Les marchés chahutés par le confinement

Dans les GMS, le confinement est favorable au secteur du frais comme à celui du surgelé. CP : François Pierrel.

Rares sont les produits de viande bovine à sortir leur épingle du jeu durant ce confinement... L’Institut de l’élevage fait le point.

Du fait de l'actualité, les marchés alimentaires sont très perturbés, et celui de la viande n’y échappe pas. Dans un webinaire organisé le 9 avril dernier, l’Institut de l’élevage a repris les chiffres du cabinet IRI. Ces derniers indiquent qu'entre la semaine du 9 au 21 mars, les surgelés, et notamment le steak haché, ont vu bondir leur chiffre d'affaires (jusqu’à plus de 120 %) en GMS et dans le secteur du e-commerce.

Dans le même temps, la restauration hors domicile (RHD) s’est effondrée de 70 à 80 % (les services de restauration en hôpitaux et en Ehpad n’ont, en revanche, pas été touchés). Selon Philippe Chotteau, responsable du service économique au sein de l'Institut de l'élevage, des pertes seront sans doute à déplorer. Le rachat des stocks de viande en RHD au début du confinement et le boum des achats des particuliers en GMS ne compensent pas la chute du marché en RHD.

De son côté, le frais a bien résisté. Il a même progressé de plus de 14 % en boucherie, quand la boulangerie et la poissonnerie chutaient d’environ 30 %. Les GMS ont également simplifié leur gamme pour se concentrer sur les produits essentiels, afin que les clients restent le moins possible en magasin. Ainsi, le veau de boucherie, qui ne fait pas partie de cette catégorie, a vu ses ventes s’effondrer. Par ailleurs, les promotions ont disparu.

Des chutes plus ou moins fortes des abattages

Pour les marchés spécifiques comme celui de l’agneau, la période est compliquée : les prix se sont effondrés et les ventes ont été en chute libre trois semaines avant Pâques. Elles se sont ensuite redressées grâce à la communication d’Interveb – incitant les Français à consommer de l’agneau – et aux grandes surfaces qui ont joué le jeu. En viande bovine, la situation est parfois tout aussi chaotique.

En 2017,  24 % de la consommation de la viande bovine étaient absorbés par la RHD, dont la moitié concernait de l’importation, rappelle Philippe Chotteau. 

Les abattages ont chuté de l’ordre de 10 à 12 % pour les vaches laitières de réforme et de 20 % pour celles de réforme viande. Les prix suivent la même tendance, mais pas pour tous les produits. Par exemple, les vaches U (les mieux conformées) sont moins impactées, leur prix a même augmenté de 8 centimes durant la dernière semaine de mars (source : FranceAgriMer). Dans le même temps, le cours des vaches O (les moins conformées) chute de 8 centimes.

Dans les semaines à venir, l’offre de vaches laitières de réforme va dépendre des industriels qui souhaitent baisser la production de lait pour enrayer la chute des prix. Par ailleurs, les abattoirs ne cherchent pas plus de vaches à abattre, même si la demande de steaks hachés augmente, explique Philippe Chotteau.   

La fermeture des fast-foods, gros demandeurs de vaches de réforme, impacte toute l’Europe et fait plonger les cours souvent plus fortement qu’en France. 

Toutefois, les prix à la consommation ne baissent pas, affirme Philippe Chotteau. Si le steak haché était revalorisé, cela profiterait à toute la filière.   

L’export vers l’Italie se maintient

Pour les jeunes bovins, le marché est très perturbé : après une baisse (jusqu’à 20 %) puis une hausse (pouvant atteindre 15 %), les abattages ont diminué de 4 % en un mois. Pour les jeunes bovins laitiers, la baisse est de 20 %, et les prix continuent de chuter (de 3 % à la fin mars). Le cours des broutards s'est, quant à lui, maintenu. Les exportations subissent également le confinement, mais les perturbations varient selon les pays. En Italie, les achats de jeunes bovins vivants français se maintiennent sur le mois, les importations en provenance de Pologne, d’Irlande étant à l’arrêt et ceux d’Allemagne s'avérant très perturbés.

Cette situation s’explique par le fait que nos relations avec l’Italie sont très étroites. Les Italiens préfèrent les viandes charolaises ou limousines plutôt que les jeunes bovins polonais. Et le produit abattu sur place est estampillé italien, analyse Philippe Chotteau.

En revanche, les livraisons vers l'Espagne de veaux et de broutards s’effondrent. Aussi, malgré les adaptations de sécurité sanitaire, les envois vers la Tunisie sont à l’arrêt et ceux vers l’Algérie sont plus limités, en raison notamment des difficultés financières rencontrées par le pays. Les membres de l'Union européenne subissent tous des perturbations plus ou moins importantes.

Enfin, qu’en sera-t-il en Pologne, par exemple, quand les abattages reprendront ? Le pays congèlera-t-il la viande ? Inondera-t-il le marché européen ou les pays tiers ? interpelle un participant au webinaire.   

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