Nouvelle-Zélande : pas de pied sur le frein

En Nouvelle-Zélande, le pâturage est au centre de la stratégie tout comme la salle de traite, autour de laquelle s’organise un découpage rationnel des parcours. Photo : Greg Brave/Fotolia
Aux origines des secousses sur le prix du lait, il y a un pays qui pèse lourd : la Nouvelle-Zélande. Pour appréhender les raisons du succès et détecter les faiblesses de sa production laitière, Agrilys et l’Institut de l’Élevage ont organisé, en janvier, un voyage d’étude aux antipodes. L'état des lieux  a été livré lors d’une conférence le 1er mars au Salon de l’agriculture.

On compte 4,8 millions de vaches laitières pour 4 millions d’habitants au pays des All Blacks. Avec près de 12 000 fermes, le troupeau moyen est de 415 VL et le chargement atteint 2,8 UGB/ha pour une SAU moyenne de 147 ha. Là-bas, on atteint une moyenne de 144 vaches par unité de main-d’œuvre, à opposer au chiffre français, proche de 30 vaches. Les différents intervenants de la conférence s’accordent sur le pragmatisme entrepreneurial des éleveurs et de la filière.
 
Les statuts juridiques sont à la fois clairs et flexibles. Le statut de propriétaire/opérateur représente 72 % des fermes du pays et le sharemilking 21 % des structures. Les participants au voyage y ont vu une facilité à investir progressivement dans le capital. Le sharemilker possède le troupeau mais n’a pas de foncier. De manière générale, il partage la moitié des dépenses en intrants (animaux, pâtures) avec propriétaire de la salle de traite et des terres. Les deux parties se partagent la moitié des profits.
 

Une stratégie décomplexée qui mise sur ses atouts

Au-delà du contexte climatique très favorable à la pousse de l’herbe, Pascal Rougier, référent bio pour Littoral Normand, a identifié une stratégie aboutie :

"Avec plus de 1 000 mm de précipitations, on comprend que les éleveurs néo-zélandais atteignent 12 à 20 tonnes de MS/ha. Le pâturage est au centre de la stratégie tout comme la salle de traite, autour de laquelle s’organise un découpage rationnel des parcours. Leurs surfaces correspondent aux besoins des vaches, avec un temps de repos suffisant."

 
Tous les investissements sont dirigés vers l’outil productif. Ainsi, les chemins, la salle de traite, l’accès à l’eau, les boviducs sont construits ou acquis avec un seul objectif : faire du lait, par tous les temps.
 
La tendance haussière des coûts de production (charges de structure, engrais, soin du troupeau) et l’endettement important des producteurs assombrissent les nuages sur l’équilibre entre charges opérationnelles – taux d’intérêts – prix du lait. Avec 25 % des producteurs endettés à plus de 75 %, les questions sur la durabilité restent nombreuses. Ceci, malgré la facilité pour Fonterra de délivrer des avances afin de maintenir la production de son adhérent. Ou encore le rachat des parts sociales qui peut atteindre l’équivalent d’un an de production afin de se relancer dans une autre coopérative.

Un talon d’Achille protégé 

À ce jour, 95 % des 21 milliards de litres de lait sont exportés chaque année. L’Asie, et surtout la Chine, sont les premiers importateurs des produits laitiers qui tendent vers une différenciation. Face à la poudre de lait grasse (50% des volumes), de nouveaux produits assoient leur position. Le lait A2, qui contient des protéines plus digestes, le lait de nuit, plus riche en mélatonine, sont les exemples les plus marquants. Peu de lait bio, peu de fromage ; Fonterra et les coopératives travaillent sur les fondamentaux. L’outil industriel est calibré pour déshydrater de gros volumes quand l’herbe de printemps charge les pis des vaches.

Avec 33 % du montant des exportations, la filière laitière bénéficie d’une certaine bénédiction des autorités.

"Le risque systémique est si fort, que l’État sauvera le secteur en cas de gros problèmes", résumait Jean-Marie Séronie en fin de conférence.

Les universités, très subventionnées, accompagnent l’augmentation des performances techniques des élevages. Les questions environnementales et l’impact de l’élevage sur ce pays touristique pourraient rapidement trouver des solutions.

La filière s’est déjà emparée de l’image "Clean & Green" et cet outil marketing trouve une bonne réponse chez les clients asiatiques. Les projections à dix ans visent un chiffre de production de 30 milliards de litres avec 500 000 vaches en plus dans le cheptel. Rendez-vous est pris.
Flavien Roussel
 
Pour aller plus loin :
Retrouvez l’enregistrement en live de la conférence sur la Page Facebook d’Agrilys


 

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