Arrêter le lait pour les céréales est-il opportun?

Avec la réforme de la Pac, le revenu des exploitations céréalières est amené à diminuer dans les années à venir. Photo : N. Chemineau/Pixel image

L’évolution démographique agricole en France s’accompagne d’une baisse annuelle de 3,5% du nombre d’exploitations laitières. En parallèle, un phénomène de déprise est constaté dans les zones intermédiaires de polyculture élevage, notamment dans le Sud-Ouest, les Pays de la Loire ou en Bourgogne, avec jusqu’à 10% d’exploitations en moins ces dernières années selon les territoires.

Ces abandons de l’activité laitière impliquent à la fois des facteurs économiques, sociétaux et d’organisation du travail, explique Olivier Perret, responsable technique consultant à Cogedis-Fidéor. La baisse du revenu brut en lait, conséquence d’un accroissement des coûts de production et d’un prix du lait payé au producteur en stagnation, incite de plus en plus d’éleveurs à se tourner vers la production de céréales, plus rémunératrice ces dernières années. La céréaliculture est également jugée moins contraignante en termes de travail et bénéficie, aux yeux des agriculteurs, d’une meilleure image que l’élevage laitier.

Licenciement de la moitié du personnel

Cette reconversion n’est pas pour autant la solution miracle d'un point de vue économique, selon Olivier Perret. D’une part, parce que la réforme de la Pac change la donne.

Cette réforme va se traduire, pour un céréalier, par une baisse de 25 à 50% des aides européennes, soutiens qui représentent entre 60 et 80%  des revenus selon les rendements, l'efficacité technique et les prix des céréales. Le revenu des exploitations céréalières est amené à diminuer dans les années à venir.

D’autre part, l’éleveur laitier en reconversion conserve les charges de structure liées à l’atelier lait, tout en multipliant les investissements dans un nouveau système.

Son coût de production en céréales, de l’ordre de 200 €/t voire plus, ne peut permettre une efficacité économique au départ.

Olivier Perret conseille donc de poser les chiffres avant toute décision de reconversion, et il met en garde contre le coût humain d'une telle décision.

La  cessation laitière n’a d’intérêt économique que si le prix des céréales atteint 180 €/t  et si l’exploitation atteint la taille critique de 250 ha en moyenne, afin d’amortir le parc matériel et les investissements. Une conversion aux céréales équivaut à établir un plan de licenciement de la moitié du personnel. On passe ainsi de 4 UTH en système laitier à 2 UTH en système céréalier.

Embellie du marché laitier

À ces pré-requis économiques s’ajoutent bien sûr le potentiel agronomique des sols et la compétence en conduite des cultures.

Aux éleveurs laitiers s'interrogeant sur la poursuite de leur activité, Olivier Perret rappelle qu’il existe des opportunités de croissance (dans un contexte d’embellie du marché laitier), mais aussi des opportunités d’optimisation des marges.
Parmi les leviers à actionner, il cite en exemple le travail sur le renouvellement et la longévité du troupeau, l’efficacité alimentaire et l’optimisation des charges de structure (foncier, bâtiments) via la saturation des outils de travail.

Et vous éleveurs laitiers, qu'en pensez-vous ? Pensez-vous à devenir céréalier un peu, beaucoup... ou pas du tout ?

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