Un lait valorisé à 55 cts le litre

Le conteneur de 20 m2 possède les éléments essentiels à la fabrication de yaourts. CP : C. Lamy-Grandidier/Pixel6TM.
La start-up Né d’une seule ferme  propose aux éleveurs de valoriser leur lait en yaourts chez eux, dans un conteneur aménagé en yaourterie. Cette initiative les accompagne de l’amont de la production à la commercialisation, en passant par le marketing et la formation.

Cette idée, c’est André Bonnard, ex-secrétaire général de la FNPL mais aussi président de l’entreprise, qui l’a eu. « Je suis parti d’un constat personnel : il y a quelques années, avec mon équipe, nous nous sommes associés à un couple qui a créé une fromagerie sur le Gaec. Après plusieurs années, ils nous ont quittés et ont laissé derrière eux la fromagerie, mais personne n’avait les compétences pour la faire fonctionner », explique-t-il. Il décide alors de créer un concept où la yaourterie serait en location chez l’agriculteur. Ainsi, en cas de problème, ce dernier peut stopper l’activité. Par ailleurs, ce conteneur, d’une superficie de 20  m2 , ne nécessite pas de gros investissements : « Du fait de sa petite taille, il passe outre la réglementation de l’urbanisme. Il peut donc être installé sans demande de permis de construire. L'agriculteur doit simplement couler quatre plots en béton, installer une arrivée d’eau et de lait depuis le tank ainsi qu'une évacuation des eaux usées, et doit raccorder l’électricité », explique André Bonnard.

Des éleveurs accompagnés

Le conteneur, fabriqué dans le Gers, est équipé d’un sas sanitaire, d’une zone de production avec un pasteurisateur, une conditionneuse et une étuve convertible. « Cet endroit est alors exclusivement dédié à la production de yaourts avec une ambiance maîtrisée, indique le président de la start-up. En 24  heures, les yaourts sont faits et frais. »
Au moment de l’installation, l’éleveur a le droit à une semaine de formation. Il sera ensuite coaché pendant le premier trimestre, puis sur surveillance avec des analyses à distance. «  Le plus compliqué quand on est éleveur, c'est de gérer ce qu’il y a autour de la fabrication : le marketing, la commercialisation et la logistique  », raconte André Bonnard. Lui-même s’est entouré de quatre associés pour mener à bien son projet. Ainsi, Maximilien Rouer, l’un des fondateurs de Ferme France, s’occupe du business model, Florence Loyer, directrice adjointe à la FNPL, est chargée de la partie amont, et Bastien Debras, ingénieur de l’École des mines, s’occupe de la data, de collecter les données des yaourteries à distance.

1 200 € de frais de location

Les éleveurs qui veulent travailler avec l’entreprise s’engagent à transformer 50 000 litres de lait par an, ce qui équivaut à la production de 400 000 yaourts. « La production génère un EBE de 30 000 €, ce qui paie la main-d’œuvre puisque le temps de travail nécessite un gros mi-temps. » Coté rémunération, en enlevant les 1 200 € de frais de location de la yaourterie ainsi que ceux de la main-d’œuvre, l’éleveur valorise son lait à hauteur de 550 € les 1 000 litres. Le chiffre d’affaires est ensuite réparti entre le producteur, qui reçoit 60 % de la valeur TTC, le distributeur (qui en récupère 22 % ), et la start-up Né d’une seule ferme (qui reçoit 11 %). Le reste équivaut aux taxes dues à l’État.

Ces yaourts peuvent être fabriqués à partir de lait froid ou chaud grâce à la pasteurisation. Actuellement, l’entreprise propose des yaourts nature et vanille. « La conditionneuse peut aussi réaliser des yaourts deux couches avec de la confiture, précise André Bonnard. Nous voulons cibler les parfums en fonction des régions. Cette action est à notre portée, mais n’est pas à celle des distributeurs pour le moment. » Par ailleurs, pour aller plus loin dans la personnalisation des produits, chaque pot de yaourt sera identifié par un QR Code qui renverra vers la page de présentation du producteur, pour que le consommateur puisse voir d’où vient son produit.

Intermarché est partenaire pour trois ans

Un partenariat venant d’être signé lors du Salon de l’agriculture, la commercialisation des produits sera réalisée pendant trois ans par les magasins Intermarché.
Dans le cas où le distributeur ne passe pas quotidiennement récupérer les yaourts, un local de stockage est installé sur l’exploitation et pris en charge par la start-up. « Nous nous sommes également rapprochés d’une start-up qui installe des box sur le territoire afin de mutualiser les produits fermiers, détaille le président. Ainsi, le transporteur n’a qu’à prendre les produits dans le box et les distribuer dans les magasins. »
L’équipe ambitionne de se développer au niveau national, zone par zone, après avoir conçu à chaque fois la logistique avant de se lancer avec un producteur.

Si vous êtes éleveur et que vous voulez vous lancer dans l’aventure, rendez-vous sur le site www.neduneseuleferme.fr et remplissez le formulaire dédié : « Aucun critère n'est exclusif, affirme André Bonnard. Si l’envie et l’offre coïncident, nous étudions la proposition lors d'une rencontre. Le principal est de se connaître, de se comprendre et de construire ensemble. »
Peut-être avez-vous vu le prototype de cette yaourterie dans les allées du dernier Salon de l'agriculture ? Une trentaine d’éleveurs se sont ajoutés au carnet d’adresses de la start-up à cette occasion, et l’entreprise compte en installer une cinquantaine sur l’ensemble du territoire d’ici la fin de l’année.

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