Pas plus de vêlages difficiles à deux ans

La croissance un peu plus faible des veaux de génisses ayant vêlé à 2 ans peut être rattrapée par une complémentation plus importante avant sevrage. ©H.Flamant/Terroir Est
L’avancement de l’âge au premier vêlage est un levier d’amélioration des performances économiques et de réduction de l’impact environnemental, souvent mis en avant. Qu’en est-il réellement ? Comment mettre en pratique le vêlage à deux ans ? L’Idele a apporté des éléments de réponse lors de la conférence Grand angle viande du 17 novembre.

« Faire vêler précocement toutes les génisses reste une stratégie confidentielle : seuls 1,3 % des troupeaux font vêler à deux ans, 0,8 % entre 2 ans et 30 mois et 4,4 % autour de 30 mois. La moitié des troupeaux optent pour des génisses qui vêlent à trois ans. Pour comparaison, 38 % des élevages laitiers font vêler précocement leurs génisses », introduit Philippe Dimon, chef de projet à l’Institut de l’élevage.


Pour accompagner au mieux les éleveurs dans la mise en œuvre du vêlage précoce, la ferme de Jalogny a comparé pendant sept ans, une conduite de vêlage à deux ans et une conduite de vêlage à trois ans. Ce travail a été complété par l’analyse des pratiques d’éleveurs conduisant leur troupeau en vêlage deux ans depuis plusieurs années. Julien Renon, responsable de la ferme de Jalogny à la CDA 71, a résumé les principales recommandations.

Pour réussir la reproduction des génisses à 14-15 mois, il faut viser un poids minimum pour sécuriser la fécondation. La ferme de Jalogny a déterminé un poids seuil de 430 kg.

« Le piège est de vouloir accélérer la croissance pour atteindre 430 kg. Vouloir aller trop vite n’est pas une bonne chose, met en garde Julien Renon. Il faut viser un rythme de croissance régulier de 700 g/jour soit un gain de + 140 kg vifs le premier hiver grâce à une conduite alimentaire adaptée. »

Julien Renon se veut, par ailleurs rassurant.

« Il n’y a pas plus de vêlages difficiles à deux ans. Les veaux de génisses en vêlage deux ans sont un peu plus légers (41 kg en moyenne contre 45 kg pour un vêlage trois ans sur la ferme de Jalogny). La mortalité est aussi un peu plus élevée, surtout dans les 48 premières heures de vie, en lien avec le poids plus léger des veaux. À l’échelle d’un troupeau de 100 vêlages, l’impact du vêlage deux ans c’est un à deux veaux sevrés en moins », résume le responsable.

Identifier les freins et leviers

Par la suite, il y a peu d’écarts sur les résultats de reproduction.

« Après le premier vêlage, le taux de gestation des primipares ayant vêlé à deux ans est un peu inférieur à celles ayant vêlé à trois ans. Mais ensuite il n’y a plus de différence », assure Julien Renon, qui rappelle l’importance des conditions de vêlage sur la fertilité.

Par ailleurs, le vêlage deux ans a peu d’impact sur le poids des vaches adultes, « à condition de rester rigoureux sur les règles d’alimentation jusqu’à trois ans. On recommande aussi d’avancer le sevrage des veaux de primipares ayant vêlé à deux ans selon l’état des mères et les conditions herbagères ».

De simulations réalisées dans le cadre des projets Effiviande et Beef carbon ont permis de démontrer l’efficacité économique du vêlage deux ans grâce à une réduction des UGB improductifs, et des gains environnementaux grâce à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

« Mais, dans le cas où la réduction de l’âge au premier vêlage s’accompagne d’une augmentation du nombre de vêlages, il faut aussi résoudre la problématique travail lié à la progression du nombre de vêlages, alerte Philippe Dimon. La réduction de l’âge au premier vêlage est une piste d’intérêt en bovin viande. Mais avant de généraliser la pratique du vêlage à deux ans pour l’ensemble des génisses de renouvellement, il existe des stratégies intermédiaires : le vêlage 30 mois, en double période de vêlage, ou le vêlage deux ans uniquement sur une partie des génisses, triées sur leur développement. »

Des travaux restent encore à conduire : creuser le lien entre la précocité sexuelle et le développement, améliorer l’efficience alimentaire, et évaluer finement l’intérêt et la faisabilité de la pratique du vêlage précoce en fonction des périodes de vêlages.

« Il faut identifier les freins et les leviers pour une généralisation auprès des éleveurs », conclut Philippe Dimon.

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