Parler du travail, pour trouver des solutions

Une réunion de pilotage hebdomadaire peut aider à prendre du recul et à trouver des solutions. © S. Richard/Cniel
En agriculture, on parle assez peu de son travail et des difficultés qu’il présente. Pourtant, avec un métier aussi varié que celui d’éleveur, où les problématiques à gérer sont nombreuses, il pourrait être intéressant d’intégrer des temps de discussion autour du travail, en dehors des temps de repos. Ces moments serviraient à mieux piloter l’exploitation, à déjouer les conflits et tensions avant qu’ils ne soient trop ancrés et donc à vivre plus sereinement son travail, selon Josiane Voisin, ergonome.

Peu de métiers peuvent se targuer d’avoir autant de tâches différentes à accomplir que le métier d’agriculteur, d’éleveur. En plus, celles-ci varient au cours de l’année. En outre, un agriculteur possède souvent plusieurs casquettes qui sont généralement portées par des personnes différentes dans d’autres entreprises.

« Ils sont souvent à la fois directeur, c’est-à-dire en charge de la stratégie de l’entreprise, cadre, c’est-à-dire qu’ils mettent en musique la stratégie, en décidant par exemple de l’assolement ou en planifiant le travail à faire pour les salariés, mais aussi ouvrier, car ils réalisent le travail opérationnel de production », détaille Josiane Voisin, ergonome ayant travaillé en partenariat avec la MSA, notamment sur la production d’un film sur le travail en agriculture "Et si on parlait du travail ?".

Un métier diversifié, différentes casquettes, cela demande des compétences nombreuses.

« Un monde de taiseux »

Et pourtant, en agriculture, on parle peu de travail. On parle beaucoup de technique, mais peu du travail et des compétences qu’elle demande. « Il faut dire que l’on est dans un monde taiseux, on ne parle pas beaucoup de ce qui nous touche en agriculture, commente Josiane Voisin. Et puis, beaucoup d’agriculteurs ont suivi leurs parents à la ferme dès leur plus jeune âge, même si cela change maintenant car il y a de plus en plus de personnes non issues du milieu agricole qui s’installent. Alors, les enfants ont acquis des compétences par mimétisme, petit à petit. Finalement, ces compétences sont tellement incorporées, tellement naturelles, que l’on n’a même plus conscience que tout le monde ne sait pas le faire. On pense que le travail qu’il y a à accomplir sur la ferme est naturel, que cela va de soi, et que les nouvelles personnes qui arrivent sauront aussi ce qu’il y a à faire », ajoute-t-elle. Alors, puisque le travail est naturel, on n’en parle pas, surtout lorsqu’il s’agit de difficultés.

Une réunion par semaine pour échanger entre pairs

Ainsi, Josiane Voisin estime qu’il est important d’instaurer des temps pour parler du travail, d’autant plus lorsque les différentes personnes travaillant sur la ferme n’ont pas les mêmes responsabilités. « Car le travail que l’on ne pratique pas, on ne peut pas toujours se représenter ce qu’il demande, explique-t-elle. Je propose aux associés de prendre le temps, une fois par semaine, pour parler du travail entre eux, lors d’une vraie réunion avec un ordre du jour. » Ces réunions concerneront le pilotage de la ferme à proprement parler.

Ne pas empiéter sur les temps de repos

L’ergonome conseille de ne pas faire la réunion le soir, pour ne pas empiéter sur la vie privée, et surtout « pas pendant le temps de midi. Il y a trop de gens qui se pourrissent la vie à parler du travail pendant ce temps de repos ». Concrètement, de quoi parler pendant cette réunion ?

« On peut regarder ce qui a été fait dans la semaine, les difficultés rencontrées, ce qu’il y a à planifier la semaine suivante, quelles sont les réunions professionnelles ou formations auxquelles assister, parler des dossiers en cours, des factures ou des projets. Il s’agit de prendre du recul sur l’organisation globale de l’exploitation, son pilotage, partager les informations sur chacun des chantiers pour que tout le monde soit au même niveau d’information. Les décisions sont ainsi plus faciles à prendre, et tous les associés peuvent appréhender les contraintes mais aussi les réussites des autres. Souvent, quand ça ne marche plus entre associés, c’est que ce travail de partage dans le pilotage n’a pas été fait », confie l’ergonome.


 

L'intégralité de l'article d'Agathe Legendre est à retrouver dans le numéro de mars de Cultivar élevage.

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