Diversifier les fourrages : une clé pour l’autonomie alimentaire des systèmes de polyculture-élevage

Le pâturage tournant et l’optimisation du chargement évitent le gaspillage de l’herbe et libèrent des surfaces supplémentaires pour constituer des stocks de  fourrages / Photo : Léa Fréhel
D’après Jérôme Pavie, responsable du service fourrage et pastoralisme de l’Institut de l’élevage, optimiser et diversifier la production fourragère améliorent l’autonomie alimentaire des systèmes en polyculture-élevage. Interrogé lors d’une webconférence, cet expert souligne des points stratégiques à repenser pour anticiper le risque climatique qui pèse sur les cultures fourragères.

« En France, la moyenne de production d’une prairie avoisine les six tonnes de matière sèche par hectare et par an. Cette moyenne est en dessous du potentiel moyen. Dans des conditions très favorables, certaines prairies peuvent produire jusqu’à quinze tonnes de matière sèche », a déclaré Jérôme Pavie, responsable du service fourrage et pastoralisme de l’Institut de l’élevage, lors d’une webconférence organisée par la société Timac agro.

Mieux exploiter l’existant

Lors de cette conférence, intitulée « L’autonomie alimentaire de demain », cet expert a rappelé l’intérêt de l’autonomie alimentaire pour sécuriser les élevages :
« Avant de tout vouloir changer dans une exploitation, atteindre plus d’autonomie passe déjà par exploiter au mieux l’existant », indique Jérôme Pavie.
Il propose plusieurs pratiques pour limiter les pertes de fourrages à l’échelle de l’exploitation.
À lire aussi : Quelques règles simples de pâturage.

Optimiser le pâturage améliore l’autonomie alimentaire

Le pâturage tournant et l’optimisation du chargement évitent le gaspillage de l’herbe et libèrent des surfaces supplémentaires pour constituer des stocks de fourrages.
Des surfaces additionnelles comme les vergers et les bois pâturés doivent, elles aussi, être exploitées.
Une autre piste est d’allonger les périodes de pâturage en automne et en hiver, si les conditions de portance et les températures l’autorisent.
« L’exploitation des prairies va changer en raison du réchauffement climatique, prédit Jérôme Pavie. Nous connaîtrons des périodes estivales plus rudes, plus intenses et encore moins productives que celle que nous connaissons. Ces changements climatiques induiront également des phases plus productives au printemps et à l’automne. »

Les éleveurs doivent s’adapter aux changements climatiques

Ces incertitudes climatiques complexifient la recherche d’autonomie. Des accidents climatiques, les éleveurs en ont toujours connu ; pourtant les phénomènes observés sont plus intenses et réguliers qu’autrefois. Face à ces aléas, Jérôme Pavie affirme que la diversification est une stratégie payante.

Diversifier ses sources de fourrages pour limiter les risques

« On ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Gérer le risque climatique passe nécessairement par la diversité », assène Jérôme Pavie. Les éleveurs doivent revisiter leurs assolements en vue de diversifier la production d’aliments.
Il convient d’intégrer, en plus des prairies, des cultures annuelles, des dérobées et de ne pas oublier les cultures à double fin. D’après Jérôme Pavie, l’agroforesterie et le pastoralisme peuvent aussi être envisagés.
« La diversification consiste à multiplier le type de prairies au sein d’une exploitation. Ainsi, un éleveur peut répartir la production tout au long de l’année », déclare l’expert de l’Institut de l’élevage. Le fond prairial détermine la précocité des prairies, mais aussi leur résistance à la sécheresse et même leur rusticité.
Pour Jérôme Pavie, plus une exploitation dispose de prairies spécifiques, c’est-à-dire dont les espèces dominantes diffèrent d’une prairie à l’autre, comme le ray-grass anglais, le trèfle blanc ou encore la fétuque, le brome, le dactyle, plus elle est résiliente aux aléas climatiques.
À lire aussi : De multiples adaptations possibles face à la sécheresse

Récolter, dès le printemps jusqu’à la fin de l’été

La diversité des récoltes réduit le risque climatique pour chaque culture. Pour cette raison, Jérôme Pavie conseille d’échelonner les dates de récoltes :
« Par exemple, au printemps, un ensilage d’herbe peut être suivi d’un enrubannage et se prolonger tout l’été avec la récolte de foin et des plantes annuelles comme le maïs et les betteraves. Un affouragement en vert peut aussi être pratiqué. »

L’autonomie : un enjeu économique, mais pas seulement

D’après l’expert de l’institut de l’élevage, un aliment autoproduit coûte moins cher qu’un aliment acheté. Toutefois, le critère économique n’est pas le seul avantage.
« La recherche d’autonomie se conjugue souvent avec une efficacité environnementale car les systèmes autonomes consomment moins d’énergies et souvent moins d’intrants, ajoute Jérôme Pavie. De plus, il n’y a pas plus serein qu’un éleveur dont les cellules et les silos sont pleins avant l’hiver. »
 

Cultures fourragères

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15