Le Moyen-Orient bientôt à la recherche de luzerne

Les acheteurs saoudiens exigent un fourrage avec un haut taux de protéines et un niveau de NDF inférieur à 39%. Photo : D.Bodiou/Pixel image

Lors d’un conseil des ministres saoudien en octobre 2016, a été validée l’interdiction de produire des fourrages irrigués avec de l’eau issue de forages à partir du 1er janvier 2019. Ce qui signifie la fin de la luzerne dans le pays. Or, la luzerne couvre actuellement 236 800 hectares en Arabie saoudite, soit 28% de la surface agricole. Elle représente aussi 50% des 7 millions de tonnes nécessaires à l’alimentation de 500 000 vaches laitières, 17,5 millions d’ovins et de caprins, 918 000 chameaux saoudiens. Rien que pour l’alimentation des vaches laitières, le pays consomme 1,5 millions de tonnes de luzerne par an.
 
La luzerne est cependant très consommatrice en eau. 13,4 des 20 milliards de mètres cubes d’eau consommés par l’agriculture le sont pour l’irrigation de la luzerne. En prévision de l’interdiction, les acteurs agricoles cherchent des alternatives régionales et mondiales. Khalid Al-Aquil, directeur de Nadec Dairy Farm, deuxième plus grosse unité de production de produits laitiers en Arabie saoudite, présente les pistes de réflexion :

Dès que l’interdiction entrera en vigueur, nous serons dans l’obligation d’importer nos besoins en luzerne, qui s’élèvent à 185 000 tonnes par an. Nous travaillons actuellement à deux schémas alternatifs. Le premier consiste à la réalisation d’investissements directs dans les pays voisins de l’Arabie saoudite afin de cultiver des fourrages. Nous avons d’ailleurs entamé des travaux en la matière. Le second vise à signer des contrats à long terme avec des fournisseurs de différents continents pour couvrir les risques existants.

 

L'Europe, une région privilégiée

Avant d’aller plus loin, il est utile de rappeler que la société Nadec ne compte pas moins de 75 000 têtes de bétail sur un site, dont 35 000 vaches laitières qui produisent en moyenne 36 l/j de lait chacune. La société Nadec tient à maintenir ce niveau de performance, voire à l’augmenter. La croissance de la consommation de produits lactés en Arabie saoudite atteint 5% chaque année. Pour suivre le rythme, Khalid Al-Aquil mise sur une augmentation de la production individuelle des vaches laitières jusqu’à 42 l/j/VL en moyenne sur l’année. Ce qui nécessite donc des fourrages de grande qualité. La luzerne n’y échappe pas ! Les critères d’achat sont très stricts :

D’un point de vue physique, la couleur, l’odeur, la présence d’autres espèces que la luzerne dans le foin sont regardés de près. Du côté des propriétés chimiques, les acheteurs saoudiens exigent un fourrage avec un taux de protéines supérieur à 20% et un niveau de NDF (Neutral Detergent Fiber) inférieur à 39%.

 
Des exigences sur lesquelles la filière luzerne travaille déjà afin de profiter de ce marché qui s’ouvre à elle. D’autant que l’Europe est la région privilégiée par les acteurs du marché saoudiens de par sa proximité géographique, qui permet des coûts logistiques moindres. Même si la luzerne séchée naturellement reste le premier choix du pays, la luzerne déshydratée peut tirer son épingle du jeu grâce à la largeur de son offre produits !
 
 
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