« Il y a beaucoup de passion dans les débats autour du bien-être animal (BEA). Il faut de l’empathie, mais il faut aussi de la science », a introduit Michel Baussier, Dr vétérinaire et président d’honneur du Conseil national de l’ordre des vétérinaires.
Alain Boissy, directeur centre national de référence sur le BEA de l’Inrae, a rappelé la définition du BEA telle que décrite par l’Anses en 2018 :
« Le bien-être animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal. »
Une préoccupation à tous les niveaux
Le BEA mobilise également les industriels et la distribution. Carrefour observe une demande croissante de la part des clients mais aussi des actionnaires et des salariés sur cette question.« C’est un sujet très complexe qui touche à la fois l’antibiorésistance, le transport, l’alimentation, le sanitaire... Nous adaptons les plans de progrès aux différentes filières », explique Séverine Fontaine, directrice qualité filières animales chez Carrefour.
"La notion de BEA entre de plus en plus en compte dans les critères d’achat. Mais le prix reste un élément important pour une partie des concitoyens", pointe Hervé Guyomard, chercheur à l’Inrae et président du LIT Ouesterel.
« Aux États-Unis, il existe des aides à la consommation sous forme de coupons. Mais cela suppose qu’on revoit la manière dont on intervient sur la PAC pour soutenir à la fois l’agriculture et l’alimentation. »
Accompagner les surcoûts
« Les filières agricoles sont engagées en faveur d’une amélioration des pratiques d’élevage, toutes filières confondues », rappelle Christiane Lambert, président de la FNSEA.
« Les éleveurs ont à cœur le bien-être de leurs animaux. C’est une évidence qu’il faut rappeler. Le citoyen veut plus de BEA, nous l’entendons. Mais ça coûte plus cher. Il faut pouvoir accompagner ces surcoûts », estime Christiane Lambert.
« Une transition ça a un coût. On doit l’accompagner. Mais l’État ne peut pas tout prendre en charge sur cette question du coût. Plus vite on améliore la rémunération de l’éleveur, plus vite on augmente la capacité d’investissement des éleveurs, plus vite on améliore le BEA. Le premier à vouloir le BEA, c’est l’éleveur », appuie Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.
« Nous sommes face à un sujet d’une extrême complexité. Il faut faire attention à ce qu’il ne soit pas traité uniquement sous le sceau de l’émotion mais aussi de la raison. Que vous soyez éleveurs, association, parlementaire... il y a une volonté collégiale d’avancer sur le sujet, même s’il y a des différends sur la façon de faire. La maltraitance ça se combat, le BEA ça s’accompagne, mais pas avec des injonctions », a conclu Julien Denormandie.