Organisée par le service d’élevage des chambres agriculture de Bretagne, un webinaire s’est tenu récemment afin de mettre en lumière les différentes possibilités de monotraite existantes. Isabelle Pailler, conseillère lait en agriculture biologique au sein de l’équipe herbivore dans le Finistère, présente quatre systèmes qui vont d’une monotraite hebdomadaire à plusieurs semaines dans l’année.
Supprimer une traite un soir de la semaine
La monotraite peut être réalisée en supprimant la traite du dimanche soir ou bien d’un autre soir dans la semaine. Dans cet exemple, réalisé par la chambre d’agriculture de la Loire-Atlantique, le fait de supprimer une traite un soir de la semaine entraîne une baisse de lait le jour donné de 3 à 7 %, puis un rebond de lactation le lendemain, accompagné d’une augmentation du TB de 0,5 g/kg et de 0,3 kg/kg de TP. De leur côté, les cellules augmentent sur les deux jours qui suivent la monotraite pour revenir au niveau initial ensuite.« Dans ce système, sur l’année, les vaches produisent environ 5 % de lait en moins et on observe une petite élévation des taux sans avoir d’effets notables sur la composition fine du lait », indique Isabelle Pailler.
Une traite par jour pendant une semaine
Un second essai, réalisé à Inra Monts Dore dans le Puy-de-Dôme, révèle qu’une monotraite d’une durée d’une semaine voit la production laitière diminuée de 25 %. À l’inverse, le TB augmente, tout comme les cellules qui passent de 53 000/ml dans le système deux traites par jour à 129 000 pour le système d’une traite par jour.
« En revanche, après l’expérimentation, en revenant à deux traites par jour, il n’y a pas d’effets significatifs sur la suite de la lactation », affirme la conseillère.
Comparaison d’une monotraite quotidienne sur une durée de 1 semaine :
| 2 traites par jour | 1 traite par jour | |
| Périodes expérimentales | ||
| Lait (kg/jour) | 32,2 | 24,2 |
| TB (g/kg) | 38,5 | 43,4 |
| TP (g/kg) | 31,3 | 31,3 |
| Cellules (x 1000/ml) | 53 | 129 |
| Périodes post expérimentales | ||
| Lait (kg/j) | 31,0 | 30,2 |
| TB (g/kg) | 38,7 | 39,4 |
| TP (g/kg) | 31,8 | 32,3 |
| Cellules (x1000/ml) | 65 | 70 |
Une monotraite sur une durée de 7 semaines
Après une monotraite sur une durée d’une semaine, l’Inra de Marcenat dans le Cantal a réalisé une étude qui porte sur 7 semaines. Cet essai a eu lieu en milieu de lactation, lorsque les vaches sont au pâturage. Une solution qui peut s’avérer économe en cas de manque de fourrage pendant un été sec. Cette étude met en lumière une baisse de production moins marquée pour la montbéliarde -15 % contre - 23 % pour la prim’holstein.Comparaison d’une monotraite quotidienne sur une durée de 7 semaines :
| Écart 1 traite – 2 traites | |
| Lait brut moyen (kg/jour) | - 4,1 soit -21 % |
| Lait brut (kg/jour) montbéliarde | - 15 % |
| Lait brut (kg/jour) prim’holstein | - 23 % |
| TB (g/kg) | + 3 % |
| TP (g/kg) | + 2,4 % |
| Cellules (x1000/ml) | + 18 |
Une traite par jour pendant 11 semaines
De son côté, la ferme expérimentale des Trinottières dans le Maine-et-Loire a expérimenté un système composé d’une traite par jour pendant 11 semaines en deuxième partie de lactation, lorsque les vaches sont également au pâturage.
« On constate un effet de baisse de la production de lait de 20 % pendant la période de monotraite avec un petit effet rémanence de - 3 % de la production de lait dans les 4 semaines qui ont suivi la fin de la monotraite », indique Isabelle Pailler.
Comparaison d’une monotraite quotidienne sur une durée de 11 semaines :
| Écart 1 traite – 2 traites | |
| Lait (kg/jour) | Entre 24 et 21 soit - 19 % |
| TP (g/kg) | + 1,8 |
| TB (g/kg) | + 0,4 |
Dans ce système, l’impact à l’échelle d’une année d’une monotraite sur 3 mois a un effet assez modéré. Avec 5 % de vaches présentes en plus dans le troupeau, il serait possible de produire le même volume de lait.
Retrouvez très prochainement nos articles sur les performances zootechniques et économiques de la monotraite ainsi que les conditions de sa réussite.
