Deux prairies "idéales" en pâture et fauche bio

Dans un essai qui a duré 4 ans (2009-2012), six prairies multi-espèces ont été testées en grandes parcelles de 160 m2 et pâturées par 21 vaches limousines et leurs veaux. Photo P. Pelletier Arvalis
Depuis 2000, avec sa conversion partielle à l'agriculture biologique, la Ferme expérimentale des Bordes dans l'Indre a conduit des essais afin d'évaluer les prairies multi-espèces pour une utilisation en fauche ou en pâturage. Un des objectifs était l'introduction de légumineuses afin de gagner en autonomie protéique.

Contrairement à une prairie d’association (une graminée + une légumineuse), une prairie multi-espèces comprend au minimum trois espèces issues de deux familles différentes (graminées, légumineuses) ; et jusqu’à 5-6 voire 10 espèces.

Trois espèces incontournables

Trois essais, conduits sur 11 années au total, permettent de préconiser une prairie multi-espèces très bien adaptée pour la fauche (ou 2 fauches puis 1-2 pâturages), pour une durée de 4 à 5 ans, et pour des sols sains ou drainés de la zone herbagère du nord du Massif Central (Centre, Limousin, Auvergne, Bourgogne, Poitou-Charentes).
Espèces             Type variétal        Dose (kg/ha)
Dactyle                    Tardif                4
Fétuque élevée        Tardive à feuilles souples                5
RGA      Diploïde tardif ou demi-tardif                5
Luzerne (inoculée au semis)        Type Nord, dormance 4-5               10
Trèfle violet                  Diploïde                5
Source : Arvalis-Institut du végétal – OIER des Bordes

Pascale Pelletier, ingénieur régional fourrages à Arvalis-Institut du végétal à la Ferme des Bordes, souligne :

Les trois espèces dactyle, luzerne et trèfle violet sont incontournables dans le contexte du nord du Massif Central. Elles assurent des gains de productivité importants dans les prairies de fauche. En situation à potentiel limité et/ou en conditions climatiques difficiles, les prairies multi-espèces sont plus performantes que les associations.

En moyenne dans les 2 premiers essais de 3 ans chacun (2000-2002 et 2003-2005), cette prairie arrive en tête avec 10,3 tonnes/ha de MS (matière sèche) et 1,37 tonne/ha de MAT (matières azotées totales).

Dans le troisième essai de 5 ans (2009-2013), elle arrive à nouveau en tête avec une production moyenne de 7,9 tonnes/ha de MS, et en deuxième position avec 0,93 tonne/ha de MAT.

Dans le système limousin naisseur-engraisseur bio avec production de bœufs de la Ferme des Bordes, les prairies multi-espèces ont représenté en moyenne sur 12 ans (2002 – 2013), 44% des stocks récoltés en tonnage de MS (enrubanné et foin) alors qu’elles ne représentent que 20 à 25% de la surface en herbe. Leur importance dans l’autonomie alimentaire de l’exploitation est donc indiscutable.

Des périodes de sécheresse

Par ailleurs, dans un essai "pâture" qui a duré 4 ans (2009-2012), six prairies multi-espèces, comptant entre 3 et 7 espèces, ont été testées en grandes parcelles de 160 m2. Le pâturage était assuré par 21 vaches limousines et leurs veaux, en trois cycles : début mai / entre début juillet et mi-août / entre mi-septembre et mi-novembre.

Cet essai a permis d'aboutir aux préconisations suivantes pour les prairies à dominante pâture (ou mixte pâture + 1 fauche), pour une durée de 4 ans au minimum, sur des sols non assainis mais pas trop humides, et toujours pour la zone herbagère du nord du Massif Central.
Espèces              Type variétal       Dose (kg/ha)
Ray-grass anglais
Ray-grass anglais
              Diploïde tardif
            Tétraploïde tardif
               6
               8
Fétuque élevée        Tardive à feuilles souples                3
Dactyle                     Tardif                3
Trèfle blanc        Mélange de 2 variétés à
    agressivité forte et moyenne
               3
Lotier corniculé        Résistant à la sécheresse                3
Source : Arvalis-Institut du végétal – OIER des Bordes

Cette prairie est un bon compromis entre rendement et valeur énergétique : en moyenne sur 4 ans (dont 3 années sèches), la production a été de 4,8 tMS/ha et la valeur alimentaire de 0,86 UFL/kg MS.

Pascale Pelletier, nuance néanmoins :

Les résultats sont plus difficilement interprétables dans les essais pâture que dans les essais fauche ; les préconisations sont à prendre avec plus de précaution. Dans cet essai en particulier, les animaux avaient le choix entre les mélanges, et nous avons observé des différences de comportement selon les mélanges. En outre, cet essai a subi plusieurs périodes de sécheresse, ce qui explique des résultats moins bons que dans les essais précédents.

Lire aussi :
Les prairies multi-espèces vont se développer
Faire durer les prairies temporaires
Dactyle, luzerne et trèfle violet : le trio de base pour des prairies multi-espèces à dominante fauche du nord du Massif Central.
 

Cultures fourragères

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15