Comment augmenter la production laitière de 18 % ?

Près de 750 troupeaux pourraient compter plus de 150 vaches en 2020 alors qu'ils n'étaient que 128 au 1er janvier 2015. Photo: N. Tiers/Pixel Image
Produire 6 milliards de litres de lait en Bretagne à l'horizon 2020: voilà l'objectif de la filière laitière bretonne suite à une réflexion prospective sur le bassin laitier du Grand Ouest. Cela représente une augmentation de 18% par rapport à 2013.

À l'occasion de la journée Cerel le 25 juin à Rennes, Rémi Espinasse, responsable du pôle herbivores des chambres d'agriculture de Bretagne, commente:

"Ce challenge semble possible dans un contexte où les marchés sont en développement et où les industriels sont prêts à relever le défi. La qualité du lait produit en Bretagne est reconnue. Le contexte pédoclimatique favorable et le prix du foncier maîtrisé permettent un coût de production compatible avec les marchés, internationaux notamment."

Les projections démographiques montrent que la Bretagne pourrait compter 9 000 exploitations laitières en 2020, avec une production moyenne de 665 000 litres sur une centaine d'hectares
avec 90 vaches. Cela représente une augmentation des livraisons par exploitation de près de 40 000 litres/an sur sept ans, soit plus du double de l'augmentation observée ces sept dernières années.

La classe la plus représentée serait celle des troupeaux de 60 à 90 vaches. Près de 750 troupeaux pourraient compter plus de 150 vaches alors qu'ils n'étaient que 128 au 1er janvier 2015.

350 000 litres de lait par Uta

Atteindre un tel objectif demandera de la main-d'oeuvre. Afin de maintenir 16 000 unités de travail annuel familial (Utaf), soit 1,8 Utaf/exploitation, une importante dynamique d'installations est nécessaire: 400 par an alors que 292 installations aidées ont été recensées en 2014. Il faudra aussi compter sur l'augmentation de la main-d'oeuvre salariée afin d'atteindre 1 200 Uta salariées.

La productivité du travail serait alors de 350 000 litres par Uta, un niveau comparable à celui observé dans d'autres bassins laitiers: 380 000 litres/Uta aux Pays-Bas en 2012 par exemple.

Les exploitations laitières bretonnes devraient donc se spécialiser davantage, et abandonner certains ateliers complémentaires (viande bovine, porc, volaille), notamment dans le cas d'une main-d'œuvre réduite (exploitation familiale ou unipersonnelle avec un salarié). L'arrêt de ces ateliers complémentaires donnera par ailleurs des marges de manœuvre en termes de pression environnementale, et de ressources fourragères pour l'atelier lait en développement.

Recours aux concentrés raisonné

Pour répondre aux besoins alimentaires du troupeau, les éleveurs bretons pourront aussi compter sur une place relativement importante des cultures de vente dans leurs exploitations, qu'ils pourront remplacer par des cultures fourragères. Le recours aux concentrés devra rester raisonné pour ne pas pénaliser le résultat économique.
En effet, au-delà de l'apport nécessaire pour équilibrer la ration de base, l'efficacité du concentré est faible: moins d'un litre de lait par kilo de concentré distribué.

Le niveau de production par vache va continuer à évoluer, mais d'après l'Institut de l'élevage, la prise en compte de nouveaux caractères fonctionnels va entraîner un ralentissement dans le progrès génétique sur la production. Aujourd'hui, la part d'exploitations livrant régulièrement plus de 8 000 litres de lait par vache est faible: dans une étude réalisée avec Cerfrance Bretagne, elles sont près d'un tiers chaque année, mais seulement 13% à maintenir ce niveau trois ans de suite. Parmi elles, celles qui dégagent le plus de revenu par Utaf distribuent moins de 1 500 kg de concentrés par vache et par an.

Le niveau de revenu reste un élément fondamental de l'attractivité du métier. Si l'augmentation de la dimension de l'exploitation ouvre des perspectives en termes de revenu, le revenu par Uta se détermine par la combinaison de la productivité du travail (litres de lait/UTH) et de l'efficacité économique du système (EBE/litre de lait).
Une étude réalisée par le pôle herbivores en collaboration avec Cerfrance Bretagne a montré que l'augmentation du volume de lait par UTH ne garantit pas forcément un revenu supplémentaire.

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