Aucune amélioration pour les cours de la viande bovine

Le marché de la viande des gros bovins peine à s’améliorer. CP : mehmet/Adobe Stock
Huit semaines après le début du confinement qui a entraîné un profond changement des habitudes de consommation, l’Idele dresse le bilan de la situation actuelle. Si les cours des broutards se maintiennent, ceux de bovins plus âgés sont plus à la peine. 

Aucune amélioration notable sur le marché de la viande bovine en France. Concernant les vaches allaitantes, les cours des prix plafonnent tant pour la vache de type U (4,37 €/kgéc) que pour celle de type R (3,72€/kgec). La baisse enregistrée d’une année sur l’autre montre un recul du prix de 2 % pour le type U et de 3 % pour la R. En revanche, une revalorisation des vaches les moins conformées est à noter. La vache de type O s’établit à 2,98 €/kgéc, et reprend ainsi 7 cts même si elle reste inférieure à 26 cts par rapport à 2019. La vache de type P est aujourd’hui cotée à 2,72 €/kgéc, soit 6 cts de plus que les semaines passées mais reste inférieure à 16 cts par rapport à 2019.  

Des abattages nuancés

Concernant les abattages, sur l’ensemble des semaines 14 à 18, les abattages de réformes laitières étaient en légère hausse – + 3 % par rapport à 2019 – alors que les abattages de réformes allaitantes ont reculé de 6 %.

« Le marché des femelles reste lourd malgré une offre allaitante qui a largement baissé, reconnaît Philippe Chotteau, chef du département économie à l’Institut de l’élevage. Ces chiffres reflètent les achats des ménages. En effet, la part des hachés est devenue prépondérante en grandes surfaces grâce à un transfert de la restauration hors domicile – RHD – vers le domicile. Ce transfert s’est fait largement en faveur du burger et moins des pièces nobles à griller. Aujourd’hui, nous avons une partie des aloyaux qui est actuellement congelée faute de demande, ce qui pose un problème de valorisation sur le marché français. »

Les jeunes bovins perdent encore

Du côté des jeunes bovins, les cotations ont davantage baissé pour les animaux de type allaitants. Le JB U a encore perdu et se trouve à 3,84 €/kgéc, soit 3 % de moins qu’en 2019. Le JB R repart également à la baisse avec un prix de 3,65 €/kgéc (-3 % par rapport à 2019). Seul le JB O regagne 4 centimes et s’établit à 3,20 €/kgéc, mais reste encore en recul de 3 % en comparaison à l’année passée. L’offre de JB reste en très net recul, puisque depuis le début du confinement, les abattages de JB viande ont reculé de 7 % par rapport à 2019 . Le JB lait, quant à lui, a reculé de 19 %. 

Un retard d'abattage

Grâce à des données d’Interbev et à l’outil de modélisation Modémo, l’Idele estime, en cumulé depuis la semaine 11, un retard d’abattage de 9 000 têtes par rapport aux sorties normales.

« Ce chiffre représente plus ou moins quatre jours d’abattage de retard. Ce retard d’abattage de jeunes bovins allaitants n’est pas considérable mais a tendance à grossir d’une semaine à l’autre et pourrait devenir inquiétant », émet Philippe Chotteau. 

 

L'Italie importe des jeunes bovins

Les autres pays de l’Union européenne sont également impactés de manière significative. L’Italie, par exemple a dû faire face, dans un premier temps, à une explosion des ventes de viande rouge en grandes surfaces, avec une augmentation qui a perduré mais qui tend désormais à diminuer semaine après semaine. La consommation reste néanmoins dynamique et la demande pour les jeunes bovins et les génisses abattus en Italie, très souvent d’origine française, est bonne. 

« En revanche, d’après les opérateurs italiens, il y a de plus en plus de viande de jeunes bovins importée comme des globes français et irlandais à des prix plus compétitifs que ceux italiens, indique le chef du département économie. Par conséquent, certains abattoirs italiens disent avoir dû réduire leurs abattages pour faire face à ces importations, mais aussi par manque de commandes. »

Les abattages de vaches de réforme restent, quant à eux, extrêmement bas faute de débouchés pour ce type de viande avec la fermeture de la RHD. 
 

Les cours plongent en Allemagne

En Allemagne, les marchés de la vache et du JB continuent de plonger. Le marché du JB a reperdu 8 cts en l’espace d’une semaine. Le JB R arrive à 3,37 €/kgéc, soit 5 % de moins qu’en 2019, et la vache de type O s’établit à 2,21 €/kgéc, soit une perte de 11 cts en une semaine et un prix 16 % inférieur à 2019. La consommation de bœuf en Allemagne se fait essentiellement en RHD, soit en charcuterie de mélange avec le porc, et la demande des abattoirs reste atone. Le pays mise maintenant sur le déconfinement pour que les cours retrouvent des couleurs lors de la réouverture très progressive de la RHD. 

Situation compliquée en Pologne

En Pologne, la situation est dramatique tant pour la vache que pour les jeunes bovins. Les abattages sont toujours entre 50 et 60 % de la capacité des abattoirs. « Le pays n’exporte plus beaucoup et a mis en place du stockage sur pied », explique Philippe Chotteau. De ce fait, les prix sont extrêmement dégradés, la vache O arrive à 2,32 €/kgéc, soit 12 % de moins que l’année passée et 22 % de moins qu’en 2018. Le JB O cote à 2,66 €/kgéc, soit 10 % de moins qu’en 2019, et la génisse R arrive à 2,90 €/kgéc, elle est également inférieure de 10 % par rapport à l’année passée. 

Des abattages en retrait de 20 % en Irlande

L’Irlande suit le même schéma que la Pologne, puisqu'elle exporte elle aussi plus de 80 % de sa production de viande. En semaine 18, le ralentissement de l’activité des abattoirs se poursuit. Sur les quatre dernières semaines (15 à 18), les abattages de gros bovins sont en retrait de 20 % par rapport à 2019.

« Cette situation n’est pas encore dramatique, puisque les gros bovins sont en ce moment à l’herbe et peuvent rester aux herbages, précise Philippe Chotteau. Aujourd’hui, le stockage sur pieds ne pose aucun problème, mais cela pourra le devenir en fonction de la tournure que prendront les évènements. »

Par ailleurs, la cotation de la vache O a perdu 2 cts à 2,49 €/kgéc, soit 11 % de moins par rapport à 2019 et 26 % de moins par rapport à l’année 2018. Les cours du bœuf R étaient en recul de 14 cts la semaine dernière et s'établissent à 3,40 €/kgéc, soit 8 % de moins qu’en 2019. 

Achat de burgers en hausse au Royaume-Uni

Un peu plus à l’Est, au Royaume-Uni, les cours se stabilisent un peu mieux que dans les pays voisins, tout en restant à des niveaux extrêmement bas. Par exemple, la vache O est à l’équivalent de 2,70 €/kgéc. La fermeture de la RHD commence à peser sur les marchés, puisque certaines pièces – comme les aloyaux – ne sont pas valorisées. Les achats de burgers sont en très forte hausse alors que les ventes de steaks, de grillades et de rôtis diminuent. 

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