5 mois de pâturage seul avec robot, c’est possible

La conduite mise en place avec deux paddocks par 24h a permis aux vaches de circuler librement entre le robot de traite mobile et les pâtures. Photo : D. Bodiou/ Pixel Image
Faire pâturer les vaches pendant plus de 5 mois avec un robot de traite est possible, sans apporter de fourrages à l’auge, avec peu de concentrés, et en limitant le travail d’astreinte. Telle est la conclusion d’une étude menée à la ferme expérimentale de Trévarez, station des chambres d’agriculture de Bretagne dédiée aux vaches laitières.

Pour la première fois en 2014, la ferme a installé son robot de traite mobile en position estivale et testé la combinaison pâturage seul /traite robotisée sur l’ensemble de la saison.
La plateforme expérimentale (comprenant un robot DeLaval classique et un tank à lait montés sur remorques, une aire d’attente stabilisée et un silo d’aliment) a été installée du 13 mai au 21 octobre sur un site de 22 ha en herbe, permettant d’offrir entre 40 et 60 ares pâturés par vache.
La surface était divisée en 27 paddocks de 0,7 à 1 ha. Le pâturage était de type tournant, avec fil avant dans chaque paddock.

La conduite mise en place avait pour objectif de faire circuler les vaches d’elles-mêmes, en les attirant au robot grâce à l’herbe pâturée. Les 46 vaches ont ainsi eu accès à deux paddocks par 24h. Le fil avant était avancé quotidiennement dans chaque paddock, en fin de journée pour le paddock de jour et dans l’après-midi pour le paddock de nuit. Les changements de paddock étaient gérés automatiquement par la porte de tri en sortie de l’aire d’attente et avaient lieu à 7h et 17h. Seules les vaches traites pouvaient accéder à la nouvelle parcelle avec de l’herbe fraîche.

Les vaches ont ainsi été nourries avec du pâturage seul pendant 161 jours, soit un peu plus de 5 mois. Elles ont été complémentées avec 0,7 kg/jour de concentré énergétique au robot en moyenne.

Production et fréquence de traite satisfaisantes

D’après les observations, après le transfert des animaux sur le site, plusieurs semaines ont été nécessaires pour atteindre un rythme de croisière. Les premiers jours, la fréquence de traite était de 1,5 traite/vache/jour. Après trois semaines, elle s’est stabilisée autour de 1,8 traite/vache/jour (contre 1,9 en situation de pâturage de jour sur le site hivernal). Valérie Brocard, de l’Institut de l’élevage explique :

Cette fréquence de traite est satisfaisante, et comparable aux résultats obtenus dans d’autres pays. Elle est cependant très sensible à la météo : les jours de pluie, les animaux restent abrités derrière les haies et reviennent difficilement au robot.

Quant à la distance entre le robot et les parcelles (jusqu’à 700m pour les parcelles les plus éloignées), elle n’a pas eu d’impact sur la fréquence de traite.
 
Avec cette conduite sur le site estival, la production laitière s’est élevée en moyenne à 18,6 kg/vache/jour (contre 23,2 kg en situation de pâturage de jour sur le site hivernal), avec un TB de 40,3 g/l et un TP de 32 g/l, pour un stade moyen de lactation de 6,5 mois.
 
Autre constat : la conduite mise en place avec deux paddocks par 24h a permis une libre circulation des vaches entre le robot de traite mobile et les pâtures, et les interventions humaines n’étaient pas systématiques. Ces interventions étaient surtout liées à l’organisation du travail : les vaches ont été poussées dans l’aire d’attente s’il restait encore quelques retardataires au moment de l’avancement du fil avant.
Sur l’ensemble de la saison de pâturage, des interventions humaines ont été nécessaires environ un jour sur deux.

Un coût alimentaire de 15 €/1000 l

Durant les cinq mois de pâturage, le coût alimentaire a été de 15 €/1000 l, contre 62 €/1000 l en situation de pâturage de jour sur le site hivernal. Malgré la baisse de productivité, le passage d’une ration « pâturage de jour » à une ration « pâturage seul » avec le robot a donc permis de réduire le coût alimentaire de 47 €/1000 l.

Grâce aux conditions climatiques et à la bonne pousse de l’herbe, la conduite mise en place en 2014 a permis de valoriser 2,7 t MS d’herbe pâturée par vache, contre 1 t MS dans les élevages bretons équipés de robot de traite.

Enfin, pour les responsables de l’expérimentation, le système à deux paddocks (jour et nuit), a donné satisfaction en termes de temps de travail. Valérie Brocard précise :

On a cependant remarqué la disparition des traites de nuit et la création de deux vagues d’arrivée des vaches au robot, aux horaires de changement de paddock à 7 h et 17 h. Pour certaines vaches, cela se traduisait par des intervalles de traites longs et irréguliers, et des temps d’attente au robot de 2h30 en moyenne, préjudiciables au bien-être animal, aux pattes, et au temps disponible pour pâturer.

Un système à 3 paddocks par 24h a donc été mis en place en 2015 pour stimuler le retour des vaches au robot en début de nuit, gommer une partie des pics de fréquentation et réduire les temps d’attente individuels au robot.

Performances technico-économiques du troupeau selon les périodes de l’année en 2014
Période Hiver Pâturage de jour site hivernal Pâturage jour et nuit site estival Pâturage de jour site hivernal
Dates 22/12/13 au 23/3/14 24/3 au 12/5 13/5 au 21/10 22/10 au 7/12
Nombre de vaches 45 52 46 39
Stade moyen de lactation (mois) 3,7 4,3 6,5 4,3
Production laitière (kg/vache/jour) 22,2 23,2 18,6 19,5
Fréquence de traite (/vache/jour) 2,4 1,9 1,8 2,3
Lait produit par la stalle (kg/jour) 1002 1195 867 759
Coût alimentaire (/1000l) 83€ 62€ 15€ 72€
 
Lire aussi :
Le robot de traite mobile testé à Trévarez
Maintenir le pâturage avec un robot de traite
Concilier traite robotisée et pâturage

Cultures fourragères

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15