« La hausse de la production est principalement imputable à la capitalisation du cheptel et à l’amélioration des performances des vaches laitières. La production/VL atteint désormais 10790 kg/an, en hausse de 1 % par rapport à 2019 et de 10 % par rapport à 2011 », indiquait Maria Campos Herrada, analyste Geb-Idele, lors d’une conférence1 de l’Institut de l’élevage consacrée aux marchés nord-américains.
La hausse du prix du lait encourage la productionDes prix du lait orientés à la hausse tout au long de l’année (sauf en mai) ont encouragé la production.
« L’année a toutefois été marquée par une forte volatilité des prix. Ces derniers ont connu un effondrement de 20 % entre mars et avril, passant de 397 dollars /t à 317 dollars US /t. La moyenne annuelle en 2020 s’établit à 403 dollars/tonne, soit 2 % en dessous du niveau atteint en 2019. Les modalités de fixation des prix, la fermeture de la RHD, le bond de la demande en lait conditionné et en beurre, et les exportations dynamiques expliquent cette évolution. »
« Mais l’évolution erratique de cette marge sur coût alimentaire a fragilisé un grand nombre d’exploitations, ce qui explique le nombre important d’arrêts d’activité. Malgré tout, la production a été relancée et encouragée. »
En 2021, la croissance de la production laitière se poursuit aux États-Unis. La production demeure très dynamique, avec pour le premier trimestre, 34,5Mt de lait, soit + 2,5 % par rapport à la même période de 2020.
« On observe quelques signes d’engorgement du marché, que la reprise des exportations et la réouverture de la restauration hors domicile RHD permise par le déconfinement devraient dissiper. »
La demande booste les prix
La demande domestique et à l’export a fortement boosté les prix en 2020. La consommation, à 273 kg eq. lait /an/ habitant, restée stable sur l’année, a notamment été soutenue par des programmes d’aide alimentaire.Les réseaux de commercialisation ont été chamboulés. Alors que le pays est excédentaire en matières protéiques et déficitaire en matières grasses, la consommation de matières grasses a été supérieure de 2 % par rapport à 2019, celle de matières protéiques inférieures de 1%. La fermeture de RHD a eu un impact important, car ce réseau absorbe à lui seul 50 % des volumes de fromages et entre 40 et 60% des volumes de beurre produits.
Une hausse de la valeur exportée
La hausse de la valeur exportée s’est poursuivie en 2020. Sur l’année, les États-Unis ont exporté pour 7,1 milliards de dollars de produits laitiers, soit + 10 % par rapport à 2019, une hausse qui concerne toutes les catégories de produits, notamment la poudre maigre ( + 22 %), la poudre de lactosérum (+ 14 %) et les fromages ( + 3 %).
En volume, l’évolution est analogue. En 2020, les États-Unis ont exporté 2,7 millions de tonnes de produits laitiers, notamment de la poudre de lactosérum (+ 24 %), de la poudre maigre (+ 16 %) et des caséines (+1 %). Les fromages sont la seule catégorie à avoir vu les expéditions reculer (- 1%), avec 238 000 t exportées sur l’année.
L’Asie, un client de poids à l’exportation
Malgré la ratification en 2020 du traité de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada (ACEUM), les exportations nord-américaines n’ont pas décollé. « Cela s’explique en partie par la dévaluation du peso et la baisse du pouvoir d’achat mexicain qui ont freiné les importations de produits laitiers, notamment en provenance des États-Unis. » Les envois vers le Canada sont restés stables.Dans le détail, les principaux clients à l’exportation sont le Mexique et le Canada. Mais l’Asie du Sud-Est et la Chine deviennent de plus en plus des clients importants.
« En 2020, les expéditions vers l’Asie se sont envolées, avec 3 milliards de dollars exportés, soit une progression de 23 % par rapport à 2019. Après deux années de guerre commerciale avec la Chine, les exportations de produits laitiers vers ce pays ont repris : + 47 % par rapport à 2019 et + 1 % par rapport à 2017. Au total, on compte 590 millions de dollars exportés vers la Chine. »
Finalement, les stocks de produits laitiers sont plutôt en hausse en 2020, notamment ceux de poudre de lait écrémé (+ 7 % par rapport à 2019) et de beurre (+ 20 %). Les stocks de fromages sont restés stables.
« Avec une poursuite de la croissance de la collecte laitière, une progression du cheptel, des exportations en hause, une demande domestique soutenue … En 2021, la filière laitière américaine tourne déjà la page de l’épisode de crise sanitaire », a conclu Maria Campos Herrada qui a toutefois évoqué plusieurs points d’incertitude, comme l’évolution du prix de l’aliment et la durabilité de la filière américaine compte tenu des attentes sociétales liées à la protection de l’environnement.
(1) Conférence organisée dans le cadre du cycle de webinaires « Marchés mondiaux du lait et de la viande ».
