Avec d'autres confrères éleveurs, Hervé Léal a effectué différents voyages d'études en Angleterre et en Nouvelle-Zélande. De là est née la volonté de tester le croisement laitier.
Isabelle Pailler, conseillère élevage à la chambre d’agriculture du Finistère, explique :
Les éleveurs du groupe ont des pratiques assez radicales : maximisation du pâturage, vêlages groupés sur une ou deux périodes, monotraite toute l’année pour certains, une partie de l’année pour d’autres, recours à des vaches nourrices pour 13 d’entre eux. Leurs objectifs de sélection sont adaptés à un système herbager « low cost ». Ils recherchent des animaux fertiles, capables de faire le yo-yo, avec de bonnes pattes, une bonne production de matière utile, qui s’adaptent bien à la monotraite et qui permettent de limiter les interventions sanitaires.
Ils jouent sur la complémentarité entre les races. Les choix de croisement diffèrent selon la stratégie, mais le croisement le plus répandu reste holstein x jersiaise x rouge scandinave. Ça donne une vache petite, fertile, qui consomme beaucoup d’herbe.
Les frais vétérinaires sont réduits (12 euros/1000l) et le coût alimentaire faible (46 euros/1000l). L’efficacité économique est au rendez-vous avec, en moyenne, 45 % d’EBE sur produit brut et une marge brute de 409 euros/1000l (exercice 2014/2015). Encouragés par ces résultats, les éleveurs vont poursuivre les croisements.
Se réapproprier la sélection
Installé dans le nord du Finistère, Hervé Léal exploite 66ha et produit 400 000 l de lait avec 68 vaches laitières qui produisent en moyenne 5 800 l/V/an à 33,8 de TP et 43,2 de TB. Ses vaches pâturent onze mois sur douze, et l’éleveur leur donne peu de concentrés.Hervé Léal a débuté les croisements fin 2009, uniquement sur la moitié du troupeau. Il a opté pour le croisement trois voies : Holstein x Rouge suédoise x Montbéliarde. Les premières F1 ont fini leur 1re lactation en juin 2013, les 1res G2 en juin 2016.
L'éleveur est satisfait :
Les F1 sont meilleures que leurs contemporaines. Elles présentent de très bons taux, un bon niveau de production, une mamelle fonctionnelle, et une bonne facilité de vêlage. Ça laisse présager de bonnes performances.
Hervé Léal confie :
Croiser c’est aussi pour moi se réapproprier la sélection et le plan d’accouplement. En race pure je commençais à perdre pied. Le croisement est un processus long, il ne faut pas se décourager. J’ai perdu du temps car j’ai pratiqué le croisement sur seulement la moitié de mon troupeau, et le sex-ratio n’était pas bon au début.
À lire aussi
Le croisement bovin laitier reste très minoritaire
Des croisés qui répondent à la demande du marché
L'impact environnemental réduit par l'insémination