Dans les conditions actuelles, on ne peut pas inciter les agriculteurs à monter des unités de méthanisation. La rentabilité des installations n'est pas assurée.
En cause, entre autres, des conditions et des parcours réglementaires complexes, souvent inadaptés, et une fiscalité pénalisante, innaproppriée et sans aucune lisibilité.
Alain Guillaume regrette :
Les règles du jeu changent en permanence. La fiscalité met à mal l'avenir des unités de méthanisation. Il n'est aujourd'hui pas possible d'amortir nos outils sans soutien financier. Les engagements et les garanties bancaires sont, par ailleurs, difficiles à obtenir.
Des grosses réparations, plus tôt que prévues
Le retour d'expériences des 50 agriculteurs pionniers en France, fait apparaître des résultats économiques très variables, montrant une rentabilité difficile à atteindre. Dans certains cas, la situation est tendue, voire dégradée.
Philippe Collin annonce :
Certains agriculteurs enquêtés sont dans l'incapacité de rémunérer le travail des associés, sauf si l'exploitant ne réalise pas de provisions pour aléas.
Le constat est sans appel : les coûts de production et de maintenance sont sensiblement au-delà des prévisionnels, les frais pour grosses réparations apparaissent bien plus tôt que ce qui avait été annoncé par les constructeurs ou les installateurs. Les opérations de maintenance représentent, par ailleurs, des interruptions de production, et donc une perte de chiffres d'affaires. Un aléa qu'il faut provisionner, tout comme les frais pour grosses réparations.
Ne pas dépasser 7 000 €/KWe
Pour les Agriculteurs Méthaniseurs de France, l'amélioration de la rentabilité des exploitations passe, entre autres, par la maîtrise des coûts d'investissements.Phillipe Collin insiste :
Au départ, le niveau d'investissement doit être raisonnable. Au-delà de 6 à 7 000 €/KWe, il y a danger. On a absolument besoin d'une filière française d'équipementiers. C'est la condition pour avoir des équipements au meilleur prix et un meilleur suivi. Les pionniers se sont appuyés sur des fournisseurs et équipementiers principalement allemands. La relation après démarrage des unités peut devenir difficile.
L'exploitant doit, par ailleurs, avoir une très bonne maîtrise technique de son outil, pour lui permettre de faire du chiffre d'affaires en maximisant les performances du méthaniseur. Ca passe par la formation et l'accompagnement.
Phillipe Collin :
Il faut aussi lui assurer un prix maximum au KWatt. Il est nécessaire d'apporter de revoir les critères d'accès au prix et de les appliquer à l'ensemble des contrats en place.
Alain Guillaume conclut :
La méthanisation a plein d'atouts. Mais il faut mettre les moyens en face pour pouvoir la développer.
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