Le secteur européen de l’élevage s’interroge sur la viande synthétique

Une transition vers de la viande 100 % synthétique : quelles conséquences ? ©nevodka.com/AdobeStock
Dans une récente Tribune, European Livestock Voice1, fait part des opinions du secteur européen de l’élevage concernant les récents appels en faveur de la viande de synthèse.
 
Le groupe de partenaires européens observe, à l’approche du sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, une montée en puissance des discours favorables à la viande synthétique, produite en laboratoire.
Comme ils l’expliquent :

« Les leaders d’opinion promouvant la viande synthétique proclament d’une même voix que la science est très claire en ce qui concerne l’avenir de l’élevage. Ils semblent estimer que le débat au sein de la communauté scientifique mènerait, sans équivoque aucune, à soutenir la fin de l’élevage. Cette vision est également promue par certains médias, mais le vaste corpus de recherches universitaire à ce sujet vient clairement contredire ces allégations. »

Afin de répondre à ces propos, European Livestock Voice rappel que le secteur de l’élevage a su réduire ses émissions de CO2 depuis plusieurs années. En 30 ans, d’après leurs chiffres, l’agriculture européenne aurait déjà accru sa production totale de 25 %, tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % sur cette même période, de 1990 à aujourd’hui. 

Les trois conséquences de la viande synthétique 

Dans le cas de la mise en route d’une transition vers une filière viande 100 % synthétique, le groupe de partenaires européens met en évidence trois conséquences. 
La première concernerait la perte de la place de champion de la bioéconomie occupée par l’Europe. En effet, les auteurs rappellent que l’élevage produit à la fois des denrées alimentaires, mais également de nombreux sous-produits.

« Aujourd’hui, 40 % des surfaces cultivées dans le monde utilisent des engrais biologiques issus de l’élevage, indique European Livestock Voice. Une Europe sans élevage signifierait donc une forte augmentation du recours aux engrais synthétiques. » 

Ils mettent également en évidence les autres sous-produits comme le cuir, les ingrédients pharmaceutiques qui peuvent être compliqués à remplacer et engendrer des coûts à la fois économiques, environnementaux et sociaux. 

Une activité concentrée dans quelques entreprises

Deuxième conséquence, celle du devenir des zones rurales et d’une production concentrée uniquement entre quelques entreprises de technologie alimentaire. En Europe, l’élevage est pratiqué dans presque toutes les régions d’Europe. Il contribue, dans l’économie européenne, à la hauteur de 168 milliards d’euros par an, ce qui représente 45 % de l’ensemble de l’activité agricole. Si demain l’élevage vient à disparaître, cela pourrait entraîner un exode rural vers des villes déjà très peuplées. Par ailleurs, si les viandes synthétiques viennent à être mises au point par le biais de brevet, la production sera probablement concentrée.

« Une société misant à 100 % sur la viande synthétique mènerait à la concentration de la production, à sa relocalisation et à la déconnexion avec la nature et les zones rurales, reconnaît European Livestock Voice. De plus, les brevets devraient être partagés avec tout le monde, notamment les pays en développement.» 

Une question se pose sur la réduction de l'empreinte carbone

Dernière conséquence, et pas des moindres, celle de l’empreinte carbone qui ne serait peut-être pas réduite de manière significative. En plus d’un paysage difficile à entretenir sans élevage, la séquestration du carbone dans les sols, se verrait-elle aussi réduite.

De plus : « Jusqu’à présent, l’empreinte carbone de la viande synthétique n’a pas fait l’objet d’évaluations approfondies et cette dernière pourrait s’avérer moins bonne que prévu. »

En tout état de cause, le groupe de partenaires européens, met en avant la capacité du secteur à réduire ses émissions et son impact sur l’environnement qui dépasse largement les résultats que pourraient obtenir les substituts de viande. 

(1) European Livestock Voice, est un groupe pluripartite de partenaires européens qui partage les mêmes idées et qui souhaite rééquilibrer le débat concernant ce secteur qui joue un rôle déterminant pour le patrimoine européen et l'avenir de l'Europe. Parmi les associations impliquées, on retrouve Aniamal Health Europe, Copa-Cogeca, Euro Foie Gras ou encore Fur Europe.

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