L’injection de biométhane au gré des consommateurs

L’injection du biogaz au réseau nécessite un dispositif d’épuration du biogaz (à droite) et un poste d’injection propriété de GrDF (à gauche). Photo : DR.
Avec 250 ha de cultures, 100 ha de prairies et 250 vaches allaitantes, la ferme d'Arcy à côté de Chaumes-en-Brie (Seine-et-Marne), a mis en service il y a moins d'un an une unité de méthanisation avec injection de biométhane dans le réseau.

Avant de lancer ce projet, Mauritz et Jacques-Pierre Quaak ont visité une quarantaine d’unités de méthanisation. Jacques-Pierre Quaak livre son analyse d’alors :

Pour rentabiliser une unité de méthanisation basée sur la cogénération, il est nécessaire de valoriser une très grande partie de la chaleur produite. Ferme isolée, nous avions quand même la possibilité de chauffer un hameau et un château qui faisait alors office d’école. Ce dernier ayant fermé ses portes, le débouché chaleur s’est éteint de lui-même. Ne restait plus que l’injection au réseau de distribution de gaz.

L’investissement global dans l’unité de méthanisation des frères Quaak porte sur un montant de 5,2 millions d’euros. Les équipements nécessaires à l’injection dans le réseau de distribution comptent pour 1,5 million d’euros environ. Une somme regroupant le dispositif d’épuration du biogaz (1 million d’euros), les infrastructures de stockage de ce même biogaz et la conduite pour acheminer le biométhane jusqu’au réseau.

Le forfait annuel permettant l'injection dans le réseau de distribution de GrDF se chiffre à 100 000 euros. Il comprend la location du poste d'injection, l'utilisation du réseau, l'analyse du biométhane, le comptage et l'odorisation du gaz.

Connaître le réseau de distribution

Il existe deux possibilités d’injection : le réseau de transport mis en pression à 60 bars et le réseau de distribution à 4 bars. Actuellement, aucun projet n’injecte sur le réseau de transport. Et la ferme d’Arcy ne déroge pas à la règle.
Jacques-Pierre Quaak explique :

La véritable première étape d’un projet d’injection de biométhane au réseau est de situer le réseau par rapport au site de méthanisation prévu. Nous avions la possibilité d’injecter dans le réseau de distribution de cinq communes aux alentours. Pour cela, nous avons installé une canalisation de 3,1 km pour le rejoindre. Un chantier qui nous a coûté 180 000 euros. La canalisation aurait pu être plus courte si nous avions eu l’autorisation de “couper” à travers champs. Cependant, GrDF impose de suivre le domaine public afin d’intervenir à tout moment sur la canalisation le cas échéant.

Pour être injecté, le biogaz doit être épuré pour devenir du biométhane. Une unité d’épuration a donc été installée. D’un biogaz contenant 52 à 56 % de méthane, le dispositif d’épuration à membrane doit fournir du biométhane concentré à plus de 96,7 %.

Avec l’installation proposée par Air Liquide, nous sommes capables de fournir au réseau un biométhane concentré à plus de 98 % en CH4.

Le biogaz épuré est ensuite acheminé vers le poste d’injection. Il est alors analysé par les automates de GrDF. S’il répond aux normes en vigueur, il est odorisé puis injecté dans le réseau de distribution. Si sa qualité n’est pas satisfaisante, il est renvoyé au sein de l’unité de méthanisation.

Coller aux besoins

La qualité du biométhane est un point important pour répondre aux besoins du réseau. Cependant, elle n’est pas le seul critère dont doit tenir compte un porteur de projet pour calculer sa rentabilité. Le volume de biométhane nécessaire au réseau est à regarder de près. Jacques-Pierre Quaak détaille son cas :

Nous injectons le biométhane dans un réseau de distribution résidentiel uniquement. Il n’y a ni industriel, ni école, ni hôpital sur le réseau en question. La consommation de gaz est donc très saisonnière. Ainsi, nous sommes capables d’alimenter en totalité les cinq communes concernées au cours de la période estivale et ne représentons que 10 % de la consommation en hiver.

Le contrat signé entre les exploitants et GrDF tient compte de cette variabilité et impose donc un seuil de 125 normaux mètres cube par heure (Nm3/h) en moyenne à ne pas dépasser. L’unité de méthanisation est capable de fournir ce volume toute l’année, mais doit réduire sa production à 50 Nm3/h environ entre les mois de juin et de septembre afin de ne pas fournir davantage de biométhane que nécessaire.

Si l’installation peut stocker jusqu’à une vingtaine d’heures de consommation de biogaz, il est nécessaire d’adapter la production aux besoins du réseau.

Nous adaptons donc la production de notre unité aux besoins du réseau. La météorologie et les indications dont nous disposons sur le réseau permettent d’ajuster la production de biogaz. 

Les deux chefs d’exploitation n’ont pas le choix de toute manière. S’ils injectent davantage de biométhane que le réseau ne peut en absorber, les vannes se coupent et le gaz revient à l’unité de méthanisation.

Pour aller plus loin :

Du biométhane dans le réseau
Un outil d'aide à l'injection de biométhane dans les réseaux de gaz naturel
Quatre expériences collectives en méthanisation
La méthanisation est rentable avec subventions

 

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