Du boeuf aux hormones bientôt en Europe ?

"Il est inadmissible que cette négociation se déroule sans qu'aucun parlementaire n'en connaisse le contenu" a déclaré Dominique Langlois, président d'Interbev, lors de la conférence de presse du 20 mai. Photo : N.Tiers/Pixel image.
À quelques jours des élections européennes, les professionnels de la viande bovine ont fait part de leurs inquiétudes vis-à-vis des accords de libre-échange entre l'Union européenne d'une part, le Canada, les États-Unis et les pays du Mercosur d'autre part. Ceci via une conférence de presse organisée par Interbev le 20 mai. Dominique Langlois, président d'Interbev, a affirmé:

La Commission européenne négocie dans le plus grand secret, la plus grande opacité. On ne sait rien mais en extrapolant les 65 000 tonnes exonérées de droits de douane obtenues par le Canada, on peut imaginer qu'avec les États-Unis et le Mercosur, ce sont entre 300 000 et 600 000 tonnes de viande bovine qui arriveront sur le marché européen.

La consommation européenne de viande bovine étant estimée à 7,8 millions de tonnes, ces contingents sont estimés "considérables" par Interbev, d'autant plus qu'il s'agirait de morceaux haut de gamme ; un segment qui représenterait 750 000 tonnes en UE, issues de l'élevage des races à viande. Dominique Langlois souligne :

Nous ne sommes pas contre le libre-échange. Mais pas à n'importe quel prix. Car les normes de production dans ces pays sont très différentes des normes européennes, les plus strictes au monde. Le combat de la compétitivité est donc perdu d'avance.

Grande naïveté

Dans les feedlots américains notamment, parcs d'engraissement pouvant contenir jusqu'à 100 000 bêtes, et où se concentrent les deux tiers de la production de viande bovine américaine, le régime des bovins est composé de maïs OGM, farines animales, hormones de croissance et antibiotiques utilisés comme activateurs de croissance. La réglementation européenne en matière d'étiquetage de la viande bovine étant encore incomplète sur l'étape de la transformation, ces viandes pourraient être vendues en Europe avec la mention UE.

Jean-Pierre Fleury, président de la FNB, précise :

Il faut être d'une grande naïveté pour croire que les États-Unis adopteront les normes de production européennes.

Christian Le Lann, président de la boucherie artisanale, de son côté, a déclaré :

Le consommateur ne veut pas de cette viande-là. Les bouchers français sont solidaires des éleveurs pour combattre cet accord. Il s'agit aussi de santé publique car on ne connaît pas les conséquences de la consommation de ce type de viande.

Interbev réclame davantage de transparence de la part de la Commission européenne qui a mandat pour négocier. Par une lettre datée du 5 mai, elle a alerté tous les candidats aux élections européennes, ainsi que les politiques français. Elle considère aussi avoir un devoir d'information et de sensibilisation vis-à-vis du consommateur.

Dans une enquête OpinionWay de mai 2014 auprès de 1063 personnes, 74% des Français se déclarent opposés à l'introduction en Europe de viande bovine produite sur le continent américain. Les professionnels de la viande ont clamé :

Le sujet est économique mais c'est surtout un choix de société. Derrière chaque éleveur, il y a sept emplois. Notre modèle européen protège les territoires, les prairies et les paysages agricoles. Il est le plus exigeant en matière d'environnement et de bien-être animal. En France, nous sommes même allés encore plus loin avec la démarche Viandes de France.

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