Les avis des éleveurs partagés

Nathalie Hostiou, zoologiste à l'Inra a présenté ses travaux sur la perception de l'élevage de précision auprès des éleveurs.
Nathalie Hostiou est venue présenter ses travaux sur la perception de l’élevage de précision chez les utilisateurs à Esaconnect, la journée du numérique organisée à l’École supérieure d'agriculture d’Angers le 26 octobre. Selon cette zoologiste de l’Inra,

« Les éleveurs sont partagés quant à l’intérêt de l’élevage de précision au sein de leur ferme. »

Trente exploitations de Bretagne et autant en Auvergne ont été interrogées, les unes sans robot de traite, les autres avec un robot de traite classique et enfin certains avec de nombreux capteurs. Quelques chiffres ressortent de cette enquête et donnent des tendances, le nombre d’agriculteurs contactés étant trop faible pour en donner une généralité. Les exploitations qui utilisent seulement leur robot pour éviter de traire à la main présentent le plus d’hétérogénéité en termes de productivité du travail. L’enquête a montré cependant que la robotique seule engendre une productivité du travail accrue entre les exploitations sans robot de traite et avec robot de traite, indépendamment de la technicité de l’éleveur. Pour ceux qui ont automatisé la traite avec capteurs, ils passeraient 45 minutes par jour devant leur ordinateur. Ce qui montre que l’électronisation des élevages transforme le métier.

« L’éleveur ne traite plus. Il observe ses animaux. La charge de travail physique diminue. » Note la spécialiste.

Mais la charge « mentale » augmenterait-elle ? Ici les avis sont partagés. Pour les uns, l’automatisation rend le travail plus serein et pour d’autres non.

« La charge mentale peut parfois être accrue, signale Nathalie Hostiou, du fait de la complexité des informations à gérer, de la multiplicité des alarmes ou des alertes ou encore des risques de pannes plus fréquents. »

L’organisation du travail change aussi. Les uns regardent d’abord les données sur l’ordinateur et vont ensuite vérifier dans le troupeau. Les autres font le contraire, notamment les femmes. Et certains se fient uniquement aux indications de l’ordinateur. La multiplication des données (au niveau de la traite) permet normalement de prendre plus facilement ses décisions.

« Or, précise Nathalie Hostiou, beaucoup d’éleveurs ne gardent que les principales données. Ainsi, 3%  des analyses seulement sont utilisées. »

Enfin, l’enquête a révélé quelques surprises. Tous les jeunes ne souhaitent pas un robot de traite de précision dans leur exploitation. Pour eux, l’attrait et le contact avec les animaux priment. Dans ce cas, le numérique s’avérerait être un frein. Pourrait-on en conclure qu’une fracture numérique serait en train de s’opérer ? Pour la chercheuse, la tendance pourrait être oui. D’abord au sein même de l’exploitation.

« La personne en charge de la gestion de l’ordinateur ne peut s’absenter de la ferme »,  a-t-elle remarqué.

Dans un autre registre, le wifi ne couvre pas certains secteurs, ce qui est préjudiciable. Enfin, la chercheuse se pose la question pour les exploitations basées sur le modèle agroécologique.

« Seront-elles exclues du numérique ?  Contrairement au système traditionnel, elles ne bénéficient guère jusqu’à présent de capteurs adaptés. »

 
L'École supérieure d'agriculture d'Angers a organisé l'Esaconnect le 26 octobre où 700 participants ont entendu les conclusions notamment de Nathalie Hostiou, zoologiste à l'Inra, sur le ressenti des éleveurs à propos de l'élevage de précision.

Bâtiments et matériel

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15