Concilier production laitière et environnement, c'est possible

Les actions mises en place commencent à porter leurs fruits en termes de qualité de l'eau" indique Elisabeth Congy de la chambre d'agriculture de Bretagne. Crédit : Danielle Bodiou
Le projet Dairyman a associé durant quatre ans (2009 à 2013), dix régions de l’Europe du Nord-Ouest : les Pays-Bas, pilotes du projet, le Baden Württemberg en Allemagne, le Luxembourg, la Belgique (Flandre et Wallonie), l’Irlande du Sud, l’Irlande du Nord et la France avec trois régions (Bretagne, Pays de la Loire et Nord - Pas-de-Calais).
Les sept pays ont travaillé ensemble et échangé autour d'un thème commun : l'élevage laitier et l'environnement.

Les principaux enseignements de Dairyman ont été dévoilés lors d'une journée nationale de restitution et d’échanges, organisée le 15 octobre 2013 à Paris, par les partenaires français du projet (Institut de l’élevage, chambres d’agriculture du Nord - Pas-de-Calais, des Pays de la Loire et de Bretagne).

Le projet Dairyman a été structuré autour de trois actions principales :

1) L'évaluation de la durabilité et de l'impact environnemental du secteur laitier à l'échelle régionale

Chacun des sept pays participant au projet est soumis à la même directive européenne, la directive nitrates, mais la mise en œuvre est différente suivant les régions. Des dérogations sont possibles dans certains pays sous conditions strictes et avec des contrôles renforcés.

Élisabeth Congy, de la chambre d'agriculture de Bretagne, admet :

L'optimisation du potentiel de production de nos régions pousse à la demande de dérogation, notamment du plafond d'azote. Malgré tout, les actions mises en place commencent à porter leurs fruits en termes de qualité de l'eau, notamment dans l'ouest de la France. Mais les innovations techniques doivent en permanence tenir compte du cadre réglementaire.



2) La mise en place d'expérimentations dans les stations expérimentales et le transfert de connaissances vers les éleveurs

Les travaux de recherche portent principalement sur la gestion des flux d'azote et de phosphore. Les stations expérimentales testent des techniques innovantes dans le but de réduire leur impact environnemental : successions culturales à basses fuites d'azote pour  la station de Trévarez (Bretagne), travail du sol pour celle de Derval (Loire-Atlantique), etc.


3) L'évaluation de la balance minérale (azote et phosphore), de l'empreinte carbone et des performances économiques dans 120 fermes pilotes.

Les éleveurs ont été impliqués dans une réflexion sur les problématiques environnementales et ont été amenés à analyser leur système de production et à mettre à jour leurs points forts et leurs fragilités et ce dans tous les domaines : structure de l'exploitation, résultats technico-économiques et indicateurs de performances environnementales.
L'analyse a permis de formaliser un projet d'évolution des pratiques, voire du système, pour améliorer la durabilité de l'exploitation.

Benoît Delattre, agriculteur en Gaec dans le Nord - Pas-de-Calais et participant au projet Dairyman, témoigne :

Je me suis installé en avril 2011 avec mes parents. Nous sommes passés d'un quota de 409 000 litres en 2009, à un quota de 846 500 litres sur la campagne 2012/2013. Le projet Dairyman a accompagné nos réflexions. Nous avons dû réaménager les bâtiments existants, changer la salle de traite, construire des silos, un hangar pour le stockage et les génisses. Nous avons acheté des vaches et des génisses. Et nous avons dû adapter nos techniques et nos objectifs de production. La campagne 2011/2012 a été particulièrement difficile, les bouleversements ont été nombreux. Mais nous nous orientons vers une meilleure efficacité, économique et environnementale, depuis 2012. Il reste à revoir l'approche travail. Notre objectif était de nous libérer du temps. Nous ne sommes pas encore au point. Nous devons revoir notre système de traite, c'est le point noir. Ça a été une chance de participer au projet, être suivi nous a beaucoup aidés. Et les échanges avec les éleveurs des autres régions, des autres pays, ont été très enrichissants.


Le projet Dairyman a permis de mettre en évidence que bons résultats économiques et bons résultats environnementaux sont compatibles, et ce quel que soit le système. Mais pour atteindre ce double objectif, une gestion optimale du système de production est requise.
Plusieurs leviers d'amélioration ont été identifiés : gestion du troupeau, gestion de l'alimentation, pratiques de fertilisation, etc. Chacun a pu s'inspirer de ce qu'il a vu chez les autres. Les échanges entre groupes d'éleveurs ont été un des aspects les plus appréciés du projet.


Pour aller plus loin :
Le site dédié au projet Dairyman (en anglais)
Conférence "Combiner production laitière et environnement" organisée au Space le 11 septembre 2013 par l'Institut de l'élevage.
Lutter contre le changement climatique grâce à l'élevage : rapport de la FAO paru en septembre 2013
Une transition amorcée vers des performances agricoles multidimensionnelles : étude CGSP-Inra "Vers des agricultures à hautes performances"

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