Grands troupeaux étrangers : quelles structures ?

En France, le seuil des 100 vaches est souvent évoqué pour définir un troupeau de grande dimension. Photo: N. Tiers/Pixel image
Organisation de la main-d’œuvre, du travail, capitaux: le développement des grands troupeaux pose de nombreuses questions sur les changements structurels des exploitations laitières.

Grâce au réseau International Farm Comparison Network (IFCN), Benoît Rubin et Jean Reuillon de l’Institut de l’élevage ont pu comparer les caractéristiques de grandes exploitations dans huit bassins laitiers: Danemark, USA (Wisconsin), Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, République Tchèque, Italie, Allemagne et Pays Bas. Ils ont présenté cette étude aux journées "Marchés mondiaux" organisées les 3 et 4 juin par l'Institut de l'élevage.

Des définitions différentes d'un "grand troupeau"

L’évolution de la taille des troupeaux dépend de l’histoire et de la dynamique du pays. Ainsi, la définition d’un "grand troupeau" diffère selon les bassins laitiers. Les deux chercheurs ont demandé à leurs homologues de définir la taille d'un troupeau moyen et d'un grand troupeau dans leurs pays. 
 
  N-Z Rép. Tchèque USA (Wisconsin) Royaume-Uni Danemark Pays-Bas Allemagne Italie
Taille d’un troupeau moyen (vaches) 390 80 80 100-150 100-200 86 30-100 40-90
Taille d’un grand troupeau (vaches) 1100 730 500 300-400 240-320 180 120-250 100-200















En France, le seuil des 100 vaches est souvent évoqué pour définir un troupeau de grande dimension selon Benoît Rubin. Dans les autres pays, les ordres de grandeurs sont très différents. Par exemple, en République Tchèque, en Allemagne de l’Est et en Grande-Bretagne, les "grands troupeaux" sont une part de l’histoire de leur élevage.

Au contraire, aux Pays-Bas et en Italie, les tailles des grands troupeaux sont plus proches des dimensions françaises mais dans des proportions plus importantes (15 à 25% des troupeaux comptent plus de 100 vaches).

"On gère des hommes"

Si les tailles moyennes sont différentes, les spécificités des grands troupeaux se dégagent dans l’organisation du travail, le capital, les équipements et le type de conduite. Tout d’abord, dans la plupart des pays, le travail repose sur les salariés qui parfois même sont managers. En effet, la question du management en grand troupeau est centrale pour Benoît Rubin:

Quand on a moins de 150 vaches, on gère des vaches. Quand on a plus de 150 vaches, on gère des hommes. La capacité des éleveurs à gérer de la main-d’œuvre est une des conditions de réussite des grands troupeaux laitiers.

Plus d’animaux nécessitent plus d’équipement. Or, le niveau d’équipement engendre une augmentation du montant investi par vache. Les investissements sont donc raisonnés en fonction de la main-d'oeuvre disponible et du type de conduite.

Selon l’étude, les robots de traite sont peu présents dans les grands troupeaux étrangers. Les éleveurs leur préfèrent les salles de traite classiques ou rotatives. D'autre part, les experts du réseau IFCN ont remarqué une intensification fourragère dans les pays comme l'Allemagne et en général l'abandon ou la diminution du pâturage. 

Structures fragiles

Le financement des exploitations laitières de grande dimension est essentiellement bancaire à part en Nouvelle-Zélande et aux USA où des investisseurs privés sont parfois présents. Selon l'enquête, ces grandes exploitations ont une bonne rentabilité. Cependant, leurs structures sont fragiles appuie Benoît Rubin:

Si les performances éco-techniques ne sont pas maîtrisées, l’augmentation des volumes peut avoir des conséquences catastrophiques sur les résultats économiques. Il n’est pas pertinent d’envisager une économie de charges: les investissements par 1 000 litres ne sont pas moins élevés.

Généralement, ces agrandissements s’accompagnent d’investissements plus importants par vache laitière comparés aux exploitations moyennes. La dépendance financière de ces grandes exploitations génère ainsi une augmentation des coûts.

L’avantage économique des grands troupeaux reposerait plus sur une productivité du travail supérieure que sur une meilleure rémunération par unité de lait produit ou une économie d’échelle. Cette productivité du travail amplifiée est due à une plus grande spécialisation des productions et des tâches, à l’automatisation et à la délégation.
 
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