consommation de produits laitiers est en recul sous les pressions environnementale, sociétale et sanitaire. Dans un climat d’incertitude et d’aléas liés au changement climatique, confrontées à la chute des cours, les OP préfèrent réduire la production tout en cherchant des gisements de valeur ajoutée.
L’autonomie fourragère se développe et la production provient principalement d’exploitations intensives en main-d’œuvre et/ou multispécialisées.

Et maintenant ?

Encore aucune décision n’a pu être prise par rapport à ces 4 scenarii possibles. Il appartient au conseil spécialisé pour la filière laitière de se prononcer et d’actionner si nécessaire les leviers pour les éviter ou au contraire favoriser leur apparition. Dominique Chargé l’appuie :

Le futur dépend de la volonté des acteurs de la filière. Nous connaissons et avons défini l’ensemble des paramètres qui influe sur notre futur. Grace à ces scenarii, nous pouvons bâtir des stratégies de filière à long terme.


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