"Les agriculteurs n'ont pas besoin d'aides"

Plus de 1700 tracteurs et 7000 agriculteurs se sont rassemblés à Paris jeudi 3 septembre selon la FNSEA. Photo DR
Avec plus de 1700 tracteurs et 7000 agriculteurs qui se sont rassemblés à Paris jeudi 3 septembre selon la FNSEA, la mobilisation des agriculteurs a dépassé les espérances des organisateurs.
Par la voix du premier ministre Manuel Valls, le gouvernement a annoncé un renforcement du plan de soutien du 22 juillet. Il a affirmé que la priorité restait d'enrayer la baisse des prix, et a évoqué les positions qui seront défendues à Bruxelles le 7 septembre.

Les agriculteurs n'ont pas besoin d'aides. Ils veulent des prix qui sont le reflet fidèle de leur travail. En étroite concertation avec les responsables des filières, Stéphane Le Foll maintiendra donc la pression pour que les engagements de hausses de prix annoncés par les industriels et les distributeurs soient tenus.

La veille de la manifestation, la FNPL pointait notamment du doigt Savencia et Lactalis du côté des industriels, et Casino du côté des distributeurs, qui ne respecteraient pas l'accord du 24 juillet prévoyant une revalorisation du prix du lait de 30 à 40 euros/1000 litres.

En attendant que tout le monde veuille bien jouer le jeu d'une juste rémunération des produits agricoles, et que les marchés internationaux redeviennent plus porteurs, le gouvernement n'a donc pas d'autre choix que les crédits d'urgence pour tenter d'apaiser la colère des agriculteurs.

Au programme, suite à la rencontre avec le président de la FNSEA Xavier Beulin et le président de Jeunes agriculteurs Thomas Diemer :
- 100 millions d'euros de prise en charge des intérêts d'emprunts pour 2015
- 50 millions de prise en charge des cotisations sociales
- un report total des annuités de 2015 proposé aux éleveurs
- une dotation supplémentaire pour le fonds d'allégement des charges en 2015 et 2016 pour accompagner la restructuration de la dette des éleveurs
- un alignement de la cotisation minimum maladie sur le régime des indépendants, soit une baisse de 50 millions d'euros des cotisations sociales (soit une baisse de 500 euros pour les plus petites exploitations)
- 350 millions d'euros par an pendant 3 ans de soutien à l'investissement par l'État et les Régions
- 50 millions d'euros de subventions en 2015 pour la modernisation des outils d'abattage découpe.

"Le courage de s'attaquer au cœur du problème"

Manuel Valls a également annoncé une pause concernant les obligations réglementaires jusque février 2016, date à laquelle une nouvelle méthode sera définie, fondée sur la mise en place de tests et l'expérimentation.

Aucune mesure nationale allant au-delà des obligations européennes ne sera prise. Il ne peut plus y avoir de sur-transposition.

Suzanne Dalle, chargée de campagne à Greenpeace France a réagi à cette annonce :

Faire une pause dans les normes environnementales n’aidera en rien à régler la crise dramatique que traversent les éleveurs français. Manuel Valls et Stéphane Le Foll doivent avoir le courage de s’attaquer au cœur du problème : la réforme du modèle agricole. La protection de l’environnement représente une opportunité et non une contrainte.

De son côté, la Confédération paysanne a évoqué un plan de licenciement des éleveurs, la mise sous perfusion d'un système périmé, et a rappelé ses solutions : réorientation des aides, maîtrise de la production.

Bonne nouvelle

Le Premier Ministre a rappelé que la crise agricole était européenne, et a annoncé quelles positions seraient défendues par la France le 7 septembre à Bruxelles à l'occasion du Conseil des ministres de l'Agriculture.

Nous défendrons des mesures à effet immédiat pour faire remonter les prix : relèvement du prix d'intervention du lait, action en faveur de l'exportation, assouplissement de l'embargo sanitaire russe notamment sur le porc. Concernant les négociations sur les accords de libre-échange, l'Europe doit défendre ses intérêts agricoles, promouvoir ses débouchés et éviter toute déstabilisation de ses marchés.

Manuel Valls a réaffirmé l'importance de l'agriculture dans l'économie et la balance commerciale française. D'après lui, malgré les difficultés des filières d'élevage, les exportations vers les pays hors UE ont augmenté de 10% au cours du premier semestre 2015. Autre bonne nouvelle : cet été, Singapour puis le Viêtnam ont annoncé la réouverture de leurs marchés à la viande bovine française.

C'est aussi ce message d'optimisme qu'il faut faire entendre.


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