Accompagné de Paolin Pascot, l’autre cofondateur, il a invité Emmanuel Faber, PDG de Danone, et Nicolas Chabanne, fondateur de C’est qui le patron ?! à débattre des enjeux de la performance agricole, économique et environnementale.
Rémunérer le carbone présent dans le sol
« L’empreinte carbone doit être une performance en lien entre celle économique et environnementale d’une entreprise. Aujourd’hui, j’estime qu’on ne paie pas le véritable coût de l’alimentation en moyenne et qu’il est urgent de rentrer la durabilité du système. C'est la raison pour laquelle le carbone dans le sol est fondamental », a affirmé Emmanuel Faber.
Rétablir un dialogue
Dans une idée de performance économique et environnementale de l’agriculture, Nicolas Chabanne voit un autre défi à relever :« Il est nécessaire de donner une place différente aux citoyens en mettant le monde politique face aux consommateurs. Actuellement, on ne se parle plus de cette façon, il y a des blocs. D’un côté les industriels, de l’autre les citoyens-consommateurs, et entre eux, le monde politique. Il faudrait arriver à refaire une place au bon sens et à la bienveillance collective. »
Consulter davantage les citoyens
« Il faut saisir l’occasion de la convention citoyenne pour le climat. C’est un vrai engagement des citoyens, il faut les encourager à s’exprimer, à être ambitieux, car nous avons besoin de cette ambition, ajoute Emmanuel Faber. L'une des raisons pour lesquelles la situation en France n’a pas été en réelle difficulté pendant les deux derniers mois est qu’il y a eu une coordination quasiment quotidienne, y compris avec les ministères de tutelle, entre les acteurs, les fédérations, les agriculteurs jusqu’aux distributeurs, et, au milieu, tout l’écosystème de transformation alimentaire, y compris les emballages. Nous avons appris cette solidarité nécessaire, et je pense qu’il y aura un avant et un après sur la question de la souveraineté alimentaire dont nous sommes tous coresponsables. »Mettre le revenu des agriculteurs au premier plan
Nicolas Chabanne insiste également sur les revenus :« Dans l’immédiat, nous devrions commencer par rémunérer le travail des producteurs au juste prix. Lorsque l'on rajoute des centimes et que l'on permet à un agriculteur de vivre de son métier, il se passe une chose merveilleuse : quand le producteur a les moyens de payer son propre travail, il peut améliorer la qualité des produits et il le fait. C’est ce que nous avons observé avec notre marque, il faut rajouter huit centimes sur une brique de lait pour qu’un producteur puisse vivre de son métier. »
Quel modèle pour les années à venir ?
Après plus d’une heure d’échanges, Nicolas Chabanne pense que la notion de bon sens collectif reste un socle fondateur pour l’avenir. Emmanuel Fabert, quant à lui, se pose des questions sur les conséquences de cette crise économique :« Désormais, nous allons avoir le choix entre se dire "revenons-nous au pic aussi vite que prévu et coûte que coûte ?" ou bien "cette crise est un avertissement de l’avenir, il faut absolument changer nos modèles, quel modèle de développement ensemble pouvons-nous inventer pour les années à venir ?". »