Accélération en marche de la production laitière

Le marché européen des produits laitiers est solide mais mature. La croissance démographique européenne connaît une légère hausse mais la population n'absorbera pas pour autant les volumes additionnels. Le lait supplémentaire devra être être exporté, vers l'Asie notamment. Photo : Fotolia.
Après un premier semestre 2013 au ralenti, la production laitière mondiale connaît un rebond depuis le second semestre, qui se poursuit en ce début d'année 2014. L'Europe, la Nouvelle-Zélande et désormais les États-Unis se mobilisent pour répondre à la demande toujours croissante des bassins déficitaires en production, à commencer par la Chine.

Le 21 mai, l'Institut de l'élevage a consacré une grande conférence aux marchés mondiaux du lait. Les intervenants ont passé au crible la situation dans les grands bassins de production. Philippe Chotteau, chef du département économie des filières à l'Institut de l'élevage, a introduit la journée :

On est aujourd'hui dans un monde ouvert, un monde qui bouge. La production laitière mondiale n'a pas été stoppée par la crise financière, contrairement à d'autres productions agricoles. Mais c'est loin d'être un long fleuve tranquille.

L'année 2013 en témoigne. Baptiste Lelyon, du département économie des filières à l'Institut de l'élevage, analyse :

Nous avons connu deux semestres totalement opposés. Le début d'année a été froid et humide, les prix de l'aliment du bétail étaient au plus haut et le prix du lait peu incitatif à la production. La collecte européenne a connu un fort recul. Il y a eu un retournement de contexte à partir de l'été. Le prix du lait a commencé à progresser sous l'impulsion positive des marchés mondiaux, les producteurs ont été incités à produire plus. Ils ont réagi rapidement et fortement. La dynamique s'accélère depuis le début de l'année. À la fin de la campagne 2013-2014, les dépassements de quotas seront nombreux. L'Irlande a augmenté sa production de 15% entre juillet et décembre, les Pays-Bas de 8% sur la même période. En France, le démarrage a été plus tardif mais la dynamique s'intensifie depuis ce printemps. La collecte a progressé de 8% sur le 1er trimestre.



Réveil des États-Unis

L'Europe n'est pas le seul bassin de production à réagir. Une très forte dynamique agricole et laitière est engagée en Nouvelle-Zélande. Le pays s'est fixé comme objectif d'accroître la production laitière de 5% par an. Mais la production va devoir composer avec les exigences environnementales et la pression touristique.

On assiste par ailleurs à un réveil des États-Unis. Avec 91,4 millions de tonnes produites en 2013 (12% de la production mondiale), le pays est aujourd'hui le troisième producteur mondial de lait. La production a progressé de 20% entre 2000 et 2013. Sébatsien Bouyssière, du département économie des filières à l'Institut de l'élevage, constate:
 

Il y a un bond des exportations en volume depuis le début des années 2000, encore plus en valeur. Le Mexique est le débouché historique des États-Unis et reste l'acheteur principal, en valeur, mais les volumes ont tendance à diminuer. En revanche, les envois à destination de l'Asie, et de la Chine en particulier, progressent. Les États-Unis se positionnent de plus en plus à l'export. La politique est marquée par une volonté de conquête des marchés. Mais, pour cette année, la sécheresse exceptionnelle que connaît l'ouest du pays depuis le début de l'année devrait freiner la production.



De grands investissements

Les grands bassins de production connaissent une forte dynamique d'investissements. La constrution de tours de séchage s'intensifie, surtout en Europe de l'Ouest : France, Pays-Bas, Danemark, Royaume-Uni, etc. À l'image, en France, du partenariat Synutra-Sodiaal, qui investissent ensemble 100 millions d'euros dans deux tours de séchage à Carhaix, ou encore de Biostime et Isigny-Sainte-Mère qui investissent conjointement 50 millions d'euros dans la construction d'un outil de fabrication de lait infantile. La coopérative Laïta a annoncé à son tour un investissement de 80 millions d'euros à l'horizon 2017 dans les ingrédients laitiers secs. Il s'agit de répondre à la demande croissante des pays d'Asie.
Christophe Lafougère, directeur du Gira, fait remarquer que:

Les grosses sociétés étrangères investissent aussi massivement dans les marchés émergents. Leur objectif est de promouvoir localement les produits à marque pour échapper aux marchés des produits plus volatils (poudres).

Des interrogations subsistent sur l'évolution des cours au second semestre. Les prix des produits vendus aux enchères sur la plateforme Global Dairy Trade ont chuté de 20 à 25% depuis début février. Gérard You, chef de service au département économie des filières à l'Institut de l'élevage, est prudent :

La production mondiale s'annonce dynamique au second semestre. Mais l'équilibre des marchés dépendra à la fois du rythme de croissance de la production dans les bassins exportateurs et importateurs, de la demande des pays émergents, et de la situation des produits vendus aux enchères sur la plateforme Global Dairy Trade. On est aujourd'hui dans une logique de baisse des cours des produits laitiers. Mais nous n'avons pas de visibilité, notamment sur l'état des stocks privés.



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