Bovins vifs : le Moyen-Orient comme nouveau débouché ?

De nouveaux débouchés pour les bovins vifs au Moyen-Orient ? CP : H.Grare/Terroir Est
En 2019, la France et les pays de l’Union européenne ont continué d’exporter des animaux vivants vers l'Europe et vers les pays tiers. Désormais, les destinations se diversifient dans les pays du Moyen-Orient.  

Le commerce de bovins vivants est en croissance régulière : en 2019, 5,3 millions ont été exportés par les pays membres de l’Union européenne, soit 13 % de plus par rapport à 2012. Sur ces 5,3 millions, un million a été exporté vers les pays tiers, soit une augmentation de 49 % depuis 2012. 

Le broutard franco-italien

En France, le broutard de plus de 300 kg « type Italie » reste le plus exporté, avec 800 000 têtes en 2019. En effet, 55 % des exportations vivantes françaises concernent ces broutards qui pèsent de 350 à 500 kg et qui s’exportent, dans un premier temps, vers l’Italie puis, dans un second temps, vers l’Espagne.
Ces animaux, spécifiques à ce flux d’échanges, n’ont pas d’équivalent dans le monde. Cette situation s'avère à la fois positive (parce qu'il n’y a pas de concurrence) , et négative (car il n’y a pas ou peu de demandes en dehors de l’Italie). Les exportations d’animaux vivants de plus de 300 kg par les pays de l’Union européenne représentent seulement 7 % des bêtes exportées.

La France, faible exportateur vers les pays tiers

La France et l’Allemagne sont des exportateurs importants intra-UE, mais ne le sont pas vers les pays tiers. Les deux plus gros exportateurs de bovins vers ces pays sont l’Espagne, avec 193 000 têtes en 2019, soit + 120 % par rapport à 2012, et la Roumanie, avec 141 000 têtes en 2019, ce qui représente une hausse de 80 % par rapport à 2012.

« Ces pays arrivent à se positionner sur d’autres critères par rapport à la France et à l’Allemagne, explique Germain Milet, chef de projet conjoncture viande bovine à l’Institut de l'élevage. La France n’a représenté que 12 % des exportations européennes vers les pays tiers en 2019. »

Derrière ces chiffres se cache en réalité une complexité de logistique. Exporter des animaux entre la France, l’Italie et l’Espagne est relativement simple, avec des prix de transport autour de 100 à 150 €/tonne vive. Pour exporter des animaux vivants plus loin, la logistique se complique et le coût de transport augmente très vite. Il atteint 300 à 400 €/ tonne vive pour les pays du Maghreb et 400 à 500 €/ tonne vive pour ceux du Proche-Orient.

« Cette logistique complexe à un impact sur les types d’animaux exportés vers les pays tiers, indique Germain Milet. À la différence des flux intra-UE, pratiquement 50 % des animaux exportés par l’Europe vers les pays tiers sont soit des reproducteurs, soit des bovins finis. Ce sont des animaux qui ont une très forte valeur individuelle. Une part plus importante d’argent peut donc être consacrée au transport. » 

Concurrence entre l'UE, l'Amérique du Sud et l'Australie

Ces animaux se dirigent très souvent vers le premier bassin importateur de bovins vivants au monde, le pourtour méditerranéen, qui a importé en 2019 environ 1,7 million de têtes, dont 800 000 proviennent de l’Union européenne. 
En revanche, la concurrence reste forte notamment avec l'Amérique du Sud et l’Australie. Cette situation s’explique par des animaux brésiliens (1,90 €/kg fob) et uruguayens (2,36€/kg fob) moins chers que les animaux européens, en moyenne à 3,20 €/kg fob pour les broutards européens. À noter que les animaux brésiliens et uruguayens sont aussi plus légers, entre 250 et 270 kg. 

« Les animaux européens arrivent à concurrencer les sud-américains grâce à la logistique, indique le chef de projet. Nous sommes plus chers de pratiquement 1 € au départ, mais le voyage est beaucoup plus court. Notre prix est donc bien plus faible pour nos animaux, ce qui nous permet de rester dans la course. Cette différence se réalise sur les prix mais aussi sur la qualité et sur les types d’animaux recherchés par les opérateurs. Les Turcs, par exemple, déplorent fortement de ne plus pouvoir accéder depuis quelques années à certains animaux européens de qualité supérieure à ceux d’Amérique du Sud. »  

Le Moyen-Orient : de nouveaux pays à conquérir ?

Un peu plus à l’Est, vers le Moyen-Orient, entre 25 000 et 45 000 broutards, des reproducteurs et des animaux finis, sont exportés chaque année.
Depuis quelques années, les destinations se sont diversifiées avec des ouvertures vers l’Iran, vers le Koweït et vers le Qatar. Aucune augmentation du nombre d’animaux exportés n'a été constatée, mais la diversification des destinations devient un point important. 

« Nous observons le même phénomène pour les ovins, ce qui facilite les exportations de bovins, raconte Germain Milet. En effet, les bateaux peuvent être remplis des deux types d’animaux , ce qui assure un remplissage complet des embarcations. À la clé, une bonne maîtrise des coûts logistiques et un renforcement des relations commerciales. » 

Dans les années à venir, des exportations de bovins, dans le sillage des ovins, pourraient se développer vers le Moyen-Orient.
En résumé, la demande reste difficile à saisir, mais une augmentation de la consommation dans les pays en développement, générant une hausse de la demande durable, est à noter. 

À lire également, d'autres articles issus des conférences sur les marchés mondiaux de la viande proposées par l'Idele : 
- Des tensions commerciales déjà palpables avant le Covid-19
- Comment le Covid-19 a-t-il chamboulé le marché de la viande en Europe ? 
- Italie : une perte de valeur estimée à 113 € par tête en jeune bovin
- L'Espagne poursuit sa croissance des exportations vers les pays tiers

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