Un potentiel laitier français inexploité

La France a le meilleur potentiel laitier de toute l'Europe. CP : H. Grare/Pixel Image
Près de 350 éleveurs du réseau European Dairy Farmers se sont retrouvés du 25 au 27 juin à Winterthur, en Suisse, pour leur traditionnel congrès annuel.

À la veille de la fin des quotas, le moral des éleveurs européens est au beau fixe : les marchés sont porteurs et les prix sont bons.

Mais, comme il nous a été justement rappelé, ce n'est pas parce que les prix sont meilleurs qu'il faut gaspiller de l'argent. Il ne faut pas oublier le contexte de volatilité, rappelle Katrine Lecornu, exploitante dans le Calvados et présidente européenne du réseau EDF.  Dans certains pays européens, les éleveurs profitent de cette embellie pour placer leur argent en prévision d'une prochaine baisse. Ces baisses sont vues comme des événements naturels dans un contexte de volatilité et non pas comme une crise, comme c'est souvent le cas en France.

Yes, we can

La filière française est globalement plus attentiste, constate Katrine Lecornu. Elle s'est inquiétée tardivement de la fin des quotas. Bon nombre de pays ont commencé à préparer l'après 2015 dès 2007. En France, les tours de séchage sont seulement en construction alors qu'elles sont déjà amorties dans d'autres pays.

La présidente pointe également le manque de visibilité et donc la difficulté pour les éleveurs français de prendre des risques et d'investir.

Dans les pays d'Europe du Nord, les éleveurs bénéficient d'un message clair de la part des transformateurs. Aux Pays-Bas, Friesland Campina a, par exemple, annoncé qu'il prendrait tout le lait de ses adhérents. Ils estiment qu'il existe un marché et que c'est à eux de s'adapter. Il est plus facile d’investir et de prendre des risques quand on a un sentiment que toute la filière laitière va dans la même direction, qu’il y a une atmosphère de confiance en l’avenir.

Pourtant, selon Katrine Lecornu :

La France a le meilleur potentiel laitier de toute l'Europe. Nous pensons que nous avons des handicaps tels qu’un coût de production plus élevé et que nous ne sommes pas compétitifs, mais la France est la mieux placée pour répondre aux marchés, elle est à la pointe sur les questions environnementales, le prix du foncier est parmi les plus bas, les éleveurs ont un faible taux d'endettement et elle véhicule une image d'excellence des produits laitiers. Il nous manque juste le sourire, le "Yes we can".

Les résultats du réseau montrent que, quel que soit le pays, il existe un potentiel inexploité.

Il y a d'importants écarts de rentabilité. On peut tous faire des progrès. Cette marge de progression doit être vectrice d'une dynamique positive.

Plusieurs façons de faire du lait

L'agrandissement n'est pas la seule réponse à la fin des quotas. Comme le souligne Katrine Lecornu, les éleveurs doivent être clairs dans ce qu'ils ont envie de faire et surtout ne pas perdre de vue leurs objectifs.

Il est important de courir vite mais il est tout aussi important de savoir pourquoi on court. Dans certains cas, il est préférable de ne pas s'agrandir. Il faut que chaque éleveur apprenne à regarder ses facteurs de production, ses atouts, et adopte le système grâce auquel il peut tirer le maximum de bénéfice. Nous devons aller vers des systèmes individualisés. Demain on ne fera pas tous du lait de la même façon, ni pour les mêmes produits. Ce n'est pas parce que c'est la fin des quotas que c'est la fin du lait dans le reste de la France, en dehors des grands bassins laitiers.

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