Selon le Comité français des plastiques en agriculture (CPA), le recyclage des plastiques est à la peine. Plusieurs facteurs négatifs viennent se télescoper. D’une part, depuis la fin de l’année 2017, la Chine ferme la porte aux 8 millions de tonnes de plastiques à recycler annuellement. En Europe, cela représente 3 millions de tonnes. Les recycleurs européens sont donc saturés. Bien que la filière agricole ne représente qu’un potentiel de 110 000 tonnes de plastiques à recycler, ces produits en toute logique seront moins valorisés. Cette situation qui n’est pas conjoncturelle devrait pousser les industriels à se développer. D’autre part, CPA est marqué par un bilan négatif de près de 900 000 euros en 2016. Ce déséquilibre s’explique par un contexte particulier pour certaines filières. L’écocontribution revient aujourd’hui à 130 euros/tonne avec un surcoût si le plastique est souillé à plus de 55 %. L’écocontribution est intégrée dans le prix des plastiques achetés par les agriculteurs. Les metteurs en marché reversent cette écocontribution au CPA (7 millions d’euros/an) qui, lui, délègue la gestion des plastiques usagers à Adivalor. Or plus un plastique est souillé par l’eau, la terre et les déchets végétaux, plus le coût du recyclage et élevé. Et moins bonne est la qualité du nouveau plastique.
Revalorisation de l’écocontribution en maraîchage
Selon les filières, le taux de souillure varie. "Pour les ficelles en culture et les filets balles rondes en élevage, le taux de souillure est de 11 %. Pour l’ensilage et l’enrubannage (plus de 27 000 tonnes collectés en 2017) le taux autorisé est de l’ordre de 30 %" affirme Stéphane Guesney d'Adivalor.
Mais en maraîchage (près de 24 000 tonnes recyclés), le taux de souillure a particulièrement été élevé en 2016 de l’ordre de 60/70 %. Cela signifie que pour une tonne de plastiques achetée, quatre tonnes sont à recycler. CPA a dû instaurer des stockages relais pour les films plastiques trop souillés (1 000 tonnes pour les plastiques de couleur) en attente de recyclage. Les moins souillés partent à l’incinération ou encore dans les cimenteries. Cela s’est traduit en 2016 par un surcoût de 300 000 euros. En 2017, il serait de 500 000 euros. Pour rééquilibrer le système, CPA a pris plusieurs mesures. L’écocontribution va augmenter pour les paillages en maraîchage de 30 euros/tonne à partir du 1er mai 2018 et 20 euros supplémentaires /tonne à partir du 1er janvier 2019. Par ailleurs, des machines adaptées pour évacuer la terre lors de la dépose vont être testées cette année en carotte, échalote et melon. Une note positive cependant. La France a le taux de recyclage le plus élevé au monde pour la filière maraîchère avec 95 % de ses volumes recyclés. Il est de l’ordre de 55 à 60 % en élevage.
