Le cheptel bovin européen ne cesse de régresser : il a perdu 10% de ses vaches en dix ans. Un phénomène lié à la restructuration du cheptel laitier. Le cheptel allaitant est, en effet, resté relativement stable. Il dépasse désormais largement le cheptel laitier. Avec 4,1 millions de vaches, la France compte un tiers du cheptel allaitant européen.
La France se place au quatrième rang des exportateurs européens de viande bovine. Près d'un mâle sur deux est exporté pour être engraissé, à 85% vers l'Italie.
Les marchés de l'export sont fragilisés pour la viande française sur ses deux marchés principaux : l'Italie et la Grèce. Depuis deux ans, la filière subit de plein fouet la crise, constate Philippe Chotteau, chef du département économie à l'Institut de l'élevage. L'affaiblissement de l'engraissement de jeunes bovins en Italie doit cependant être vu non pas comme une menace, mais comme une opportunité pour l'élevage allaitant français. L'opportunité d'y exporter davantage de viande de jeunes bovins français en concurrence avec la viande d'animaux engraissés sur place. Et aussi l'opportunité de relancer l'engraissement en France.
La France devrait, en outre, bénéficier de la baisse du potentiel de production qui s'est opérée dans la plupart des pays européens.
Inadéquation entre offre et demande
Dans le même temps, la demande internationale en viandes bovines est dynamique à la fois dans le Bassin méditerranéen et en Asie. Les pays du Bassin méditerranéen ont recommencé depuis peu à importer de la viande française, après plus d'une décennie d'arrêt suite à la crise de l'ESB.La France est bien placée pour fournir ces marchés : les animaux bénéficient d'une garantie sanitaire et de rendement en carcasse très élevée, ainsi que d'une qualité de viande qui répond bien à la préférence pour la viande jeune, claire et maigre.
La France est devant un paradoxe : sa filière bovine dispose du cheptel de vaches le plus important d'Europe, avec un potentiel de production qui se maintient bien, mais la France est aussi un des principaux importateurs d'Europe, principalement de viande de femelles de réforme. Plus particulièrement de vaches laitières de réforme, dont les disponibilités sont limitées sur le territoire français.
L'inadéquation entre l'offre et la demande sur le marché français n'est pas nouvelle. Et elle ne devrait pas s'atténuer : la part des animaux issus du cheptel allaitant ne cesse de progresser. Or l'offre correspond peu à la demande française. La filière devra donc trouver des débouchés à l'étranger.
Quant au secteur de l'abattage, il souffre, comme le souligne Philippe Chotteau.
Le secteur doit faire face au dumping social de pays comme l'Allemagne, la Pologne ou l'Irlande. La filière doit également composer avec la baisse de la production, le glissement de la production vers les bassins allaitants alors que les outils sont concentrés dans l'Ouest, et la poursuite de la crise qui tire la demande vers la viande low cost.
Aller plus loin :
L'observatoire financier des entreprises de l'agroalimentaire, Crédit Agricole, Édition de novembre 2013, Les entreprises de la viande p. 17 à 22
Où va le bœuf ? Quel produit pour quel marché ?, dossier Économie de l'élevage, Institut de l'élevage, octobre 2011
Filières viande bovine : quels enjeux ? Quels outils dans la future PAC ?, Revue Chambres d'agriculture, avril 2013
Union Bovinéo : les éleveurs de Géo et GPVB-Cavac votent finalement pour la fusion
