Au-delà du fait qu’une ferme est identifiée par la couleur et la marque de son matériel, il relève d’une réelle bizarrerie que le nombre de tracteurs sur le parc français augmente alors que le nombre de conducteurs a tendance à diminuer. De plus, une étude du CER met en évidence une augmentation de 15 ch en moyenne de la puissance des tracteurs ces huit dernières années. Sachant que la moyenne était de 122 ch en 2008. La réalité économique du secteur agricole n’est a priori pas le seul facteur déterminant dans le choix des investissements des agriculteurs.
Le suréquipement est totalement dépendant de la fiscalité ! La fiscalité des fermes françaises est un véritable levier de politique agricole.
Ce régime ne fait peser aucune contrainte comptable sur l’exploitant. Ce dernier ne bénéfice alors pas des leviers fiscaux existants ou plutôt il en est protégé. Le régime aux bénéfices réels est apparu en 1972 pour moderniser l’agriculture et avec lui des mesures phares : la déduction pour investissement, l’amortissement dérogatoire et l’exonération de plus-value. Si la première n’existe plus pour l’achat de matériels amortissables mais uniquement pour l’achat d’animaux, les deux autres continuent à jouer un rôle dans la surmécanisation de l’agriculture.
Après deux ans, il n’y a plus de charges. L’exonération des plus-values incite alors à la revente du matériel. Ce qui enclenche un cercle vicieux de renouvellement rapide et d’augmentation continue de la puissance de traction. En agriculture aujourd’hui, on va parfois plus vite à créer un revenu en jouant avec des mesures fiscales plutôt qu’en créant de la valeur ajoutée sur son exploitation.