La nécrose de la pince est une lésion dont on entend parler régulièrement depuis une dizaine d’années, de plus en plus fréquente, et qui peut parfois toucher 10 % d’animaux dans un troupeau. « C’est une lésion sournoise : elle est peu étendue à l’extérieur, mais l’est potentiellement dans l’onglon », expliquait Aurore Waché, de l’Institut de l’élevage, lors d’une journée technique dédiée aux boiteries des bovins en juin 2019. La nécrose de la pince est actuellement définie en France comme une lésion en galeries s’insinuant dans la profondeur de l’onglon, entre la corne et la troisième phalange, avec une atteinte du pododerme. Un pus gris foncé d’aspect souvent goudronneux, à l’odeur nauséabonde caractéristique (de type gangréneuse) est souvent observé. Lors d’une atteinte sévère, la troisième phalange peut être affectée.
La nécrose est caractérisée par trois niveaux de gravité : le niveau 1 correspond à une atteinte légère (corne nécrosée, pododerme faiblement atteint), le niveau 2 à une atteinte intermédiaire (corne nécrosée, atteinte plus profonde du pododerme), et le niveau 3 à à une atteinte profonde, avec nécrose de la troisième phalange (P3).
Comment apparaît-elle ?
Cette lésion peut apparaître dans diverses circonstances, après notamment une ouverture de ligne blanche (OLB) en pince à l’intérieur de laquelle entrent des matières fécales et des pathogènes environnementaux, d’où une surinfection du pododerme puis de la troisième phalange. Trois théories existent quant aux conditions d’apparition de la nécrose de la pince : un traumatisme de l’onglon (quel qu’il soit), une rupture de la vascularisation de la P3 (facteurs intrinsèques et extrinsèques) et une séquelle d’une lésion de fourbure.La boiterie, signe d’une atteinte
La lésion atteint plus fréquemment les postérieurs, mais peut également atteindre les antérieurs. Le plus souvent, un seul onglon est concerné, mais il est possible que plusieurs soient lésés. Les animaux atteints sont modérément à sévèrement boiteux. Lorsque la lésion est découverte, il convient de faire un bilan minutieux de la situation avec le vétérinaire pour envisager la conduite à tenir : importance du traitement ou réforme. Pour cela, il est nécessaire d’observer les pieds, la couronne, le membre dans sa totalité et l’état général de l’animal : degré d’extension de la lésion, atteinte de P3, nombre de pieds atteints de nécrose, âge de l’animal...Un parage régulier et de qualité
Compte tenu des procédures de traitement souvent lourdes, des mesures de prévention s’imposent pour limiter les cas de nécrose de la pince dans un troupeau. Il convient de détecter régulièrement et précocement toutes les vaches boiteuses et de les prendre en charge rapidement, de parer régulièrement et soigneusement les animaux en fonction des conditions et des pratiques d’élevage.Il faut aussi éviter les traumatismes du pied, détecter les lésions de dermatite digitée en face palmaire et dorsale, et enfin traiter les cas de dermatite digitée si celle-ci est endémique. Le maintien de sols propres, non humides et non abrasifs et la réduction de stations debout prolongées peuvent aussi aider à prévenir l’apparition de ces lésions douloureuses et difficiles à soigner.
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