« En France, depuis le début de cette crise, il apparaît que les actuelles défiances alimentaires ont été oubliées. Il y a à peine deux mois, l’aliment était perçu par beaucoup comme porteur d’un risque sanitaire réel ou imaginé. Il s’agit bien d’un retour, provisoire, mais quelque peu irrationnel aussi, à la peur ancestrale de manquer qui avait disparu depuis un demi-siècle », remarque l’Académie.
L'alimentation pour lutter contre le virus
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, l’a d'ailleurs rappelé le 20 mars dernier à Genève, lors d’un point auprès de médias sur l’épidémie de Covid-19. Pour lui, l'un des premiers éléments dans la lutte contre le coronavirus est la nécessité d’un apport suffisant et sain de nutriments. Il souligne, truisme souvent oublié, que le manque de nourriture et les carences nuisent à la mise en place de l’immunité face à la maladie.Les académiciens mettent en avant « l’accès à une alimentation diversifiée et abordable sur le plan économique, ce qu’a su faire l’agriculture française, surtout depuis 1960. Sans cela, la lutte formidable menée par les personnels soignants serait vaine, en raison du nombre de malades et de la quantité très importante de ceux atteints d'une forme grave du virus. »
Un régime alimentaire optimal
Nous pouvons concevoir de nombreux questionnements face au durcissement du confinement avec la fermeture des marchés, outre la très forte pénalisation des producteurs de proximité, des maraîchers notamment, dont les productions seront perdues, mais nous pouvons légitimement craindre de voir encore plus limité l’accès aux produits les plus frais et locaux, parmi les fruits et légumes – tout aussi essentiels que les produits céréaliers – reconnaissent les académiciens.Ces derniers veulent aussi mettre en avant le travail des agriculteurs : « Si le dévouement du personnel de santé est absolument exemplaire en ces temps difficiles, celui des agriculteurs et des filières aval de la production agricole et alimentaire mérite aussi d’être souligné, même si les risques d’exposition au virus sont moindres pour eux. »
Et après ?
Ces mêmes agriculteurs subissaient il n'y a pas si longtemps des agressions parfois violentes de la part de ceux, qui, ces derniers jours, se précipitent vers les magasins de distribution alimentaire et pas uniquement vers les rayons d’aliments issus de l’agriculture biologique.L'AAF espère donc qu’une fois l’urgence sanitaire passée, ceux-là mêmes qui ont rempli leurs chariots avec avidité lors de cette crise ne se retrouvent pas dans les rangs de ceux qui critiquent et qui dénigrent l’agriculture ainsi les agriculteurs, malgré les efforts de ces derniers pour se conformer aux normes exigées par la société civile depuis plus de vingt ans, au-delà la production de la première protection contre l’infection.
