L’Océanie a résisté à la crise sanitaire

La crise du Covid-19 a moins touché la Nouvelle-Zélande qui était en période de creux saisonnier et de recul de la production. CP : Janice/AdobeStock
À contre-courant des autres pays producteurs, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont été relativement épargnés par la crise sanitaire. Cette dernière est intervenue en période de creux de collecte saisonnier.

Après l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord et du Sud, l’Institut de l’élevage s’est intéressé à la Nouvelle-Zélande et à l’Australie, deux pays où la production est particulièrement climato-dépendante et qui subissent donc de plein fouet les aléas climatiques.

« La production laitière néozélandaise (NZ) a progressé pendant une décennie, au détriment de la production allaitante, mais elle plafonne depuis 2015, notamment à cause des contraintes environnementales devenues plus fortes et défavorables à l’intensification », introduit Mélanie Richard, responsable économie et filières au sein du Cniel.

En 2019, le pays a produit 21,8 Mt, en recul de 0,7 % par rapport à 2018. La baisse en matière sèche utile (MSU) du lait est plus limitée (0,3 %). Sur la campagne laitière de juin 2019-mai 2020, la collecte a reculé de 0,4 %, mais a progressé de 0,7 % en MSU.

« Ce record de production a été réalisé avec un cheptel moindre et des conditions climatiques défavorables (sécheresse au nord, froid et humide au sud). Cependant, la production du lait a été stimulée par un prix du lait incitatif, tiré par la bonne demande internationale en ingrédients laitiers. Les prix prévisionnels de Fonterra, qui collecte 80 % de la production laitière néozélandaise, sont estimés entre 7,10 et 7,30 dollars NZ (NZD)/kg MS. Soit 290 euros/1000 pour un lait standard avec 70 g MSU. »

Nouvelle-Zélande : des exportations records en 2019

La Nouvelle-Zélande exporte plus de 95 % de sa production. Le pays a enregistré un record d’exportations en 2019 (+ 12 % en valeur par rapport à 2018, + 7 % en volume équivalent lait). Les exportations ont progressé pour presque tous les produits, de façon très nette pour les poudres grasses (+ 12 %).  La hausse est également marquée pour le lait, les crèmes et les poudres de lait infantile.
Les exportations ciblent toujours prioritairement les marchés chinois. Les envois vers la Chine (+ Hong Kong et Taiwan) ont augmenté de 23 % en valeur en 2019. La Chine importe désormais 43% de la production néozélandaise.

« Les Chinois ont réalisé un certain nombre d’investissements en Nouvelle-Zélande en 2019 afin de développer les capacités de production de lait infantile et de produits nutritionnels », précise Mélanie Richard.

Quelles perspectives pour 2020 ? La production a reculé de 1% sur les cinq premiers mois, conséquence de la sécheresse dans l’île du nord. Les disponibilités laitières sont en baisse, les exportations également : elles reculent de 8% pour les poudres grasses, de 22 % pour le beurre et de 5% pour les fromages. 

 « La Nouvelle-Zélande a été moins touchée par le Covid-19 : la crise est intervenue en période de creux saisonnier. Les envois vers la Chine se maintiennent, mais ils reculent sur d’autres destinations. »

Les incertitudes se traduisent par un prix du lait prévisionnel en baisse pour la nouvelle campagne et par une amplitude inédite. Fonterra a annoncé un prix entre 5,4 et 6,9 NZD/kg MS (217-278 euros/1000 l), soit une baisse de 4 à 25 % par rapport à la campagne 2019-2020.

Australie : une production de plus en plus orientée vers le marché intérieur

Du côté de l’Australie, la production laitière est plus ou moins déclinante. En 2019, elle a une nouvelle fois subi des incidents climatiques majeurs (chaleur et sécheresse).

« La production laitière australienne est estimée à 9 Mt en 2019, soit une baisse de 11 % par rapport à 2015. Le cheptel (1,41M de vaches laitières en 2019) est également en recul de 11 % par rapport à 2015, et ce malgré un prix du lait à la production plutôt orienté à la hausse », indique Gérard You, responsable du pôle économie des filières à l'Institut de l'élevage.

La production laitière australienne, de moins en moins excédentaire, est de plus en plus orientée vers le marché intérieur. La part de la production laitière pour l’exportation est passée de 60 % en 2002 à 35 % en 2019.

« L’Australie est aujourd’hui un exportateur secondaire qui risque de l’être davantage à l’avenir. D’autant que la consommation intérieure est favorable », commente Gérard You.

Les fabrications d’ingrédients chutent au profit des fromages, de l’ultra-frais et du lait infantile pour le marché intérieur.

« Les exportations de produits laitiers reculent en volume depuis 2010 mais elles croissent, en valeur, grâce à la montée en gamme. L’Australie exporte davantage de fromages et de poudres de lait infantile », explique Gérard You.

La Chine est un débouché de plus en plus dominant pour l’Australie. Le pays, ainsi que le Japon, client traditionnel de l’Australie, ont importé 60% des exportations totales de l’Australie en valeur en 2019.

« L’Australie a connu un sursaut de production en ce début d’année grâce à un été australe plus humide que la normale qui a boosté la production. Sur le premier quadrimestre 2020, la production est en hausse de 5 % par rapport à 2019. Concernant les exportations, la situation est moins favorable. Le pays subit un ralentissement du commerce international (difficultés logistiques suite au confinement). Toutes les familles de produits sont en recul. Mais les exportations pourraient reprendre si la demande chinoise demeure ferme. »

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