Autonomie fourragère : la piste des dérobées

La mise en place de cultures dérobées fournira un fourrage d’appoint ou compléteront les stocks. CP : Cérience
Implantées juste après la récolte d’une céréale pour être récoltées 40 à 100 jours plus tard, les dérobées d’été font partie des stratégies d’adaptation du système fourrager aux aléas climatiques.
 
Pour l’ingénieur régional Arvalis-Institut du végétal Didier Deleau, basé en Lorraine et spécialiste des fourrages, la réalité du changement climatique est bien tangible : « Si l’on observe l’évolution des températures estivales et le déficit hydrique sur ces dernières années, on constate que ces situations d’étés chauds et secs se succèdent et s’accentuent. Il en résulte un déficit de production des prairies qui touche trois quarts des régions françaises », expliquait-il en préambule de son intervention lors d’une journée technique organisée en visio-conférence par la chambre d’agriculture de Haute-Saône.

Un fourrage d'appoint

Ce contexte récurrent de pénurie fourragère oblige les systèmes de polyculture-élevage à élaborer de nouvelles pratiques, pour mieux ajuster les ressources disponibles aux besoins alimentaires des cheptels. 

« Dans l’éventail des stratégies possibles, la mise en place de cultures dérobées qui fourniront un fourrage d’appoint ou compléteront les stocks constitue une diversification des ressources fourragères, au même titre que l’implantation de méteils », indique Didier Deleau. 

Semer dans les deux jours qui suivent la récolte 

Pour la réussite d’une dérobée, presque tout va se jouer... au moment de l’implantation. Pour profiter de l’humidité résiduelle laissée par le précédent, le semis doit intervenir le plus vite possible, idéalement dans les deux jours qui suivent la récolte. Sauf en cas de risque de phytotoxicité (typiquement avec des résidus de sulfonylurées) ou pour éviter les repousses de céréales, on privilégiera le semis direct et un travail du sol superficiel, type déchaumage, après exportation des pailles précédentes, ou un broyage très fin. 
 

« L’idéal est de procéder au plus près d’une pluie (15 à 20 mm) et d’adapter la profondeur de semis à la taille des graines : 1 cm pour les petites graines comme les crucifères, les graminées, le trèfle et jusqu’à 2-3 cm pour les graines volumineuses comme les vesces, par exemple. Dans tous les cas, il faut rappuyer le lit de semences en roulant pour assurer un bon contact graine-sol », explique Didier Deleau.


C’est là qu’intervient le pari climatique... « Plus les dérobées sont semées tôt, meilleurs sont les rendements... à condition de disposer d’une humidité suffisante ! » En effet, l’absence de pluies ou des conditions trop chaudes compromettront la levée et la pousse de ce couvert : les crucifères germent et ne sont pas sensibles aux températures, les légumineuses ont besoin de lumière pour se développer, mais craignent la chaleur, tandis que les graminées offrent plus de latitude dans les dates de semis mais sont plus sensibles aux conditions sèches.

Fertilisation minimaliste 

En ce qui concerne la fertilisation azotée, les reliquats post-récolte suffisent en général, d’autant plus si l’azote fixé par les légumineuses du mélange prend ensuite le relais. Un apport de 50 unités constitue un maximum (à raisonner en intégrant les contraintes réglementaires locales). 

« Les apports de phosphore et de potassium sont inutiles dans les situations où il y a des apports réguliers d’engrais de ferme, et/ou si le sol est bien pourvu. Sinon, 60 unités de P2O5 et 90 de K2O couvriront les besoins de cette interculture », précise Didier Deleau. 

Le désherbage est à gérer si besoin avant implantation. « On s’appuie sur le pouvoir couvrant des espèces semées (compétition vis-à-vis des adventices) et la maîtrise du salissement éventuel par l’exploitation du couvert (pâturage, fauche limitant les montées à graines...). »

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