La reprise d’Entremont par Sodiaal a entraîné, en quelques mois, quelques 4 000 producteurs du secteur privé vers le modèle coopératif. Un vrai défi comme le confie Jacques Caillaud, directeur de la communication de la 1re coopérative laitière française:
"C’était un pari risqué. Dans notre environnement, beaucoup de personnes pensaient que la reprise de cette entreprise privée en difficulté serait compliquée. Cependant, nous savons que pour être compétitif aujourd’hui, il faut être présent sur tous les marchés. Entremont nous a permis d’accéder à d’autres métiers du lait comme les pâtes pressées ou le lactosérum."
Une reprise, pas un démontage
En effet, en 2010, Entremont n’est pas un concurrent direct de Sodiaal. Il est même complémentaire aux activités de la coopérative. Ce serait d’ailleurs une des raisons de la réussite du projet selon Jacques Caillaud:"Il n’y avait pas de compétition entre les unités de production des deux entités. C’était une reprise, pas un démontage de l’outil."
La coopérative s’est donné les moyens de réussir totalement l’intégration d’Entremont. Quatorze groupes de travail composés d’élus et de salariés de Sodiaal Union ont été tenus l’année précédant la reprise. De la comptabilité à la RH, tout a été étudié et remodelé pour que le projet aboutisse le plus rapidement possible et dans les meilleures conditions.
D’ailleurs, peu de salariés d’Entremont ont perdu leur poste. Une usine dans l’Ain et un atelier d’emballage ont été fermés et 60% des salariés ont été replacés dans les filiales du groupe Sodiaal. Cependant, il restait encore à convaincre les 4 200 producteurs d’Entremont d’adhérer au modèle coopératif qu’ils connaissaient peu… ou pas toujours positivement.
Les producteurs parlent aux producteurs
Jacques Caillaud se rappelle:"Il y avait eu l’épisode Unicopa, une coopérative qui s’était rapprochée d’Entremont quelques années auparavant. À peu près 20% des producteurs en venaient."
"Ce sont les producteurs qui ont parlé aux producteurs", souligne Jacques Caillaud.
Émilie Orieux, responsable communication du groupe détaille le projet proposé:
"Nous avions un projet bien défini à proposer aux adhérents. Il suivait trois objectifs: atteindre une taille critique de l’ordre des grands groupes laitiers européens; être présent sur tous les métiers du lait; et montrer que Sodiaal Union peut remplir son rôle de coopérative leader."
Lors des réunions, d’autres sujets sont abordés, comme les modalités d’adhésion et le projet de redressement d’Entremont. Cette étape a nécessité l’arrivée d’une équipe partiellement nouvelle, explique Jacques Caillaud:
"Ils ont redynamisé la politique commerciale des marques d’Entremont. Des investissements ont été réalisés pour améliorer les performances industrielles et la situation financière d’Entremont a été assainie. Sodiaal a repris une partie de la dette de l’entreprise."
Six administrateurs bretons au conseil d’administration
Lorsqu’au 31 décembre, les producteurs d’Entremont doivent déposer leurs bulletins d’adhésion à Sodiaal, plus de 94% répondent "oui". En janvier 2011, 4 000 nouveaux producteurs sont collectés par Sodiaal et en juin de la même année, six administrateurs bretons sont élus au conseil d’administration de Sodiaal Union.Justement, cette élection a joué un rôle important, selon Jacques Caillaud:
"Leurs postes leur donnent des responsabilités dans les business units de Sodiaal Union. Ils travaillent donc concrètement sur les affaires du groupe. Ils ont transmis leur vision du monde coopératif aux adhérents en Bretagne. À présent, les producteurs savent que la gouvernance coopérative, ce n’est pas que des mots."
En 2013, elle fusionne avec les Fromageries de Blamont soit 400 nouveaux producteurs et en 2014, avec la coopérative toulousaine 3A soit 2 000 nouveaux producteurs. Aujourd’hui, Sodiaal Union est la troisième coopérative laitière européenne.
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