L'Europe peut-elle se passer du soja américain ?

L'Europe peut-elle se passer du soja américain ? CP: DR.
Alors que le soja se trouve au cœur des relations difficiles entre la Chine et les États-Unis, de nombreux experts estiment que l’élevage européen peut difficilement se passer du tourteau de soja américain. 

En août dernier, un groupe d’experts de l’Académie d'agriculture a publié une note sur un sujet qui inquiète les éleveurs : le soja américain. L’Europe peut-elle s’en passer ? La réponse n’est pas aussi simple à formuler. Selon André Pflimlin, ancien coordinateur des études européennes à l’Institut de l’élevage, l’impact diffère selon les filières. L’autonomie en aviculture semble assez difficile.

En élevage laitier, « elle est techniquement accessible avec l’augmentation des prairies et des légumineuses fourragères, la réduction du maïs ensilage et le maintien des surfaces de colza ».

Mais l’est-elle politiquement ? Depuis l’arrivée de Donald Trump, les États-Unis ont déclaré une guerre commerciale à la Chine. En guise de représailles, cette dernière taxe le soja américain. De ce fait, la part exportée en Europe a fortement augmenté. L’Union européenne montrerait ainsi sa bonne volonté de respecter les accords commerciaux afin que les États-Unis ne taxent pas les voitures allemandes ou le vin français. 
Voici la dernière péripétie d’une longue histoire entretenue avec les Américains. L’élevage européen dépend depuis très longtemps du soja américain. Cette dépendance résulte de la concession faite aux États-Unis du libre accès du soja sur le sol européen en contrepartie de la protection de son marché céréalier. Et depuis les accords de Blair House en 1992, l’Europe doit aussi limiter ses surfaces d'oléoprotéagineux. Pour développer un élevage intensif, les éleveurs européens ont donc importé du soja en provenance des États-Unis dans un premier temps, puis du Brésil et de l’Argentine. Ces pays offrent un soja défiant toute concurrence. Ils disposent de grandes surfaces, d’un climat favorable et de pratiques culturales à moindre coût (semis direct, utilisation de glyphosate et variétés OGM). La dépendance des Européens est donc également économique.

Une fenêtre d'ouverture pour l'Europe

« Si la Chine taxe encore plus le soja américain, ce dernier va se trouver en plus grande quantité sur le marché mondial. Les cours devraient baisser dans un premier temps, explique André Pflimlin. L’Union européenne a profité de ce contexte pour en acheter davantage. Et la Chine va se tourner vers le Brésil pour son approvisionnement. Certes, la demande reste forte avec des prix plutôt en hausse, mais ces derniers deviendront de plus en plus volatils en raison du contexte politique. » 


Dans cette situation, les marges de manœuvre européennes semblent bien faibles, d’autant que la Commission européenne ne cherche pas à rediscuter les accords de Blair House. Malgré tout, il reste une ouverture. Jusqu’à présent, la réglementation européenne ne s’est pas adaptée aux attentes des consommateurs (produits sans OGM). Les cultures de variétés OGM sont quasi interdites en Europe (seule l’Espagne continue d’en produire sur 1,6 % de ses surfaces).
En revanche, l’essentiel du soja importé est désormais issu de variétés OGM. Seulement 10 % de soja non OGM sont importés en Europe. En raison de l’évolution de la réglementation européenne sur l’étiquetage des produits animaux, les consommateurs sont désormais informés de la présence de soja non OGM dans les aliments. Un nouvel axe de communication est né (notamment pour la distribution) ! Le basculement en trois ans de la production laitière allemande vers le non-OGM montre qu’un scénario de rupture s’avère possible en Europe. En France, la part des aliments non OGM représente 20 % des aliments composés du commerce. Le supplément de prix du lait produit avec un soja non OGM accordé à un éleveur français varie de cinq à vingt euros la tonne.

Retrouvez la suite de l'article dans notre numéro de Cultivar Élevage de novembre-décembre 2019 : 

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