L’agriculture figure parmi les priorités du gouvernement kazakhstanais pour diversifier son économie et atteindre l’autosuffisance alimentaire. Le ministère de l’Agriculture a lancé en 2013 un programme gouvernemental ambitieux, baptisé Agrobusiness 2020. Il est destiné à valoriser le potentiel d’élevage du pays et à diversifier les exportations de viande bovine et de céréales. Sur la période 2014-2016, 590 millions d’euros sont ainsi dévolus au secteur de l’élevage.
3 000 femelles génotypées sur trois ans
Parmi les projets en cours figure le développement de la génomique, porté par KazAgroInnovation (KAI), un institut public de recherche et transfert vers les agriculteurs, en collaboration avec différents acteurs de la filière génétique française, en particulier l’Inra, l’Institut de l’élevage et Allice. Les spécialistes français apportent leur expertise et leur savoir-faire pour adapter le principe de la sélection génomique telle que développée en France aux conditions locales d’élevage et de recherche.Clotilde Patry d'Allice explique :
Le Kazakhstan prévoit de constituer sa propre population de référence femelle. En l’absence d’historique d’évaluation génétique classique et donc sans référence pour les taureaux d’insémination utilisés par le passé, ils n’ont d’autre choix.
Le pays s’est fixé comme objectif de génotyper et phénotyper 3 000 femelles sur trois ans. KAI s’appuie, pour cela, sur un réseau de grandes fermes, possédant entre 1000 et 4000 vaches.
Difficile collecte des phénotypes
Clotilde Patry observe :Le génotypage n’est pas ce qui pose le plus de difficultés. Les kazakhstanais ont appris à extraire l’ADN et les analyses sont réalisées en France. La collecte des performances des animaux est en revanche plus délicate. Les données n’ont pas été collectées de la même manière dans les différentes fermes.
Le principal défi du Kazakhstan, aujourd’hui, est d’enregistrer les performances des animaux de manière homogène entre les fermes et sur la base des standards internationaux, puis de centraliser les informations d’identification et de performances dans une base de données avant de les relier aux données de génotypage.
Clotilde Patry reconnaît :
Les Kazakhstanais pensaient au départ que la génomique c’était juste du génotypage. Mais sans les performances, le génotypage n’est rien. La désillusion est grande. Mais ce premier travail leur a fait prendre conscience de l’importance de collecter les performances. Le chantier est encore grand et va demander une mobilisation, sur le long terme, de tous les acteurs locaux impliqués dans la mise en place de la sélection génomique. On ne peut que les encourager.
5 millions de tonnes de lait par an
Le Kazakhstan compte plus de 2 millions de vaches, dont un tiers de laitières qui produisent
5 millions de tonnes de lait par an, en progression de 5% par an.
Clotilde Patry explique :
Les grosses exploitations de plus de 800 vaches laitières étaient monnaie courante dans les années 80. Mais beaucoup ont disparu après la chute de l’URSS. Si les petits élevages avec moins de cinq vaches produisent désormais 90 % du lait du pays, il reste quelques gros élevages, avec plusieurs milliers d’animaux, financés, le plus souvent, par des investisseurs étrangers, allemands et canadiens en particulier.
Lire aussi :
Construire un marché unique de la génétique
Voyager pour approfondir ses connaissances agricoles
Flansi lait au Québec : des chiffres et du lait
