« La performance agricole passe par la rémunération et par l’environnement »

L'environnement et les revenus sont les moteurs d'une agriculture performante ! CP : tanapon/Adobe Stock
« En ces temps difficiles, il est apparu en France que les agriculteurs et l’industrie agroalimentaire ont été à la hauteur des enjeux pour nourrir les populations en quantité, en qualité et en diversité. Il aura fallu tout de même cette crise sanitaire pour rappeler aux Français qu’il est nécessaire aujourd’hui de repenser leur alimentation, de privilégier le local, de reconsidérer l’évidence : dans chaque assiette, il y a un agriculteur. » C’est par ces mots que Florian Breton, cofondateur de La Ferme Digitale, a introduit le LFDay 2020.
Accompagné de Paolin Pascot, l’autre cofondateur, il a invité Emmanuel Faber, PDG de Danone, et Nicolas Chabanne, fondateur de C’est qui le patron ?! à débattre des enjeux de la performance agricole, économique et environnementale. 

Rémunérer le carbone présent dans le sol

« L’empreinte carbone doit être une performance en lien entre celle économique et environnementale d’une entreprise. Aujourd’hui, j’estime qu’on ne paie pas le véritable coût de l’alimentation en moyenne et qu’il est urgent de rentrer la durabilité du système. C'est la raison pour laquelle le carbone dans le sol est fondamental », a affirmé Emmanuel Faber.  

Pour le PDG de Danone, il serait judicieux de mettre un prix sur le carbone dans le sol. « La France est à l’initiative de 4 pour 1000 lancés par Stéphane Le Foll en 2015. Il faut absolument avancer sur la valorisation des pratiques agricoles. L’agriculture régénératrice remettra du carbone dans le sol et permettra des revenus additionnels – et donc une capacité d’investir – pour les agriculteurs. »

Rétablir un dialogue

Dans une idée de performance économique et environnementale de l’agriculture, Nicolas Chabanne voit un autre défi à relever :

« Il est nécessaire de donner une place différente aux citoyens en mettant le monde politique face aux consommateurs. Actuellement, on ne se parle plus de cette façon, il y a des blocs. D’un côté les industriels, de l’autre les citoyens-consommateurs, et entre eux, le monde politique. Il faudrait arriver à refaire une place au bon sens et à la bienveillance collective. »

Pour le fondateur de la marque C’est qui le patron ?!, il faut « retisser de la confiance entre tous les acteurs et, peut-être, arrêter le monde de l’expertise, des conseillers, qui, pendant des années, avaient le rôle de réfléchir à la place de tout le monde ». D’après lui, « à trois ou quatre personnes, nous sommes capables de trouver des marchés assez fins car le bon sens est un socle solide. La bienveillance l'est également ».

Consulter davantage les citoyens

 « Il faut saisir l’occasion de la convention citoyenne pour le climat. C’est un vrai engagement des citoyens, il faut les encourager à s’exprimer, à être ambitieux, car nous avons besoin de cette ambition, ajoute Emmanuel Faber. L'une des raisons pour lesquelles la situation en France n’a pas été en réelle difficulté pendant les deux derniers mois est qu’il y a eu une coordination quasiment quotidienne, y compris avec les ministères de tutelle, entre les acteurs, les fédérations, les agriculteurs jusqu’aux distributeurs, et, au milieu, tout l’écosystème de transformation alimentaire, y compris les emballages. Nous avons appris cette solidarité nécessaire, et je pense qu’il y aura un avant et un après sur la question de la souveraineté alimentaire dont nous sommes tous coresponsables. »

Mettre le revenu des agriculteurs au premier plan

Nicolas Chabanne insiste également sur les revenus :

« Dans l’immédiat, nous devrions commencer par rémunérer le travail des producteurs au juste prix. Lorsque l'on rajoute des centimes et que l'on permet à un agriculteur de vivre de son métier, il se passe une chose merveilleuse : quand le producteur a les moyens de payer son propre travail, il peut améliorer la qualité des produits et il le fait. C’est ce que nous avons observé avec notre marque, il faut rajouter huit centimes sur une brique de lait pour qu’un producteur puisse vivre de son métier. »

Le fondateur de C’est qui le patron ?! appuie son propos avec un nouvel exemple sur les yaourts : « Si nous payons au juste prix les éleveurs qui amènent le lait pour faire les yaourts, le surcoût annuel pour le consommateur se chiffre à 6,72 €, soit 50 centimes par mois. Si nous pouvons mettre ces quelques centimes en plus, notre argent servira à redonner des sourires et à ne pas participer involontairement à un système absurde. »

Quel modèle pour les années à venir ? 

Après plus d’une heure d’échanges, Nicolas Chabanne pense que la notion de bon sens collectif reste un socle fondateur pour l’avenir. Emmanuel Fabert, quant à lui, se pose des questions sur les conséquences de cette crise économique :

« Désormais, nous allons avoir le choix entre se dire "revenons-nous au pic aussi vite que prévu et coûte que coûte ?" ou bien "cette crise est un avertissement de l’avenir, il faut absolument changer nos modèles, quel modèle de développement ensemble pouvons-nous inventer pour les années à venir ?". »

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