Julien Renon, responsable de la ferme expérimentale de Jalogny (71), évoque :
L’utilisation de concentrés ne cesse d’augmenter : elle est en hausse de 34% sur 24 ans. Cette progression est remise en cause par le contexte économique et sociétal.
À partir des différents travaux d’expérimentations et d’observations des pratiques en exploitations, nous avons conduit un travail de modélisation. Nous avons étudié deux leviers : augmenter la part des fourrages de qualité dans les régimes, réduire la part de concentrés, et passer de croissances soutenues à des croissances modérées.
L’introduction de fauche précoce sous forme d’enrubannage contribue à réduire fortement les quantités de concentrés de 130 à 300 kg par broutard. L’intérêt économique d’une telle pratique est à raisonner avec la date de vente. Dans le contexte 2014/2015, l’économie de concentrés a été évaluée à 30 à 90 euros/broutard et le gain net à 10 à 30 euros/broutard. Le ralentissement des croissances peut, en outre, permettre de profiter d’une remontée des cours.
Privilégier la qualité de l’herbe au rendement
La station de Mauron (56) a étudié les alternatives aux rations à base de céréales pour l’engraissement des jeunes bovins. Trois régimes ont étudiés : blé plus luzerne enrubannée, blé et trèfle violet enrubanné et blé plus herbe enrubannée.Didier Batien, de l’Institut de l’élevage, explique :
Les régimes à base de luzerne et de trèfle violet montrent un intérêt économique significatif : le revenu est en hausse de 10% pour un système naisseur-engraisseur. Le recours la luzerne ou au trèfle violet présentent, en outre, un intérêt agronomique et écologique (baisse de l’empreinte environnementale de la viande).
Didier Bastien poursuit :
Les performances de l’engraissement à l’herbe sont liées à la précocité de la fauche. L’intérêt économique dépend de la conjoncture et du type d’herbe : la pratique est intéressante dans le cas d’une herbe récoltée jeune, issue d’une intensification des prairies et en conjoncture haute.
Didier Bastien :
Les gains économiques apportés par l’herbe ne doivent pas être négligés mais ces différentes conduites restent des solutions d’appoint soumises aux aléas climatiques et exigeantes en technicité. Elles ne suffiront pas à elles seules pour solutionner le manque de rentabilité des systèmes allaitants. Il faudrait une évolution plus en profondeur des systèmes de production.
À lire aussi :
Neobif teste de nouvelles conduites alimentaires
Une piste pour réduire le coût alimentaire des JB
Vers l'autonomie protéique avec la luzerne