Le sorgho, ce n'est pas du maïs !

Barenbrug indique que le sorgho a connu une bonne évolution de sa génétique depuis deux ans. Photo: Amélie Lavoisier/Pixel image.
Le sorgho, ce n’est pas du maïs! Ni au champ ni dans la ration des animaux. La journée Planète Sorgho organisée par le semencier Barenbrug à Valdivienne (Vienne) le 25 septembre, a relayé ce message, insistant sur l’offre génétique et les atouts qu’elle offre aux éleveurs.

Cette culture, pour une utilisation en fourrage, reste relativement méconnue des éleveurs : Barenbrug a donc présenté sur sa plateforme les différentes solutions – les siennes mais aussi celles de concurrents – qui s’offrent aux éleveurs. Deux grands types se distinguent : les sorghos fourragers multicoupes ou monocoupe.

Selon les variétés, les sorghos multicoupes se destinent aux petits et gros ruminants, en pâture ou en ensilage. Le premier cycle est d’environ 40 à 45 jours. Yannick Landrevie, responsable développement sorgho chez Barenbrug, précise :

Il est possible d’aller jusqu’à 5 coupes par an, si les conditions climatiques sont présentes. L’an dernier, j’ai vu des parcelles avec 4 fauches pour 20 tMS/ha. Le sorgho peut pousser jusqu’à 9 cm en une journée selon les températures et la pluviométrie. Il faut donc que l’éleveur soit capable de gérer cette croissance, et qu’il ne se laisse pas dépasser par la pousse, car des UF peuvent être perdues avec la sortie de l’épi.

 
Variété de sorgho multicoupes. Photo: Amélie Lavoisier/Pixel image.


Ces variétés se sèment dès le mois de mai, au semoir à céréales, à raison de 20 à 25 kg/ha et avec un écartement de 11 ou 12 cm. Il est également possible de les semer jusqu’en juillet en dérobée. Coté fertilisation, la culture peut nécessiter, selon les reliquats estimés, environ 50 unités d’azote au semis et
40 unités après la première coupe.
Ces coupes multiples sont rendues possibles par le faible taux d’acide cyanhydrique. Ce qui n’est pas forcément le cas des variétés monocoupe.

Vigilance sur la verse

Chez les variétés monocoupe, la variabilité génétique est vaste. Les variétés pour l’ensilage mesurent entre 2m et 3,50m, et offrent des potentiels de rendements entre 10 et 20 tMS/ha. Les variétés grains de petite taille ne sont pas préconisées pour l’ensilage. En revanche, les variétés grains de grande taille, non BMR (brown mid rib = nervure centrale brune), permettent de récolter un ensilage à 27% de matière sèche (MS) au moins, pour une valeur alimentaire entre 0,7 et 0,85 UFL/kgMS.
 
Variétés de sorghos grains de petite taille et de grande taille. Photo: Amélie Lavoisier/Pixel image.


Yannick Landrevie invite les éleveurs à rester vigilants sur la verse, favorisée par une surfertilisation azotée et par le poids des grains sur le haut de la tige :

Selon les reliquats, il faut partir sur environ 10 ou 20 unités au départ, puis, au dernier coup de bineuse, faire un second apport selon les besoins de la culture. Le sorgho n’est pas un maïs light : ça ressemble à du maïs, mais ça n’est pas du maïs ! Le sorgho monocoupe déploie ses racines dans 1 m3 environ.

Les variétés BMR male stérile (PPS), avec un épi sans grains, n’ont pas ce souci de verse. En revanche, elles demandent plus de journées d’ensoleillement. Il n’existe pas encore de classification des variétés corrélant matière sèche et ensoleillement. Selon la météo, les épis pourront sortir ou non, mais ils ne sont pas attendus car ils n’amènent pas de matière sèche. Dans l’essai présenté, il est prévu de récolter 13 à 16 tMS, pour 0,9 UFL/kgMS environ.
 
Sorgho BMR mâle stérile (PPS) avec un épi sans grains. Photo: Amélie Lavoisier/Pixel image.


Les variétés de sorgho sucrier BMR ont quant à elles un épi, et sont plus sensibles à la verse. Dans l'essai, la variété est couchée après un épisode de grands vents. Barenbrug teste des associations de variétés : ici par exemple 70% de BMR 333 et 30% de Sweet california. La première sécurise la tenue de tige, et la seconde apporte de l’amidon.
 
Sorgho sucrier BMR versé. Photo: Amélie Lavoisier/Pixel image.
 

Semis 15 jours après les maïs

Les semis doivent avoir lieu dans un sol réchauffé, préparé finement et roulé. La graine de sorgho, de petite taille, se sème de préférence avec un semoir pneumatique, à un écartement de 45 à 50 cm. Un semoir à céréales est possible, mais il faut aller doucement, du début à la fin du chantier. Coté profondeur, on positionnera la graine dans la partie fraiche du sol, jusqu’à 4 cm. Selon les conditions, on peut opter pour une densité de 200 000 à 250 000 grains/ha.

Olivier Estrade, directeur commercial fourragères chez Barenbrug martèle :

Le semis peut commencer 15 jours après les maïs. Il ne faut pas penser que semer tôt, c’est prendre de l’avance. Le sorgho possède une vigueur au départ assez faible, et nécessite donc des sols réchauffés. Sans quoi on met à mal l’homogénéité de la levée, et la gestion du désherbage en pâtira.

Côté désherbage, il n’y a pas de produit sélectif avant le stade 2-3 feuilles. Barenbrug et Dow conseillent ainsi de combiner faux semis, binage, et solutions chimiques. Des solutions existent contre les graminées, les dicotylédones et les vivaces.

De la mécanique

Si un filet d’eau s’écoule en tordant la tige du sorgho, c’est qu’il n’a pas encore atteint 20% de MS, sachant que la récolte doit avoir lieu à 27% pour que le silo ne coule pas (soit 110 à 130 jours après le semis). Entre le 15 septembre et le 15 octobre, la culture gagnera encore une tonne de MS. Le sorgho se récolte après le maïs. Il faut privilégier les brins longs, en enlevant un couteau sur deux.

De l’avis d’un technicien de coopérative, l’introduction de sorgho dans la ration « ramène de la mécanique » :

On n’engorge pas les animaux avec l’amidon du maïs. Le sorgho ramène de la celullose digestible.

L'idéal est de gérer un silo dédié au sorgho en plus de celui du maïs. Si l'on récolte à moins de 25% de MS, ce qui peut arriver en cas de semis trop tardifs, des jus peuvent s’écouler, entrainant une perte d’UF. La solution est d'ajouter du foin par couche, à raison de 1 t/ha de sorgho récolté. Ainsi dosé, il apportera 1,5% de MS supplémentaire, et jouera le rôle d’une pompe pour ces liquides nutritifs.

Article réalisé par Amélie Lavoisier

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