Les cours des broutards se maintiennent

Malgré l’épidémie de Covid-19, les cours des broutards se maintiennent. CP : C.Lamy-Grandidier/Pixel6TM
À l’inverse du marché des gros bovins et des veaux de boucherie, celui des broutards français se maintient du fait d’une offre limitée et d’un marché italien qui reste dynamique. Néanmoins, les cours restent en dessous de ceux de 2019 pour la plupart des catégories.

« Concernant les charolais de type U de 450 kg, à destination du marché italien, les cours sont très proches de 2019 à 2,52 €/kg, soit 2 cts par rapport à l’année passée, indique Germain Milet, chef de projet conjoncture viande bovine à l’Institut de l'élevage. 

Les cours des limousins mâles de type E de 300 kg marquent le pas, avec un recul de 4% par rapport à 2019. Par ailleurs, le croisé U de 300 kg est aussi en recul de 3 %. Ces baisses de prix s’expliquent par le fait que ces animaux, plus légers, sont davantage exposés au marché espagnol – très engorgé – qu’au marché italien, plus dynamique.  
Concernant les femelles, les limousines de type E de 270 kg arrivent à 2,75 €/kg, soit 1 % de moins que l’année dernière. Les femelles charolaises de type U de 270 kg sont plus à la peine à 2,55 €/kg, soit une baisse de 4 % par rapport à l’année dernière à la même époque. 

Un nombre de naissances en repli

« Si les cours se maintiennent, c’est bien car l’offre de broutards est très limitée en France, explique Germain Milet. Premièrement, nous sommes dans le creux saisonnier des disponibilités. Ensuite, sur 2019-2020, nous sommes sur des volumes d’animaux présents dans les fermes bien inférieurs à 2016, à 2017 et à 2018. »

En effet, la France assiste à une baisse des naissances depuis 2016 qui accompagne l’érosion régulière du cheptel de vaches allaitantes. En 2019, la baisse des naissances est particulièrement importante, avec 3,56 millions de naissances de veaux de races allaitantes, soit 207 000 têtes de moins par rapport à 2018 (- 5,5 %) et - 9,6 % de naissances par rapport à 2016. Cette baisse des naissances se traduit par un stock de mâles de 6-12 mois en repli au 1er avril de 4 % par rapport à 2019 et de 6,5 % par rapport à 2017. Il est particulièrement marqué en charolais et en blonde d’Aquitaine ( -7,5%), avec des baisses moins marquées dans les autres races. 

Une exportation en hausse

« Une autre explication de la bonne tenue des cours des broutards est l’exportation en légère hausse sur le premier trimestre (+0,7 %), chiffre le chargé de projet. Cette hausse s’explique par les exportations de mâles (+1,2 % au premier trimestre). Pour les femelles, les exportations se stabilisent à un bon niveau, car les envois progressent depuis 2016. Actuellement, nous sommes à +2,5 % par rapport 2017. À l’inverse, depuis quelques années, les mâles sont plutôt en repli (-4,5 % par rapport à 2017) et le maintien des volumes passe par les femelles. »

En mars, le confinement n’a pas impacté les exports. Au global, les exportations de broutards depuis la France ont augmenté de 2,5 %, avec une stabilité pour les mâles à + 0,5% et à + 5,5 % pour les femelles.

Exportations toujours importantes vers l'Italie

Depuis mi-mars, sur les semaines 11 à 18, la France a envoyé 18 500 bovins par semaine en Italie. Un nombre très proche de celui de 2019, voire en légère hausse. 

« La rotation dans les ateliers a été favorisée par la bonne consommation de viande en grandes surfaces, précise Germain Milet. De plus, nous savons que les achats de viande issue des broutards français sont globalement réalisés dans les grandes surfaces, mais c’est une dynamique qui est menacée par le ralentissement des achats. En revanche, les opérateurs italiens parlent de plus en plus d’import de viande. La question, aujourd’hui, est de savoir si les abattages de JB vont continuer à un bon rythme ou si cela pourrait venir perturber la demande en broutards français. »

Moins d'exportations vers l'Espagne

En Espagne, la situation est plus compliquée, puisque le marché du JB s'est très fortement dégradé depuis le début du confinement. Le pays assiste à des fortes baisses des abattages de JB et à un recul des prix. Entre les semaines 11 et 18, la France a exporté 7 900 bovins par semaine, un chiffre en baisse puisqu’il s’établissaiten moyenne à 9 500 par semaine en 2019. 

« D’après les échanges avec les exportateurs, dans les 7 900 bovins exportés par semaine, la part de veaux est en hausse, indique le chargé de projet. La hausse des veaux exportés s’explique par le fait qu’il y a beaucoup de veaux disponibles à l’exportation en France. »

Les exportations broutards français vers l’Espagne sont également plus faibles, car l’Espagne veut acheter à des prix bas. Actuellement, les importateurs espagnols – voyant le marché des JB se dégrader fortement – demandent à leurs fournisseurs français des baisses de prix qui ne sont pas forcément possibles, les prix des broutards français ne s'étant pas dégradé. 

Pas d'arrêt d'exportation vers les pays tiers

Toujours dans le bassin méditerranéen, les envois restent très concentrés vers l’Algérie. Depuis le début de la crise, il n’y a pas eu d’arrêt brutal des envois vers l'Algérie et vers les pays tiers. 

« Aujourd’hui, nous sommes confinés des deux côtés de la Méditerranée, ce qui génère de grosses difficultés logistiques, explique Germain Milet. Le plus gros problème que l’on rencontre avec l’Algérie n’est pas le confinement, c'est le nouveau cahier des charges pour les broutards qui limite le poids des animaux à 450 kg et à 14 mois, ainsi que celui équivalant pour les femelles laitières. »

Au mois d’avril, à cause des différentes difficultés logistiques, des bateaux ont été fortement retardés voire décalés au mois de mai. Par ailleurs, une incertitude liée à l’effondrement des cours du pétrole demeure et pourrait freiner les opérateurs algériens à faire venir des animaux français. 

Pas de baisse significative des cours dans les semaines à venir

Les cours des broutards se maintiennent grâce à une offre en baisse et à des exportations en hausse. « Au vu du contexte, nous pouvons penser à une demande des engraisseurs français en repli qui annoncerait une production de JB en baisse pour la fin de l’année et pour le début de l’année 2021 », émet Germain Milet.
Dès à présent, les cours des broutards vont entrer dans la période de hausse saisonnière des prix.

L’Idele appelle à la prudence : « Certes il faut s’attendre à une hausse des cours, mais elle sera sans doute moins importante que celle des années précédentes. En revanche, du fait d’une offre limitée, nous n’attendons pas de baisse significative des cours des broutards dans les semaines qui viennent. »

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