La Chine tire le marché international

La Chine est aujourd'hui le quatrième producteur mondial de viande bovine et le premier importateur. CP : Alexander Sánchez/Adobe Stock
Si la production de viande bovine chinoise progresse, elle ne suffit plus à répondre à la demande croissante de la population. La Chine est donc désormais le premier importateur mondial de viande bovine, le Covid-19 n’a pas freiné les importations.

« La consommation de viande bovine en Asie est faible : alors qu’elle est de 23 à 24 kgéc (kg équivalent carcasse)/hab/an en France, elle est de 6,8 kgéc en Chine (+ 38 % en dix ans), de 10 kgéc au Japon et entre 2 et 3 kgéc aux Philippines. En Chine, la viande bovine est essentiellement consommée en zone urbaine et dans la restauration hors foyer », introduit Jean-Marc Chaumet, économiste à l’Institut de l’élevage, à l’occasion d’un webinaire organisé par l’institut le 10 juin dernier.

La production de viande bovine a une histoire récente en Chine : elle a décollé dans les années 1980, a connu une stabilisation à partir de 2010, et réaugmente depuis 2017. Désormais, elle est le quatrième producteur de viande bovine. En revanche, en parallèle, le cheptel bovin ne progresse plus depuis 2012. En 2019, il comptait 91 millions de têtes, dont 15 millions d’animaux laitiers. Le pays voit le prix des animaux gras et maigres à la hausse. Les prix à la consommation sont également très élevés.

« En 2019, la viande bovine était en moyenne à 9,4 euros/kg, en hausse de 12 % par rapport à 2018. La viande bovine est redevenue la viande la plus chère. L’écart de prix entre la viande bovine et la viande porcine s’est considérablement réduit en 2019. Suite à la fièvre porcine africaine, il y a eu une incitation à consommer de la viande bovine. Certaines régions de Chine ont manqué de viande porcine », observe Jean-Marc Chaumet.

La production chinoise ne suffit plus

La production chinoise augmente, mais ne suffit pas à répondre à la demande croissante en viande bovine. La Chine est aujourd’hui le premier importateur mondial de viande bovine, concentrant entre un cinquième et un quart des importations mondiales de viande bovine.

« Les échanges internationaux ont augmenté de 8 % en 2019, dont 90 % ont été captés par la Chine », pointe Jean-Marc Chaumet.

La Chine ouvre de plus en plus ses frontières à la viande bovine : quatorze pays étaient autorisés à exporter vers le pays en 2018, ils sont 26 en juin 2020. Et surtout, le nombre d’abattoirs agréés dans chaque pays est en hausse. Désormais les importations représentent 30 % de l’offre en viande bovine en Chine.

« Cette dépendance aux importations n‘est pas un problème. La viande bovine n’est pas un produit stratégique. Cette mise en concurrence est même vue comme un moyen d’améliorer la production locale », indique Jean-Marc Chaumet.

Cinq pays exportent aujourd’hui vers la Chine continentale : deux tiers des importations viennent du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay, et 30 % de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Les volumes sont limités pour les 21 autres pays exportant vers la Chine. En 2019, l’Union européenne a exporté 12 500 tèc, dont 9 088 tèc pour l’Irlande, et 447 téc pour la France. Les importations illégales en provenance d’Inde et du Myanmar sont en recul.

Des importations toujours en hausse en 2020

Le Covid-19 n’a pas freiné les importations de viande en Chine. Sur les quatre premiers mois de l’année, les importations ont augmenté de 53 % par rapport à la même période en 2019.

« Les envois des fournisseurs ''secondaires'' sont également en hausse, il n’y a aucune perturbation sur le début d’année. L’Irlande était bien partie, mais les exportations ont été suspendues suite à un cas ESB, ça devrait être temporaire. La viande russe commence à arriver, et la France a déjà exporté 640 tèc, dépassant déjà le tonnage 2019. »

Les États-Unis ont exporté 4400 tèc sur les quatre premiers mois. Depuis le mois de janvier, les États-Unis peuvent exporter des animaux de plus de trente mois vers la Chine, et le nombre d’abattoirs agréés a augmenté. Par ailleurs, la Chine s’est engagée à acheter un certain nombre de produits agricoles états-uniens en 2020.

« Pour 2020, il y a peu de données sur la production nationale en Chine. Les prévisions donnent des résultats stables ou en recul. Les flux illégaux continueraient de reculer. La consommation de viande bovine serait en hausse, mais dont l’ampleur dépendra de l’écart de prix avec le porc et de la situation économique du pays. Plusieurs millions de migrants seraient retournés dans leur campagne faute d’emploi. Au niveau des importations, il y aura une probable hausse des envois états-uniens sur le second semestre. La Chine s’inquiète du manque d’offres dans les pays fournisseurs », conclut Jean-Marc Chaumet.

 
Viande bovine : la nouvelle arme économique chinoise ?
Mi-mai, la Chine a suspendu les importations de viande bovine en provenance de quatre fournisseurs australiens : « Officiellement suite à des infractions concernant l’étiquetage et les certificats sanitaires. Mais il y a des tensions politiques, sur fond d’enquête de l’OMS : l’Australie et les États-Unis ont demandé une étude sur la gestion du Covid-19 par la Chine. Cette dernière a également augmenté ses droits de douane pour l’Australie », explique Jean-Marc Chaumet. Une situation qui pourrait avoir des conséquences sur les importations chinoises en 2020.
 
 
 

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