Partant du constat qu’il y avait des gaspillages énergétiques dans les élevages y compris dans des rations équilibrées, Arvalis et d’autres partenaires* ont créé le projet Eclat’maïs, mené entre 2018 et 2021. Ce projet s’est intéressé à la fois à l’éclatement des grains et à la taille des brins de maïs.
Brins longs et brins courts
Des essais concernant l’éclatement des grains et l’ensilage brins longs ont alors vu le jour pour comparer ces techniques à l’ensilage « conventionnel ».L’objectif d’un ensilage brins longs est d’avoir des grains pulvérisés, des tiges recoupées dans le sens de la longueur. Le but est alors une meilleure valorisation de la ration et une amélioration de la production de la santé des animaux.
« Pour réaliser un ensilage brins longs, les réglages de l’ensileuse se concentrent sur les rouleaux d’alimentation, les rotors de coupe et les rouleaux éclateurs. Entre les rouleaux éclateurs, la vitesse sera élevée de 40 à 50% pour l’un des rouleaux avec un rainurage en croix ce qui offre un cisaillement dans deux directions », détaille Anthony Uijttewaal, ingénieur fourrage Arvalis.
Concernant la compaction et la densité des silos, elle est équivalente ou légèrement inférieure pour l’ensilage en brins longs en comparaison à l’ensilage « conventionnel ». Côté conservation, les profils fermentaires sont semblables pour l’ensilage dit « conventionnel » et l’ensilage brins longs.
Les différents ensilages à l'essai sur 96 bovins
Pour juger de l’effet de l’éclatement des grains et de la taille des brins, deux essais ont été mis en place à la ferme de Saint-Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse.Deux crus de récolte ont été étudiés, la récolte 2019 et 2020, avec un maïs récolté à 35% de MS en moyenne et donné aux animaux un mois après l’ensilage.
« En 2019, le maïs était à 27,4% d’amidon et 0,83 UFV/kg de MS et en 2020, maïs plus pauvre, 22,3% d’amidon et 0,75 UFV/kg de MS », précise Hugo Chauveau, ingénieur fourrage chez Arvalis.
Des éclatements de 50 à 69
Concernant l’éclatement des grains, il était d’environ 50 pour la modalité brins courts, grains peu éclatés (E-), de 68 pour la modalité brins courts, grains très éclatés (E+) et de 69 pour la modalité brins longs, grains très éclatés (SCH). Ce maïs a été valorisé par trois lots de 16 bovins sur deux années (2019-2020 et 2020-2021).En 2020, la ration était composée d’ensilage de maïs (52%) pour moitié, d’orge (28%) et de tourteau de colza (19%) avec de la paille à disposition. En 2020, la ration se composait de 54% d’ensilage de maïs, 28% d’orge et 17% de tourteaux de colza.
Grains peu éclatés VS grains très éclatés
En comparant l’éclatement des grains en ensilage brins courts, on remarque que le GMQ en vif est supérieur de 110 g/J pour les grains très éclatés (E+) comparé aux grains moins éclatés (E-).Le bon éclatement des grains a permis un GMQ carcasse supérieur de 90 g/j soit +8%. Mais aussi une durée d’engraissement réduite d’environ 20 jours pour un même poids d’abattage sans effet sur les performances d’abattage. Au final, la marge sur coût alimentaire est en hausse en moyenne de 42€ par jeune bovin.
Brins courts VS brins longs
Concernant la longueur des brins, entre un brin court et un grain très éclaté (E+) et un brin long et grain très éclaté (SCH) on voit que le GMQ vif est inférieur de 90 g/J en brin long tout comme le GMQ carcasse qui est inférieur de 60 g/j par rapport au brin court.« Ces chiffres s’expliquent notamment par le fait que, sur la période de transition alimentaire de 35 jours, le GMQ en vif est inférieur de 200 g/j pour le maïs ensilage brins longs par rapport aux brins courts. Les jeunes bovins ont plus de mal à s’adapter à la taille des brins », indique Hugo Chauveau.
« Ces essais montrent que les préconisations historiques en matière de longueur de coupe ne sont pas démenties. Des brins de 8 à 10 mm rendu auge permettent de concilier qualité de conservation, ingestion et valorisation », précise Hugo Chauveau.
*Les partenaires du projet Eclat'maïs sont FranceAgriMer, Arvalis, Germ Services, l’Institut de l’Élevage, la ferme expérimentale des Trinottières et l’Inrae.
