La collecte laitière continuait de diminuer en janvier dans les principaux bassins exportateurs, indique l’Idele dans le dernier numéro de Tendances lait-viande : États-Unis, Nouvelle-Zélande, Australie, UE-27 et même Argentine, qui affichait pourtant un certain dynamisme ces derniers mois. En cause : les conditions climatiques sèches dans l’hémisphère Sud et sur la façade ouest des États-Unis, mais des coûts de production en hausse, partout dans le monde.
Ainsi, aux États-Unis, la collecte affiche une baisse d'1,6 % en janvier 2022 par rapport au même mois en 2021, la plus forte baisse mensuelle depuis mars 2004, selon l'Idele. En Nouvelle-Zélande, la production a décroché de plus de 6% par rapport à 2021, tout comme en Australie.
« Le déficit de pluie en est la principale raison. En Nouvelle-Zélande, l’indice de pousse des prairies était particulièrement bas au mois de janvier. Les pluies au mois de février pourraient avoir limité la poursuite de la chute, l’indice de pousse de l’herbe est ainsi remonté à des niveaux similaires à ceux des années précédentes ces derniers jours », explique l’Idele.
La baisse de la production pourrait s'accentuer en Argentine
De la même façon, les conditions climatiques ont impacté la collecte laitière argentine, qui recule de 1 % par rapport à 2021.« Selon OCLA, l’intensification de la production laitière en Argentine, qui conduit à limiter le pâturage extérieur et à augmenter le nombre de stabulation libre, a permis de mieux gérer cette vague de chaleur et donc d’en limiter l’impact sur la collecte. Toutefois, cette intensification se traduit aussi par une alimentation à base de maïs et de soja, donc une dépendance accrue au marché des grains, dont les prix ont bondi. La baisse des marges pourrait entraîner une baisse de production de 2% par rapport à 2021 sur le premier trimestre 2022, toujours selon OCLA », explique l’Idele.
Les collectes françaises, allemandes et néerlandaises continuent de chuter
La collecte de l’UE-27 a aussi reculé, pour le cinquième mois consécutif, avec -0,7% par rapport à 2021 et d'1,7% par rapport à janvier 2020.« La situation est la même que ces derniers mois, avec une baisse sensible des livraisons dans les principaux pays producteurs, partiellement compensée par la hausse des livraisons dans certains pays secondaires, dans lesquels la production reste dynamique", explique Idele.
Europe du Nord : + 30 % en un an des prix payés aux producteurs
« Cette conjoncture de baisse de production chez les principaux pays exportateurs entraîne mécaniquement une réduction des fabrications et principalement des disponibilités pour le débouché export, ce qui conduit à une très forte hausse des prix des commodités laitières. Dans ce contexte, les prix du lait payés au producteur augmentent également », détaille l’Institut technique.
« Cette progression est bien sûr liée à la flambée de la valorisation du lait transformé en beurre/poudre maigre qui a atteint 530 €/1 000 l fin février, estime l’Idele. Les pays de l’Europe du Nord, exportateurs d’ingrédients laitiers, voient leur prix bondir d’environ +30% sur un an : les Pays-Bas (450 €/t), le Danemark (437 €/t), la Belgique (457 €/t), l’Irlande (490 €/t) et l’Allemagne dont le prix payé atteint 430 €/t. La revalorisation des prix est moins spectaculaire dans les pays dont la production laitière est davantage tournée vers leur marché intérieur (+9 % /2021 en Espagne, +13% en France) ou vers la fabrication de fromages de garde (+11% en Italie). »
Le conflit en Ukraine pourrait impacter la production laitière
Cette augmentation du prix du lait n’a toutefois pas encore permis de relancer la collecte et les conséquences du conflit en Ukraine, notamment le renchérissement de l’aliment, pourraient impacter la reprise de la collecte. « Les pays du sud de l’Europe, Espagne et Italie en tête, sont particulièrement vulnérables à la flambée des coûts de l’aliment. Largement dépendants des exportations ukrainiennes pour leur alimentation animale, ils seraient même sujets à des risques de ruptures d’approvisionnement, qui pourraient obliger certains éleveurs à réduire leur cheptel », analyse l’Idele.