Anions et cations dans la ration : trouvez le bon équilibre !

La BACA est importante les trois dernières semaines de tarissement, en prévention des fièvres de lait. Photo: DR

La maîtrise de l’équilibre entre les cations et les anions de la ration intervient dans la prévention de l’hypocalcémie post-partum.
Plusieurs calculs existent pour obtenir une valeur représentative de cet équilibre. L’indicateur généralement utilisé est la BACA, balance alimentaire cation anion (ou bilan alimentaire cation anion).

La BACA correspond à la différence pondérée entre les apports alimentaires de potassium (K) et de sodium (Na), et ceux de chlore (Cl) et de soufre (S).
Pour simplifier ici, BACA = cations - anions = (K + Na) - (Cl + S). Elle s’exprime en mEq/kg de MS (milliéquivalents par kg de matière sèche de la ration).
 
Alexis Watremez, nutritionniste indépendant spécialisé en vaches laitières :

La BACA est importante les trois dernières semaines de tarissement, en prévention des fièvres de lait. À ce stade, il faut viser une BACA proche de zéro. En début de lactation, pour favoriser l’ingestion, viser au contraire une BACA de 200 à 300 mEq/kg MS.

La BACA de la ration régit les équilibres acido-basiques entre le sang et le rumen. En effet, l’absorption d’anions et de cations entraîne des transferts d’acides et de bases entre le rumen et le sang :
- les anions, chargés négativement, sont acidifiants : ils attirent les acides du sang vers le rumen (on parle de pouvoir acidogène);
- les cations, chargés positivement, sont alcalinisants : ils attirent les bases du sang vers le rumen.
 
Afin d’évaluer le statut acido-basique d’une vache, et ainsi de voir si la ration est adaptée, il est possible de mesurer le pH urinaire avec des bandelettes.
Pour une vache tarie, il doit être inférieur à 7,5. Chez une vache en lactation, il doit se situer entre 8 et 8,4.

Éviter à tout prix le bicarbonate de sodium dans les rations préparation vêlage

Une hausse du pH, ou alcalinisation, entrave le mécanisme de régulation du calcium sanguin. Pour prévenir l’hypocalcémie post-partum (baisse du calcium sanguin) à l’origine, entre autres, des fièvres de lait, Alexis Watremez conseille d’acidifier la ration en jouant sur la BACA :

Placer la vache en acidose métabolique (acidification du sang) en baissant la BACA de la ration va la forcer à mobiliser du calcium osseux avant vêlage, ce qui la prépare à entrer en lactation. Pour diminuer la BACA, on limite le sodium, le potassium et on apporte des chlorures, des sulfates, ou du soufre. La matière première la plus communément utilisée en ferme pour baisser la BACA est le chlorure de magnésium (entre 50 et 100 g/vache tarie/jour). D’autres matières premières comme le chlorure de calcium, le sulfate de magnésium, ou la fleur de soufre sont utilisées dans les minéraux spécifiques vaches taries. Il faut éviter à tout prix le bicarbonate de sodium dans les rations préparation vêlage car le sodium qu’il apporte fait vite grimper la BACA. Il faut y penser lorsqu’on utilise le fond de cuve des laitières pour les taries! De même, les mélasses sont généralement riches en potasse. En revanche, le sel, qui contient à la fois des ions chlorure et sodium, ou l’oxyde de magnésie, n’influent pas sur la BACA. Il est conseillé de maintenir un apport de 20 g de sel/vache tarie/jour.

Pour corriger la BACA d’une ration vache tarie, le nutritionniste recommande par ailleurs de ne pas agir que sur le minéral :

L’essentiel est d’intégrer uniquement des aliments à BACA faible, par exemple : ensilage de maïs, paille, foins tardifs issus de prairies ne recevant pas de potasse, tourteau de colza plutôt que de soja. Et d’éviter les aliments riches en potassium : herbe pâturée, luzerne, ensilage d’herbe. Quand on parle de prévention de la fièvre de lait, le potassium est beaucoup plus important que le calcium. Il est même dangereux de limiter les apports de calcium. C’est pourtant parfois encore enseigné! Les rations qui comportent 0,8% de calcium et 0,4% de phosphore, comme en lactation, fonctionnent bien. L’idée à retenir est d’avoir impérativement une ration à moins de 1% de potassium.

C’est une fois la ration calée que l’éleveur doit choisir le complément aliment minéral et vitaminique (AMV) adapté.

Il doit être riche en particulier en sélénium et vitamine E, qui s’avèrent utiles à l’occasion du stress oxydatif provoqué par le vêlage.


Alexis Watremez

Quelques repères de rationnement au tarissement

Les vaches taries doivent impérativement être séparées des vaches en lactation. Sinon, elles vont avoir tendance à graisser et la BACA sera trop élevée… Le but de la préparation vêlage est de maintenir la capacité d’ingestion (fourrage grossier) et la capacité de digestion et de valorisation de la ration (fond de cuve des laitières pour la transition, minimum d’amidon pour le développement des papilles du rumen). Pour cela, quelques repères utiles : - La première phase de tarissement nécessite peu d’apports énergétiques : pâturage derrière les laitières ou pas trop riche, foin grossier, paille, filet d’ensilage. Éviter dans tous les cas les gros excès énergétiques. - La ration préparation vêlage doit en revanche être gérée précisément. Il est souvent plus simple de conduire cette période en bâtiment ou dans un pré sans repousses! Les repères alimentaires : 10 à 12kg de matière sèche, 12 à 13% de protéine brute, apport énergétique de 0,8 à 0,85 UFL/kgMS, fourrages pauvres en potassium (foin, paille, ensilage de maïs), complémentation minérale adaptée.



Et vous, comment pilotez-vous la ration des vaches taries? Sur quels points êtes-vous particulièrement vigilant dans la préparation au vêlage et à la future lactation?
Posez ici toutes vos questions au nutritionniste!


En savoir plus :


 

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