Le coronavirus bouscule le Mercosur

 2019 a été une année record pour l'export de viande en Argentine et au Brésil. Près de la moitié des exportations du Mercosur ont fini en Chine. CP : Reisegraf/Adobe Stock
Si les pays du Mercosur ont exporté toujours plus en 2019, ils sont aussi empêtrés dans une crise économique et/ou politique. Et le coronavirus bouscule les perspectives pour 2020.

Économiste à l'Institut de l'élevage, Baptiste Buczinski a dressé un état des lieux de la situation dans les pays du bloc sud-américain à l'occasion d'un webinaire sur les marchés mondiaux de la viande, organisé le 28 mai par l'Institut de l'élevage.

La Mercosur compte cinq pays adhérents parmi lesquels quatre pays exportateurs dans le top 10 mondial : le Venezuela, le Paraguay, l’Argentine et le Brésil.

« Le bloc sud-américain était en difficulté bien avant la crise sanitaire. L’Argentine est de nouveau en crise avec une inflation historique (+ 54% en 2019), et l’état d’urgence alimentaire a été décrété en septembre dernier. Le pays est au bord de la banqueroute, selon le FMI. Le Brésil a connu une croissance positive en 2019, mais elle reste décevante malgré l’arrivée de Bolsonaro. Le Brésil connaît une crise politique liée à la gestion du pays. Et la situation du Venezuela voisin continue de se dégrader », introduit Baptiste Buczinski.

En 2019, le Brésil et l’Argentine ont à nouveau tiré la production du bloc.

« Le bloc sud-américain a produit 14 millions de tec (tonnes équivalent carcasse) en 2019, soit un quart de la production mondiale, et a exporté 3,7 M tec, soit 40 % des échanges mondiaux de viande bovine. C’est un nouveau record absolu », affirme Baptiste Buczinski.

La production brésilienne poursuit sa croissance

Au Brésil, l’essentiel de la croissance s'est fait sur les dernières années, par intensification de la production dans le Centre-Ouest et par avancée sur le front pionnier (nord du Centre-Ouest et Nord). La production augmente pour toutes les catégories à l’exception des vaches. Les animaux sont abattus plus jeunes et plus lourds, en lien avec la politique commerciale de l’industrie.

« La production augmente aussi parce que les prix sont restés incitatifs en 2019, notamment en vif. Le jeu des monnaies fait que la viande bovine reste compétitive sur le marché international. »

La production est également en hausse en Argentine. Après une première décapitalisation en 2018 suite à la sécheresse, le pays en a connu une deuxième à cause de la crise. Les éleveurs ont vendu des animaux pour avoir de la trésorerie. Autre marqueur de la crise : les exportations ont augmenté en 2019 au détriment de la consommation domestique.

« Pour 2020, et en l’absence d’accident climatique, la production devrait diminuer en Argentine et en Uruguay. Elle reprendra au Paraguay (fin de la recapitalisation) et poursuivra sa croissance au Brésil. »

Des perspectives limitées en 2020

La croissance a été très modérée dans la zone en 2019, notamment en Argentine, le pays étant empêtré dans la crise. La consommation domestique est en difficulté dans l’ensemble des pays du bloc, et les perspectives pour 2020 s’assombrissent. La zone est mise à mal par le coronavirus.

« Selon le FMI, la zone va entrer en récession. Cela va avoir un impact sur la consommation domestique et sur le disponible exportable. L’export devrait être encore privilégié en 2020, mais les disponibilités sont plus limitées en Argentine et en Uruguay », observe l’économiste.

Depuis le début de l’année, les exportateurs sud-américains ont lancé plusieurs alertes sur le non-respect des commandes déjà signées ver l’Union européenne. L’Argentine ne remplira pas le contingent Hilton.

« Le marché brésilien est resté ferme jusqu'à fin avril. Mais les prix brésiliens reculent car le réal dévisse. Depuis fin avril, la situation du Brésil se complexifie. L’Amérique latine est le nouvel épicentre de la pandémie. Il y a eu plusieurs fermetures d’abattoirs liées au coronavirus. Les impacts du coronavirus sont à venir, estime Baptiste Buczinski. Les pays clients sont arrivés en confinement mi-mars. On devrait voir les effets en mai ou en juin. Les difficultés que vont rencontrer les entreprises au Brésil vont se faire sentir à la fin du premier semestre voire au deuxième semestre. »

 
 Un record d’exportations vers la Chine
« La Chine confirme année après années son intérêt pour viande du Mercosur. En 2019, la Chine et Hong Kong ont concentré 48 % des exportations des quatre pays (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Près de la moitié des exports du Mercosur ont fini en Chine », observe Baptiste Buczinski.
 
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