Vers une gestion raisonnée du parasitisme herbager

«80% des lots de vaches adultes sont traités systématiquement contre les strongles gastro-intestinaux alors qu’une immunité est possible», constate Adélaïde Pellat, ingénieure au GDS du Cantal. Photo: M.Ballan/Pixel image
L’herbe représente 95% de la SAU du Cantal. Si la gestion de la ressource herbagère fait partie du quotidien des éleveurs du département, ils doivent aussi être attentifs à un autre élément-clé de la rentabilité de leurs exploitations: le "parasitisme herbager". Pourtant, la gestion du parasitisme dans les élevages n’est pas toujours raisonnée et est souvent basée sur des habitudes de traitements.

C’est la conclusion d’une étude menée en 2013 par Adélaïde Pellat, ingénieure au GDS du Cantal. Elle a réalisé un état des lieux des pratiques de gestion des parasites internes liés au pâturage dans les élevages bovins du Cantal1. Elle explique:

De nombreux parasites internes sont présents dans les prairies. Or, avec des cycles de développement qui diffèrent selon les parasites, des outils de diagnostic et des moyens de lutte variés, et des symptômes souvent discrets, le parasitisme est un sujet complexe et difficile à gérer. De plus, c’est une problématique propre à chaque exploitation: la gestion du parasitisme dépend des objectifs de production, des pratiques d’élevage et de pâturage, etc.

Une immunité est possible

L’étude porte sur les trois principaux parasites rencontrés dans les élevages: strongles gastro-intestinaux, grande douve, paramphistomes. Plusieurs constats apparaissent:

► Un manque de connaissances. Adélaïde Pellat observe en effet:

Les éleveurs connaissent les strongles gastro-intestinaux et la grande douve mais les paramphistomes sont encore méconnus. Seul un éleveur sur trois m’a parlé de ce parasite. Il y a par ailleurs des a priori sur les catégories d’animaux pouvant être atteints. Beaucoup d’éleveurs pensent par exemple que seuls les animaux adultes peuvent être infestés par la grande douve.

► Une gestion mal ou non raisonnée:

♦ 95% des éleveurs réalisent systématiquement des traitements antiparasitaires et 60% des éleveurs ne gèrent pas le parasitisme lot par lot, mais à l’échelle du cheptel. ♦ Pour un éleveur sur deux, le premier critère d’achat d’un produit de traitement est sa facilité d’administration, avant son coût et ses propriétés. ♦ Seulement un éleveur sur quatre réalise des analyses avant de traiter et les résultats ne sont pas toujours bien compris et sont mal exploités. ♦ Un tiers des lots de veaux allaitants n'est pas traité contre les strongles digestifs alors qu’il y a un risque et que cela peut affecter leur croissance. Au contraire, 80% des lots de vaches adultes sont traités systématiquement alors qu’une immunité est possible. ♦ La gestion de la grande douve n’est pas raisonnée, c’est tout ou rien: 15% des éleveurs traitent systématiquement tout le cheptel, tandis que 25% des éleveurs ne réalisent aucun traitement.

Des traitements plus ciblés en élevage laitier

Il existe donc des marges de progrès dans les élevages. Cela peut être mis en évidence par l’évaluation des coûts de traitements réalisée lors des enquêtes. Adélaïde Pellat décrit:

Au sein des élevages enquêtés, le coût moyen des traitements antiparasitaires est de l'ordre de 8,05 €HT/UGB. Il est de 4,30 €HT/UGB en élevage laitier et s'élève à 9,70 €HT/UGB en élevage allaitant. Cet écart est dû à l’utilisation massive, par les éleveurs de bovins viande, de produits « pour-on » qui agissent à la fois contre la grande douve et les strongles. En élevage laitier, ces produits ne sont pas autorisés et les éleveurs utilisent essentiellement des produits buvables, moins onéreux. Les traitements semblent également plus ciblés en élevage laitier.

Les résultats de cette étude permettront au GDS du Cantal de mettre en place des actions (communication, formations) pour répondre aux attentes des éleveurs et les guider vers une gestion raisonnée du parasitisme herbager.

(1) En savoir plus: Étude sur les pratiques de gestion des parasites internes liés au pâturage dans les exploitations bovines du Cantal

Sur le même sujet:
- Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et GDS Saône-et-Loire, Le parasitisme herbager en élevage bovin, « traiter moins, traiter mieux »
- 3R 2009, La maîtrise des strongles gastro-intestinaux en élevage laitier: des pratiques souvent inappropriées



 

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