Deux systèmes charolais passés à la loupe pendant six ans

Deux systèmes charolais passés à la loupe pendant six ans. ©Friedberg/AdobeStock
La ferme expérimentale de Jalogny, en partenariat avec l’Institut de l’élevage, a étudié deux systèmes bovins charolais : un premier « naisseur » et un second « producteur de maigre ». Objectif : répondre à la demande de l’aval, à savoir commercialiser des mâles maigres finis en début d’été. Pendant six campagnes, chaque système a été conduit selon sa propre stratégie de fonctionnement.
 
Le système d’automne (A) repose sur des vêlages de mi-août à fin octobre et nécessite de constituer un stock fourrager de qualité pour répondre aux besoins alimentaires élevés des mères, qui sont en phase de lactation et de reproduction durant la période hivernale.

« Les veaux sont complémentés sous la mère entre la naissance et le sevrage, et sont vendus durant la période de creux estival entre mai et juin à l’âge de 8-9 mois pour un poids objectif situé entre 380 et 400 kg vifs », explique Jérémy Douhay, chargé d’étude au service production viande à l’Idele.

 
Le système de printemps (P) repose quant à lui sur des vêlages de printemps de mi-février à fin avril afin de faire coïncider les besoins alimentaires du troupeau avec le cycle de pousse de l’herbe. Les veaux ne sont pas complémentés sous la mère entre la naissance et le sevrage. Ils sont sevrés à l’automne et vont passer la période hivernale en bâtiment avec une complémentation qui sera prolongée lors de leur second passage à l’herbe au printemps. Ici, l’objectif est de mettre sur le marché des mâles maigres en tant que taurillons d’herbe qui seront vendus à l’âge de 15 mois pour un poids objectif de vente situé à 450 kg. 

Deux chargements différents

Les deux systèmes sont des systèmes herbagers typiques du bassin allaitant charolais. Le système A compte une SAU de 67,7 ha, une UGB de 81,1 et un chargement de 1,26 UGB/ha. Le système P compte quant à lui une SAU de 76,9 ha, une UGB de 86,4 et un chargement de 1,19 UGB/ha.
 
Pour les deux systèmes, la période de reproduction est de 75 jours. Elle s’étend de novembre à janvier pour le système d’automne et de juin à juillet pour le système de printemps. 
Dans le système d’automne, on retrouve de l’insémination artificielle pour les génisses et une monte naturelle pour les vaches. Dans le système de printemps, la reproduction se fait uniquement par monte naturelle. Dans les deux cas, la proportion est de 70 % de vaches et 30 % de génisses. 

Un taux de gestation qui est plus important pour les génisses 

Le taux de gestation est de l’ordre de 75,2 % pour le système d’automne et de 85,8 % pour le système de printemps. Si le taux de gestation des vaches est de 80 % pour les deux systèmes, celui des génisses en système d’automne est de 65,8 % contre 92,2 % pour le système de printemps.
Au cours des six campagnes, dans le système de printemps, les taux oscillent entre 82,5 % et 95,5 % en fonction des phénomènes climatiques et des événements sanitaires. Sur le système d’automne, il y a une nette amélioration des taux de gestation passant de 64,7 % en 2015 à 95,5 % en 2019 à la suite d’un changement d’alimentation.

« Une ration mélangée a été distribuée aux vaches au moment du vêlage et au début de la mise à la reproduction », détaille Julien Renon, responsable de la ferme de Jalogny.

Concernant les taux de réussite, l’objectif d’un veau vivant/vache vêlée/an a été atteint pour les deux systèmes avec des chiffres proches de 100 en 2019. 

Plus de production dans le système de printemps 

Concernant le bilan de commercialisation, sur une moyenne de six ans, le système d’automne produit 24 740 kg contre 26 008 kg dans le système de printemps. En système d’automne, le gros des ventes se concentre autour des broutards (8-10 mois) et des vaches adultes. Dans le système de printemps, autour des taurillons (15-18 mois) et des vaches adultes. Le poids moyen du bovin vendu se chiffre à 488 kg vifs pour le système d’automne et 505 kg vifs pour le système de printemps. Cet écart s’explique par le fait que le système de printemps met sur le marché des mâles maigres vendus plus âgés. 
 
Concernant la production de viande vive produite par UGB, le niveau est légèrement supérieur dans le système automne avec 288 kg vifs/UGB, contre 277 kg vifs/UGB dans le système de printemps. Ces niveaux de production de viande sont globalement restés stables sur les six années. 
 
En termes économiques, le produit bovin hors aide est plus favorable au système d’automne ramené à l’UGB de l’ordre de 646 €/UGB contre 603 €/UGB pour le système de printemps.

« Lorsque l’on défalque les charges on est systématiquement sur des charges plus élevées sur des systèmes d’automne avec une marge sur charges de 293 €/UGB pour le système d’automne contre 334 €/UGB pour le système de printemps », reconnaît Julien Renon. 

 

Le système de printemps calé sur la pousse de l'herbe

En résumé, le système automne apporte une solution à la production de jeunes mâles maigres durant l’été à condition d’adapter la conduite alimentaire des veaux sous la mère, de bien maîtriser la reproduction et d’exploiter au mieux l’herbe au printemps et à l’automne. 
 
Le système de printemps est plus traditionnel et se cale sur le cycle de la poussée de l’herbe : un bel atout quant à la maîtrise des coûts car les besoins alimentaires des vaches en reproduction et en lactation sont couverts par le pâturage. En revanche, ce système nécessite un nombre de lots plus nombreux à gérer au pâturage. Il dégage des reports de stock qui assurent une certaine sécurité et une bonne adaptation au changement climatique. 

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